On a connu le voyage
On a connu le voyage
On a marché sur le sol hérissé de bosses et de creux, parcouru de pleins et de déliés. On a connu l’eau que, bientôt la chaleur dissipera. On a connu la flaque. Bientôt elle deviendra mémoire du sol jusqu’à son prochain ressourcement. On a connu la longue plage qui ne semble finir, la falaise de mica qui la borde. On a connu le voyage des nomades qui n’est plus qu’une utopie se fondant dans les collines de dunes, ces illisibles contrées semées de signes dont nous ne connaîtrons jamais les significations secrètes. On s’est connu jusqu’à l’excès ou bien la douleur. On a vécu au rythme de cet espace qui, aussi bien, n’aurait pu recevoir de nom. Il en est ainsi des paysages essentiels. Leur présence suffit. Nommer est déjà limiter, circonscrire, répertorier, archiver dans l’étroitesse d’un prédicat. Liberté (entendez « Désert ») est d’un autre ordre. L’illimité ne saurait avoir de frontières.
Bientôt le jour baissera. Les ombres grandiront. Le froid gagnera. On se glissera dans son sac de couchage, sous la veille attentive des étoiles. On deviendra nomade invisible à la recherche d’un chemin où graver ses pas. Que le sable effacera. Le chergui a sa loi qui n’est pas la nôtre. Sa brûlure, sa puissance inclinent à plus de modestie. Désert est exigence ou n’est pas.
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