Réponse du maître 1
Écrite par @Marquis de Corbeau-de-Vaulserre@
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Très cher Apprenti,
Je reçois ainsi votre lettre quelque peu décontenancé, de la patte d'un chat !
Certes vous êtes extravagant et cela me plaît ! J'ai toujours voulu discuter avec un chat, mais vous êtes comme un humain à lire des classiques fantastiques, à écrire... En tant que chat, je vous comprends tellement, moi aussi avant les auteurs m'importaient peu, mais les thématiques de certains donnent à aller voir par-ci par-là vers des auteurs semblables qui vous rempliront la panse. Essayez, vous même serez surpris !
Je ne sais si je pourrais déjà vous conseiller en lectures, je ne vous connais pas assez, mais cela me touche que vous me fassiez confiance et que vous me remettiez vos confusions et interrogations.
Cela dit je vais essayer comme je peux de vous dire mes vérités sur ce qui nous taraude nous écrivaillons (oubliez le terme péjoratif, voyez au travers, voyez le papillon) humains comme chats parlants, vous êtes comme nous humains et personne ne peut vous réduire à un animal domestique, vous avez le verbe et le caractère de vous défaire des préjugés. Griffez et vous verrez. Les gens fuient les coups de pattes, même ceux insignifiants, la peur guette sur tout. La peur du conflit vous donne cette qualité suprême de vous défendre : vous et votre lopin d'écrits.
« Apprends à saisir et tenir. », souvenez-vous de cette sentence.
Ancre jetée sur la plage d'une île, le temps d'une recherche, le temps d'un tour, le temps d'un bronzage, le temps d'un abordage. À l'écart de la dispersion, loin des distractions du marché, loin de l'agitation des marchands, des intrigants. Isolé, bien loin de l'oreille du tyran. Bien loin des vitesses superflues, des cadences frénétiques, politique à mœurs, d'humains nous semblant être Dieu parmi les vers – qui sont au semblant nos frères. La pudeur leur a fait croire que la nudité est la faiblesse, par nature désarmé l'homme est animal inadapté à la survie en un monde qui ne voulait le voir grandir par lui-même en créature satanique, en âme de la connaissance.
Selon le corbeau que je suis, nos instincts, d'animal trop humain, ont été corrompus et nous avons peur et doutons de ce qui est naturel. Alors que nos faiblesses, sans doute, sont nos meilleurs atouts pour l'expression de nos tourments intérieurs. Alors s'il-vous-plaît, n'oubliez pas que nous ne sommes pas de bêtes humains, n'oubliez pas notre nature profonde, celle qui se bat vaille que vaille.
Douter est une remise en question, une suspension de notre jugement quant à notre être en mouvement, une détestation soudaine de ce qu'on est et de ce qu'on devient ; qu'on se métamorphose ou qu'on dévale la pente en s'embourbant. Il faut savoir, ou mieux ignorer nos complexités, courir et sauter en avant sans se préoccuper de si on se foulera la cheville ou non. A-t-on peur de trébucher à chaque fois que l'on marche ?
Ne contemplez pas la montagne les bras ballants et la mine défaite à chaque tournant, la montée n'en sera que plus pénible. Avancez par degré, tournant par tournant, et votre peine sera promenade de santé, ascension naturelle.
J'en arrive au bout de mon papier. Je vous remercie grandement de votre généreux partage. Je vous répondrai avec tout le cœur que je puisse y verser. N'hésitez pas à joindre à votre lettre un morceau de vos écrits je n'ai pas pu tout comprendre quand vous avez cité deux de vos œuvres. Du reste j'aime votre sincérité et j'ai fait ce que j'ai pu pour vous satisfaire de mes quelques connaissances et savoirs que j'ai pu saisir à force d'expériences. Avec plaisir encore je vous répondrai, cela m'est aussi bénéfique qu'à vous, je l'espère. « Apprends à saisir et tenir. »
Avec toute ma sympathie, Marquis de Corbeau-de-Vaulserre.
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