Cher Corbeau,

Ami, je suis dans une étrange situation. Non, c'est moins ... ou plus que cela.
Voilà que cela recommence... Je griffonne des énigmes.
Comment être clair ?
Je suis heureux mais distant de ce bonheur que je pense éphémère. J'aimerais au plus profond de mon être laisser l'optimisme me noyer dans une mer d'acceptation et de rêves éveillés, mais je ne peux me résoudre à voir la vie autrement qu'en gris.
Plus je vieille, plus je m'éloigne du monde et de mes émotions. Je ne saurais pas vraiment l'expliquer, ni même le mimer. Seulement, c'est là. Ça se niche dans mon âme, comme une indécision qui n'en finira jamais.
Vous souvenez-vous de ce que j'ai pu vous dire dans mon dernier courrier. J'ai écrit deux nouveaux récits : pendu à tes lèvres et la saga Roi de sang, Roi de neige.
Je suis en phase de correction et ais commencé la diffusion sur une plateforme : plume d'argent. Les commentaires qui tapissent le mur blanc, sont de bonnes critiques. Très bonnes. Pourtant, je ne peux m'empêcher de garder du recul sur celles-ci. J'ai peur... Oui ! La peur me parcourt inéluctablement. Elle sillonne sous ma peau, dans les broderies de mon cœur. Elle s'est installée un jour en moi et comme ma chair, elle ne m'a jamais quitté. J'imagine qu'elle m'entourera toute ma vie. L'incertitude avec elle...
Je vous l'avoue, la frustration est au rendez-vous.
Je ressens parfois l'envie de ma battre pour punir ce besoin d'être insatisfait !

Qu'en pensez-vous ? Est-ce qu'un jour, je saurais m'en guérir ?

Bien à vous, votre ami NocMyst.

Ps: Comment vous portez-vous ? J'attends la suite de votre thèse sur Lovecraft, j'ai appris tellement en lisant le début. Vos mots me font vibrer de jalousie ! Je suis inqualifiable.

J'aimerais poursuivre notre correspondance, si cela vous conviens.