Je suis l'arbre
Je suis l’arbre
Le tout premier d’entre tous
Aucun autre n’existait avant moi
Mes racines se sont répandues jusqu’aux confins de la Terre
Je suis partout et nulle part
J’étais là bien avant votre naissance
Je suis votre mémoire oubliée
Ma sève est votre sang
Mon écorce est votre peau
Invisible à vos yeux et à votre âme
Vous n’entendez pas mes respirations
Pourtant, vous me touchez
Vous ne savez pas qui vous êtes vraiment
Vous ne connaissez pas votre véritable origine
Convaincus que vos ancêtres sont nés sur Terre
Vous ignorez qu’avant vous, une civilisation, la plus grande d’entre toutes, vous a précédé
« J'ai vu tant de choses, que vous, humains, ne pourriez pas croire »
L’âge d’or tant fantasmé
Je l’ai vu exister
Ceci pendant plusieurs milliers d’années
Un âge d’or où la Nature et l’Homme ne faisaient qu’un
Mais l’univers est inconstant
Quand la terre a tremblé du feu de ses entrailles
Ils sont repartis comme ils sont arrivés
Dans une dimension que je ne connais pas
Allez savoir pourquoi, j’ai survécu
Ni le feu ni la glace n’ont eu d’emprise sur moi
Mes racines sont restées accrochées à la vie malgré ma grande solitude
Du premier peuple
J’ai cru qu’il ne restait aucune trace
Comme s’ils n’avaient jamais existé
Les plantes, les animaux, leurs constructions, leurs objets, tout avait disparu
Mais pas complètement
Le monde a repris vie, je ne sais plus en combien de temps
Je suis un arbre de plusieurs milliards d’années
Le temps n’a pas la même signification pour moi que pour les humains
Le monde était différent
Plus violent, plus dur
Un monde bancal
J’en étais le témoin impuissant
J’ai compris plus tard, que la Terre essayait de renaître de ses cendres
Qu’elle n’avait réussi qu’à établir une pâle copie de ce qu’elle avait été
Vous alliez devenir les Homo sapiens et suivre votre propre évolution
Avant de devenir les Hommes que vous êtes aujourd’hui
Et vous rapprocher de vos ancêtres lointains
Sans jamais atteindre la sagesse des Premiers Nés
Vos esprits semblent bridés
Vous êtes capables des pires atrocités comme d’un courage extraordinaire
De rédemption, parfois
Certains d’entre vous croient en un Dieu
Mais aucun n’est capable de concevoir qui il est vraiment
Alors vous avez créé les religions pour vous rassurer
Face à une mort inéluctable
Parfois, je vous vois frôler la vérité pour vous en éloigner encore plus
Vous souffrez de traumatismes et de peurs
D’un attachement si puissant
Je vous observe vous débattre
A vouloir posséder à tout prix
Peut-être qu’un jour votre esprit sera assez grand pour comprendre
Peut-être que vous finirez par renouer avec celle qui vous a donné la vie
Cette mère Nature, si protectrice et splendide
Ou peut-être que vous vous éteindrez et renaîtrez, dans un perpétuel recommencement
J’ai beau avoir toutes ces années, j’ignore tout de votre avenir
Il m’arrive de vous détester pour toutes les injustices dont vous êtes la cause
De vous détester quand je vois que les erreurs du passé ne vous servent à rien
Quand vous faites subir à vos semblables des souffrances insoutenables
J’aimerais que la nature reprenne ses droits et chasse les destructeurs que vous êtes de la surface de la Terre
Je comprends alors que j’ai moi-même changé car je n’ai jamais éprouvé de telle colère
Est-ce l’air que nous respirons qui nous rends ainsi ?
Pourtant, au milieu de ce chaos, je vois certains d’entre vous pleins de bonne volonté
J’aimerais que vous écoutiez votre cœur et compreniez que si vous retrouviez la raison
L’âge d’or perdu se répandrait sur toute la surface de la Terre
Mais tout est inconstance
Les animaux, les plantes, les océans et les montagnes le savent
Vous humains, ne voyez rien
Vous ne voyez pas que la Terre est prête à exploser
THE END
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