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Ils se promenaient dans le parc, au bord du lac. C’était devenu leur lieu préféré, l’endroit où ils se rendaient dès qu’ils sortaient. Ils marchaient en silence, profitant des derniers jours de soleil. Le froid s’installait peu à peu, par touches ; mais il faisait encore assez chaud pour aller dehors sans manteau. Une brise fraîche agitait les branches des arbres enflammés perdant leurs feuilles. La forêt marquait la frontière du parc ; il n’y avait pas de mur pour empêcher les étudiants de sortir, personne ne dépassait jamais la limite des arbres.
Alors qu’ils marchaient d’un pas tranquille Tōru sentit une vibration parcourir chacun de ses os. Il savait ce que cela signifiait. Il se raidit pour tenter d’enrayer la douleur qui le prenait lentement, mais il savait bien que cela ne lui serait d’aucune utilité. Un éclair de souffrance lui parcourut le corps. Il se figea et une exclamation lui échappa.
« Tōru ? »
Le jeune garçon ne fut pas en mesure de répondre. Un autre éclair fusa et il tomba brusquement à genoux.
« Tōru ! »
Mais il n’entendait plus rien. Son regard se voila, sur ses traits se lisait une souffrance intense. Au moment où Sei voulut se rapprocher, une nuée noire l’entoura. L’étudiant y avança sa main dans l’espoir d’atteindre son ami mais il ne sentit qu’un froid glacial. Il eut un mouvement de recul. Puis tout fut terminé, la brume sombre disparut. Le garçon gisait au sol, inconscient.
« Tōru ! s’exclama à nouveau l’étudiant en s’agenouillant à côté de lui. Tu m’entends ? »
Mais il ne suscita aucune réaction. Il inspira profondément afin de retrouver son calme. Tout ce qu’il pouvait faire pour l’instant était lui prodiguer des soins. Il posa la main sur l’épaule de son ami et incanta. Aussitôt, une lueur blanche illumina sa main. Il avait découvert très tôt qu’il était un pharmakon, c’est-à-dire que ses compétences étaient particulièrement développées en matière de guérison. Il pouvait sentir les fonctions vitales du garçon, faibles mais actives, et entendait sa légère respiration laborieuse. Au bout d’une minute environ, il ouvrit enfin les yeux.
« Tōru ! Tu m’as fait une de ces peurs ! s’écria l’étudiant en le serrant dans ses bras.
- Sei, tu m’étouffes !
- Désolé, c’est l’émotion. » s’excusa-t-il en le lâchant.
Tōru resta un instant assis, légèrement désorienté, puis Sei l’aida à se relever.
« Rassure-moi, tu n’as prévenu personne ?
- Non, mais un peu plus et j’allais le faire ! Que s’est-il passé ?
- Ça m’arrive… parfois. Ne te fais pas de soucis. »
Sei comprit qu’il ne fallait pas insister. Il demanda tout de même :
« Que faut-il faire dans ces cas-là ?
- Rien. Attendre que ça passe.
- J’ai le droit de m’inquiéter ? »
Pour la première fois, Tōru sourit d’un air amusé.
« J’imagine que je ne peux pas t’en empêcher. Ah, et, s’il te plaît, ne raconte rien à personne.
- Tu peux compter sur moi. »
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