18
Un mois s’était écoulé depuis l’Examen. Une Assemblée avait été convoquée pour la remise des diplômes.
« Je suis nerveux. déclara Sei.
- Je pense que tu n’as pas de soucis à te faire. répondit Tōru.
- Quand même, imagine si…
- Mes capacités imaginatives sont un peu limitées à ce sujet. » plaisanta son ami.
Sei soupira, à la fois amusé et inquiet.
La Présidente fit un bref discours, puis procéda à l’appel des étudiants un à un. Chaque fois qu’elle citait un nom, elle donnait les notes d’examen pratique et théorique et annonçait s’il était reçu. Le système de notation était sur mille points et il fallait en avoir au moins six cents pour réussir. Il y en avait cinq cents pour chaque examen.
« Tanaka Sei, pratique : quatre cent quatre-vingt-seize, théorie : quatre cent quatre-vingts ; reçu. »
L’étudiant soupira de soulagement.
« Tu vois, dit Tōru, tu n’avais aucune raison de te faire du souci.
- J’ai perdu des points à l’écrit de théorie. Enfin, je reconnais m’en être sorti assez honorablement. »
Puis vint le tour du jeune élève.
« Isobe Tōru, pratique : cinq cents, théorie : cinq cents ; reçu. »
Sei se tourna vers lui.
« Impressionnant ! le félicita-t-il.
- Les autres vont intensifier leurs moqueries. répondit Tōru laconiquement.
- Ne vas pas me dire que tu n’es pas content.
- Mon bonheur importe peu. J’ai un objectif, je me donne les moyens d’y parvenir.
- C’est-à-dire ? »
Je vais m’enfuir d’ici. dit la voix de son ami dans sa tête.
Sei lui jeta un regard surpris.
« Comment est-ce que tu fais ça ?
- Pense à ta réponse. J’ai appris cela tout seul. On ne l’enseigne qu’en troisième année. »
Que comptes-tu faire ? demanda l’étudiant mentalement.
Je ne sais pas encore. Mais si j’étudie suffisamment, je parviendrai à me libérer de leur emprise.
Auras-tu besoin d’aide ?
Je ne veux pas te mettre en danger.
À ce moment, la Présidente prononça la phrase rituelle :
« Je déclare terminée cette Assemblée ! »
Les élèves se dispersèrent, certains arborant un sourire triomphant et d’autres une mine défaite. Sei et Tōru se dirigèrent vers le dortoir. Ils y croisèrent Marco et Lee. Le premier réconfortait le second, qui n’avait pas été reçu.
« Isobe ! l’interpela Lee. Félicitations, tu es le premier historiquement à avoir obtenu le maximum des points.
- Ah.
- Que signifie cette réaction ? Tu n’es pas heureux ?
- Crois-moi, je t’aurais volontiers cédé la totalité de mes points.
- Toi alors ! Tu es vraiment exceptionnel.
- N’est-ce pas mon surnom ‘‘l’Exception’’ ?
- D’ailleurs, tu en as gagné un nouveau au cours des Examens : ‘‘le Chasseur’’. »
Tōru haussa les épaules. Peu lui importait ce que les autres disaient de lui, il ne cherchait pas à trouver grâce à leurs yeux. Et il considérait sa situation comme temporaire, dès qu’il aurait trouvé un moyen de s’enfuir il abandonnerait cet endroit sans la moindre hésitation. Même si son entente n’était pas mauvaise avec certains, leurs chemins se sépareraient définitivement et ses souvenirs d’eux s’effaceraient. Le seul point sur lequel il n’arrivait pas à se décider était ses liens avec Sei...
« Enfin, conclut Lee, bon courage pour la suite. Il ne me reste plus qu’à faire mes bagages. Le dortoir va vous sembler bien vide après notre départ.
- Bonne chance.
- Tu en auras plus besoin que moi.
- Tu fais référence à la rumeur ?
- Oui. Rien n’est certain, mais... Sur ce, je vais finir mes préparatifs.
- Au revoir. »
Tout en répondant presque machinalement, l’élève se fit l’étrange réflexion que pour le moment c’étaient les autres qui partaient tandis qu’il restait ici. Ils se séparèrent sur ces mots. Tōru alla jusqu’à son lit et s’y assit, pensif. Sei resta debout à côté.
« Alors toi aussi tu es au courant pour la rumeur ? commença ce dernier.
- Était-ce un constat ou une question ?
- Les deux.
- J’en ai entendu parler, mais ce n’est qu’un on-dit.
- J’espère que tu as raison. Car si cela se vérifie et que ceux qui sont reçus doivent passer un deuxième Examen… bref, n’y pensons plus. La réponse viendra bien assez tôt, si réponse il y a. »
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