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« Et maintenant, passons à autre chose. »
Les trois Chasseurs restant à leur domicile s'étaient réunis au deuxième étage, dans le bureau du Lieutenant.
« Mais, Nikita, demanda Gavriil, as-tu parlé à l'Empereur de... ça ?
- Pas encore. Chaque chose en son temps.
- Et que comptes-tu lui dire ?
- J'en fais mon affaire.
- Loin de moi l'idée de douter de toi, mais il ne s'agit pas ici d'un problème commun. Notre... altercation de l'autre jour n'est pas passée inaperçue et on commence à se poser des questions à l'Académie. D'abord cet événement nocturne, puis la disparition de deux élèves assez connus...
- Gavriil. l'interrompit le Lieutenant d'un ton menaçant. Écoute, si je le voulais, je règnerais sur cet Empire. Ni le Général, ni l'Empereur ne sont à même de se mesurer à moi, et je ne les ai pas évincés uniquement parce qu'ils me sont utiles. Alors, sérieusement, l'explication de ces petits désagréments n'est pas un problème. »
Il y eut un silence. Nikita soupira. Cela lui arrivait très rarement. Il se tourna vers l'autre Chasseur. Il avait pour habitude de toujours consulter ses hommes lorsqu'un cas exceptionnel se présentait ; et n'allait pas déroger à la règle. Même si pour l’instant il aurait préféré passer à autre chose.
« Desya, quel est ton avis sur la question ? »
Un flot de sensations et d'images parfois contradictoires se déversa dans l'esprit des deux autres Chasseurs.
« Je t'ai déjà dit d'utiliser des mots pour t'exprimer. reprit le Lieutenant. Comment veux-tu être clair sinon ? »
Un unique mot fit suite à cette remarque dans l'esprit de Nikita et Gavriil.
Certes.
« Mais encore ? » s'enquit le Lieutenant, agacé.
Pour toute réponse, le jeune Chasseur haussa les épaules. Nikita soupira pour la deuxième fois.
« Attend un instant, dit Gavriil, peux-tu m'expliquer ceci ? »
Une image que lui avait communiqué le Chasseur muet l'intriguait particulièrement. Il la lui renvoya. Un cerisier. Desya ne répondit rien, se contentant de le fixer d'un air indéchiffrable. Gavriil reprit :
« Et moi qui pensais que tu avais réussi à reléguer ta sensibilité là où elle ne ressurgirait pas. Comment veux-tu accomplir correctement ton devoir si tu te laisses ainsi déconcentrer...
- Cela suffit. » intervint le Lieutenant.
Le Chasseur s'interrompit.
« Arrêtons-nous là pour l'instant, poursuivit leur chef, et retournez à vos activités. Nous reverrons ça lorsque Sergey et Pavel auront du nouveau. »
Les deux autres Chasseurs quittèrent la pièce.
« Un cerisier, quand même... » continua Gavriil une fois qu'ils furent sortis, d'un ton où l'on pouvait déceler une pointe de moquerie.
Va retrouver tes livres. répliqua Desya, de mauvaise humeur.
Sur ces mots, il partit dans une autre direction. Gavriil le regarda s'éloigner, esquissant un sourire amusé.
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