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Elle ne parvenait pas à s’endormir. Des pensées tournoyaient dans sa tête, ne lui laissant aucun répit. D’une part la situation et de l’autre le souci de son frère l’empêchaient de se reposer. Avec un soupir, elle s’assit et repoussa ses couvertures. Elle regarda Sei qui dormait dans le lit d’à côté ; ils avaient parlé un peu puis il n’avait pas tardé à s’assoupir. Qu’il s’endorme aussi facilement l’avait surprise mais c’était peut-être le contrecoup des émotions. Cependant elle avait remarqué qu’il était d’une nature assez tranquille, rien ne pouvait l’inquiéter vraiment. D’un optimisme résolu, il voyait toujours le bon côté des choses.
Malgré sa lassitude elle décida de se lever. Ses pieds entrèrent en contact avec le sol froid et elle frissonna avant de quitter la chambre sans bruit. Elle entrouvrit la porte et se glissa à l’extérieur puis referma précautionneusement. Une fois dans le jardin intérieur elle alla s’installer sur le rebord de la fontaine. Les fleurs nocturnes exhalaient un parfum marqué, les étoiles scintillaient doucement au-dessus d’elle. Elle se fit attentive. Depuis une fenêtre du deuxième étage s’échappaient les accords d’une harpe. Intriguée, elle tenta sans succès de déterminer laquelle. Elle ignorait que les Chasseurs jouaient d’un instrument. C’était une mélodie simple et calme, semblant inviter à la contemplation. Les notes s’enroulaient, dérivant un instant dans les airs avant de s’évanouir dans le silence de la nuit. Une légère brise agita les branches des arbres, emportant quelques fleurs, et faisant onduler légèrement ses cheveux lâchés. On aurait dit un infime soupir. Un instant, elle s’imagina qu’elle était ailleurs, en sécurité. Mais la réalité ne la laissait pas s’évader, même en pensées. La poésie de l’instant avait cessé, la musique s’était arrêtée. Une lumière s’éteignit à une fenêtre.
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