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Durant les heures que Tōru passait seul, il lui arrivait de se questionner sur divers sujets, pour tromper son attente. Il en était venu à réfléchir sur la culpabilité des différents acteurs du drame qui s’était joué quatre ans plus tôt. Pendant longtemps, même lorsqu’il était amnésique, il avait blâmé les Chasseurs. Cependant, après avoir entendu les récits successifs de sa sœur et de l’Empereur, il avait découvert que la réalité était plus complexe qu’il n’y paraissait. Non pas qu’il ait voulu innocenter le Lieutenant et ses subordonnés, c’étaient tout de même eux qui avaient versé le sang de ses parents, mais il ne pouvait nier qu’ils n’avaient pas tué de leur propre initiative. Il soupçonnait cependant que la situation avait échappé à tout contrôle, ce pourquoi elle s’était conclue si tragiquement. Normalement, suivant les procédures, son père aurait dû être arrêté et emmené ailleurs avant d’être exécuté. De même, sa mère aurait dû rester en vie, et demeurer avec ses enfants. Il se demandait d’ailleurs pourquoi sa sœur et lui avaient été séparés. Il aurait été logique qu’il parte avec elle au palais, surtout s’il avait été si gravement blessé. Pourquoi l’Empereur avait-il donné son accord pour que le Lieutenant le forme ? Et pourquoi ce dernier n’avait-il pas laissé le choix à celui qu’il ‘‘recueillait’’ ? Tous les autres Chasseurs, même si leur chef les avait sélectionnés, avaient pu accepter ou refuser de le rejoindre. Même Desya, qui n’était pas passé par l’Académie Impériale, et n’avait que dix ans à l’époque. Connaissant Nikita, il se doutait qu’il avait dû faire usage de son influence pour régler la situation à sa manière. Après tout, si Tōru avait été en mesure de lui échapper alors, il aurait pu servir aux opposants du Lieutenant.

Beaucoup de questions demeuraient en suspens, et il n’était pas sûr de vouloir en connaître la réponse. Il avait tout de même une certitude : l’origine du problème se trouvait à la cour. Si les ennemis de son père n’avaient pas réussi à le faire chuter, si l’Empereur n’avait pas cédé… Il ne savait pas s’il devait lui en vouloir, mais dans le doute préférait éviter de s’enfermer dans le ressentiment. À sa place il n’aurait sûrement pas fait mieux. Cette histoire était si compliquée.

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