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« Où étais-tu ? » demanda-t-il lorsqu’elle entra dans la pièce.
Elle haussa les épaules, mais ce geste même était chez elle teinté d’élégance. Il reprit :
« Demain, il faudra que je te montre quelque chose.
- Toi aussi ?
- Comment ça, moi aussi ?
- Rien.
- Je vois, sourit-il, tu pactises avec l’ennemi.
- Mais bien sûr.
- Dans ce cas, continua-t-il dans le même jeu, que faisais-tu ?
- La curiosité est un vilain défaut. » s’amusa-t-elle.
Elle prit son livre sur sa table de nuit et s’assit sur son lit.
« Je pense que cette sentence s’adressait plutôt à une dénommée Sakura Otsuka ici présente, repartit-il, qui l’a si bien démontrée à de nombreuses reprises.
- Il me semble qu’un certain Sei Tanaka ferait mieux de prendre en considération cette remarque car il n’est pas en reste pour l’illustrer par bien des exemples. répliqua-t-elle avec amusement.
- Mais bien sûr.
- C’était ma réplique. »
Il esquissa un demi-sourire.
« Je pense qu’un jour, je devrais faire ton portrait.
- Tu dis ça pour m’embêter, avoue-le.
- Un peu. Mais aussi parce que je le pense.
- Je t’ai déjà dit que je n’en avais pas envie. Et puis tu ne sais pas peindre.
- Non, mais tu ne peux nier que je m’en sors assez honorablement au crayon.
- Je le concède. Mais jusqu’alors, je ne t’ai vu dessiner autre chose que des animaux ou des créatures imaginaires.
- Tu esquives un peu.
- Oui.
- D’ailleurs, pourquoi as-tu parlé de peinture ?
- Pour esquiver. Et par pitié, ajouta-t-elle, ne me redemande pas pour la cinquantième fois pourquoi je ne veux pas qu’on fasse mon portrait. Je n’ai pas le courage de le réexpliquer.
- J’ai compté, plaisanta-t-il, cela ne fait que dix. Tu exagères donc.
- Le résultat est le même. »
Il prit un air énigmatique.
« Si tu me dis ne pas vouloir que je fasse ton portrait, pourquoi avoir laissé un autre le faire ?
- Quoi ? »
Il ne put s’empêcher d’avoir l’air amusé en voyant son expression surprise.
« Explique. dit-elle.
- Je pensais que tu savais.
- Arrête de jouer ainsi et viens-en au fait.
- Aujourd’hui, dans la bibliothèque, j’ai trouvé une aquarelle oubliée sur une table. Je te laisse deviner qui y était peint. »
Elle ne répondit rien mais son expression devint songeuse.
« Je ne comprends pas. déclara-t-elle finalement.
- Peut-être as-tu une sœur jumelle cachée qui vit près d’ici, qui sait ?
- Très amusant. Personne ne vit près d’ici. »
Il y eut un silence.
« Au fait, demanda-t-elle, as-tu fait sciemment arriver la conversation à ce point ?
- Non, j’ai simplement suivi le fil des mots. »
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