Un moi chargé d'émois.

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A l'instant où mes doigts courent et pianotent sur le clavier de l'ordinateur, je prends une profonde inspiration et je savoure cette sérénité qui est mienne. Cette joie, ce sourire que j'offre à quiconque passe près de moi. Un sourire pour ouvrir des portes et créer la magie d'un échange, un sourire pour aller vers l'autre, un sourire retrouvé après tous ces instants difficiles où ma vie craquelait sous le poids des épreuves.

Je me sens bien.

J'ai deux anges gardiens au-dessus de moi, je sais qu'ils veillent sur moi, ils m'envoient la force dont j'ai besoin les jours où je sens que je vacille. Ils sont là, près de moi, pour m'accompagner sur ce chemin de vie, depuis cet instant où la vie les a forcés à me lâcher la main. Je n'étais pas prête, mais qui l'est ? Qui est prêt à être fracassé ? Qui est prêt à voir se fermer les yeux du prince qu'on a épousé ? Qui est prêt à boire, jusqu'à étouffer, le sirop amer des larmes ? Qui est prêt à ramasser les morceaux de son cœur brisé ? Qui est prêt à voir sous ses yeux la douleur intense de ses enfants à qui on enlève un père ? Personne n'est prêt à ça, et pourtant, ça arrive. Et quand ça arrive, on se sent assommé, on est fracassé, on reçoit la dramatique annonce et on fait face, du mieux qu'on peut.

J'ai fait ça.

J'ai fait de mon mieux, j'ai avancé, j'ai pris sous mon aile, mes trois petits loulous abîmés, et j'ai avancé, petits pas par petits pas, arrosant notre chemin de nos larmes, le fleurissant parfois de nos sourires et de nos petits délires pleins d'hilarité, nos petits moments de vie, alors que nous n'aurions pu ne plus en avoir.

Nous avons avancé.

Nous avons vacillé, souvent, nous avons pleuré, souvent, mais nous avons su y croire, nous avons fait de notre mieux. Nous avons déposé notre peine chez quelques proches, avec l'intense croyance qu'ils allaient nous aider à porter ce fardeau trop lourd pour nous. Partager sa peine, c'est aussi diminuer le poids de ce qu'on a à porter. Je n'ai jamais été seule, j'ai été entourée, bien entourée et j'ai réussi à me relever, j'ai trouvé le courage pour avancer. Je suis tombée et je me suis relevée, avec mes enfants à mes côtés. J'ai gardé intact ce sourire que mon mari aimait tant, j'ai gardé dans mes yeux, la capacité de m'émerveiller de toutes petites choses, j'ai gardé dans mon cœur, la capacité à donner de l'amour, alors qu'on m'avait arraché le mien.

J'avance avec mon coeur encore cicatrisant, j'avance avec dans mon coeur l'intensité de l'amour que mon mari me portait et qu'il continue de me porter.

Je sais maintenant, je sens que des pièces égarées se mettent en place, je sais maintenant, enfin, je crois, comment combiner tout cela : l'amour que je lui porte, le souvenir fort de notre histoire et mon chemin de vie en solo. Je sais que j'avance vers Ailleurs, vers du doux et du bon, peut-être du meilleur, je n'en sais rien, mais j'avance.

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