Une bourgeoise aux cheveux argentés et au nez pincé entre en conquérante dans une grande enseigne de jardinerie.

Elle a à peine posé un pied au rayon animalerie qu'un : « casse-toi pouffiasse », lancé par un perroquet en embuscade lui glace les sangs !

• Mais qu'est-ce que c'est que ces manières ? bafouille-t-elle, outrée.
• Grosse pouffiasse ! Casse-toi ! Casse-toi pouffiasse ! hurle encore le sauvage volatile.
  

La dame, peu habituée à ces grossièretés, n'accepte pas d'être traitée de la sorte et s'en va trouver le responsable du rayon, pour lui dire sa façon de penser.

Face à sa cliente dans tous ses états, le pauvre vendeur ne peut qu'adhérer à ses légitimes revendications ; il s'engage à remédier au problème.

Dans l'espoir d'apaiser la furie outragée, il va même jusqu'à promettre que l'insolent perroquet sera sanctionné.

Quelques minutes plus tard l'employé du magasin vient peindre le perroquet en noir pour le punir.

Le lendemain la cliente revient voir si le vendeur a tenu parole.

C'est un peu crispée, pincée des fesses au nez, qu'elle pénètre dans l'animalerie.

Le perroquet ne dit rien. Satisfaite, elle se détend. Elle passe et repasse plusieurs fois devant le délinquant à plumes, rien ne se passe.

Narquoise, la cliente s'approche du volatile :

• Ahah ! Tu ne dis plus rien là ! Monsieur la ramène moins tout de suite !

Le perroquet se dandine sur son perchoir pour s'éloigner d'elle et dans un mouvement gracieux opère un demi tour pour lui tourner franchement le dos.

• Non mais elle me prend pour qui la Pompadour ? Moi, quand je suis en smoking, je ne parle pas aux pouffiasses !