- Chapitre 41 -

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Mardi 20 octobre 2020, Nevada, États-Unis d’Amérique.

Maria disputait une partie de cartes avec sa fille, toutes les deux installées sur le lit double qu’elles partageaient depuis plus d’un mois, quand la porte s’ouvrit. La femme se débarrassa immédiatement de sa main, alerte. Ce n’était pas l’heure du repas et les agents de la Ghost ne s’amusaient pas à passer les voir sans raison valable.

Lorsqu’Edward entra d’un pas tranquille dans la pièce, Maria était déjà debout au pied du lit, les traits tendus par l’appréhension. Deux agents suivaient, arme au poing, mais elle les devança en balançant sa main serrée en direction d’Ed. Il esquiva à la dernière seconde, les phalanges de son adversaire frôlant sa mâchoire rasée de frais. Maria poussa un juron en constatant que son coup droit avait manqué puis se tint à carreau face aux pistolets levés vers elle. Elle s’était placée de façon à faire barrière de son corps devant Thalia.

— Allons Maria, soupira Edward avec un sourire penaud, comment tu salues ton beau-frère ?

— Tu n’as jamais été et ne seras jamais mon beau-frère, rétorqua-t-elle d’une voix acide, tendue par la proximité de l’homme qui avait fracassé son quotidien.

Un amusement faussement blessé plissa le visage charmant d’Edward, qui fit signe à ses agents d’abaisser leurs armes. Maria ne se décontracta pas pour autant, prête à bondir au moindre signe d’animosité. Elle avait beau avoir changé de métier depuis des années, son expérience d’ancienne agente de S.U.I avait ancré des réflexes dans les fibres de ses muscles.

— J’ai une bonne nouvelle pour toi et ta fille, reprit leur kidnappeur en se penchant de côté pour adresser un sourire à Thalia. Vous allez pouvoir rentrer chez vous. Dès la semaine prochaine.

Maria s’était attendue à tout sauf à cela. Désemparée, elle cligna des yeux cernés d’angoisse et laissa tomber ses épaules de surprise.

— Comment ça ?

— Je suis sur le point d’obtenir ce que je convoitais en vous enlevant, expliqua Edward avec un rictus satisfait. Thalia et toi monterez dans un train pour Modros mercredi prochain.

La nervosité et la colère emplirent de nouveau Maria, dont les yeux se firent flamboyants. Dents serrées, elle fit un pas prudent vers Ed et siffla :

— Je ne sais pas ce que tu t’imagines, mais je vais pas tomber dans le panneau comme ça. Dis-nous plutôt ce que tu attends de nous, ce sera plus rapide.

Un soupir excédé creusa la poitrine de son interlocuteur. Ce n’était pas la première fois qu’ils avaient cette conversation. Edward avait eu beau le répéter, Maria n’était toujours pas décidée à le croire.

— Je n’attends rien de toi, Maria, susurra Ed en perdant peu à peu le masque nonchalant qu’il s’était constitué. Je n’attends rien de toi, ni de ta fille.

Désabusée par l’absence d’explications, Maria se retint de l’agripper par le col au risque d’alarmer ses deux gardes du corps et explosa :

— Dans ce cas-là, sur qui tu fais pression en nous détenant ? Tu joues sur un fil dangereux, Edward, si tu comptes impliquer Ethan là-dedans. Il est trop lié à la A.A pour que les relations avec la Ghost n’en pâtissent pas si tu lui fais du chantage.

Un sourire narquois retroussa les lèvres d’Ed. Ses yeux ambrés s’éclairèrent tandis qu’il secouait la tête avec une expression presque condescendante. Maria eut encore plus envie de lui briser le nez.

— Ethan n’est pas directement impliqué dans cette histoire, déclara-t-il en faisant fi de l’expression furieuse de son interlocutrice. Ce n’est pas sur lui que je fais pression – pas complètement du moins. Et je ne veux pas impliquer la Ghost Society et la A.A dans notre histoire. Ce serait effectivement fâcheux de froisser leurs relations diplomatiques. Et de mettre en péril les positions durement acquises par ma famille depuis des décennies.

L’incompréhension chassa petit à petit la colère du visage de Maria. Elle ne connaissait personne qui soit à la fois lié à Edward et soit prêt à faire des sacrifices pour les sauver Thalia et elle. Devant la moue interdite de la femme, Ed lui adressa un clin d’œil et un sourire suffisant.

— Tu comprendras en temps venu, ma belle. Tu n’auras plus à t’en faire pour Thalia.

— Je ne suis pas « ta belle » gronda Maria en sentant sa poitrine la chauffer brusquement. Et je n’ai encore aucune preuve que tu nous laisseras tranquilles, ma fille et moi.

Et elle ne mentionnait même pas la personne qui avait cédé au chantage d’Edward et risquait de souffrir à leur place. Si ce n’était pas Ethan la cible, alors qui ? À part peut-être Mike, aucune connaissance de Maria ne serait prête à faire des sacrifices pour leur famille.

— Je suis un homme qui tient ses promesses, souffla Edward avec un sourire en coin.

— Pourriture, se contenta de répliquer Maria d’un ton mordant.

Ed lâcha un nouveau soupir avant de faire demi-tour. Maria haussa un sourcil décontenancé face à son air décontracté. Il enlevait une mère et sa fille, faisait pression sur leurs proches pour obtenir on ne savait quoi et conservait une attitude nonchalante pareille à une provocation.

Avant de sortir de la pièce, Edward jeta un dernier coup d’œil à Maria et sa fille.

— Rappelez-vous, semaine prochaine. Vous serez libres.

Sans un mot de plus, il leur adressa un sourire en coin et ferma la porte derrière lui.


Mercredi 28 octobre 2020, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Alex fumait sa cigarette, Dimitri touillait son café. C’était une routine bien rythmée, onze heures quinze, l’heure du petit creux, la salle de repos qui donnait sur l’extérieur grâce à un petit balcon, l’un accoudé à la rambarde, l’autre adossé au mur.

— Je pense qu’on devrait intervenir.

Les paroles de Dimitri, les premières qu’il prononçait depuis qu’ils avaient pris leur pause, arracha Alex à la contemplation de la ville en contrebas.

— T’as dit quoi ?

Le Russe leva le nez de sa boisson chaude, sa barbe noire masquant difficilement la tension de ses mâchoires. Il cessa de touiller dans son gobelet pour s’approcher de son partenaire.

— Nos Recrues sont en froid, Alex, et on peut plus faire semblant de rien.

Un air désabusé gagna progressivement le visage d’Alexander. Il claqua la langue avec agacement, écrasa son mégot contre la rambarde de sécurité puis le jeta dans la poubelle fixée aux barreaux. Puis il s’accouda de nouveau au parapet, ses yeux noisette tournés vers les immeubles.

— Ils forment un binôme à l’École, reprit Dimitri de son habituelle voix profonde, songeuse, et ils ne peuvent pas travailler correctement s’ils refusent de se parler.

— Je croyais qu’ils s’étaient simplement embrouillés, un truc de rien du tout, marmonna Alex en fronçant les sourcils.

Son partenaire lui retourna son regard, la mine sombre.

— C’est plus grave que ça, apparemment. Je me suis bien rapproché de Ryu depuis quelques semaines, mais, là, je n’ai pas réussi à le faire parler. Je lui propose souvent de dormir à la maison pour pas qu’il soit seul dans sa chambre, mais il a du mal à s’ouvrir à moi quand on est ensemble.

Alexander se renfrogna un peu plus. Il avait su par Dimitri que leurs Recrues ne se parlaient plus, mais il n’avait pas pris le temps d’interroger Jim pour en savoir plus. Confus, il se passa une main dans les cheveux et maugréa :

— Jeremy ne dort plus à l’internat ?

— Tu ne savais même pas ça ? s’étonna son partenaire en lui faisant les gros yeux. Ethan passe le chercher tous les soirs après l’École. Et il l’emmène le matin avant d’aller au travail – on se croise de temps en temps.

Embarrassé par le ton de reproche qu’avait employé son ami en début de phrase, Alex serra les dents et détourna le regard. Il avait conscience de faire beaucoup moins d’efforts que Dimitri concernant sa Recrue et, quelque part, il s’en voulait. L’agent s’était appuyé sur leurs missions successives, leurs rapports, leurs entraînements, leurs suivis et sur sa propre vie personnelle pour se donner de bonnes excuses. Pourtant, il savait aussi parfaitement qu’il aurait pu dénicher quelques heures au milieu de tout ce planning pour rendre visite à Jim et prendre de ses nouvelles.

— Et tu voudrais qu’on les réconcilie ?

Dimitri termina son café d’une traite avant de répondre.

— J’ai l’impression qu’ils continueront à s’éviter encore un moment si on ne fait rien. Je ne propose pas de les forcer à se voir, mais déjà de les amener à nous expliquer ce qui s’est passé. Pour qu’on puisse essayer de trouver un moyen de les rabibocher.

Dubitatif, Alexander observa ses ongles rongés puis enfonça les mains dans ses poches. Ce faisant, il sentit son portable vibrer contre ses doigts et les ressortit aussitôt. Le nom affiché à l’écran le prit assez au dépourvu pour qu’il laisse filer la sonnerie.

— Jeremy vient de m’appeler, déclara-t-il d’une voix blanche, encore hébété par la coïncidence.

— Ben rappelle-le ! s’exclama Dimitri en lui adressant un regard exaspéré. Normalement, ça devrait être à toi de prendre de ses nouvelles, Alex. Il a peut-être quelque chose d’urgent à te dire.

— OK, OK, grommela l’agent en ouvrant son journal pour lancer l’appel retour.

Dimitri lui fit signe qu’il rentrait et le laissa en tête-à-tête téléphonique avec sa Recrue. Alexander n’eut pas à attendre très longtemps avant que la voix de l’adolescent résonne dans son portable :

— Euh, allô ? Alex ?

— C’est moi. Désolé, j’ai manqué ton appel, tu voulais me dire quelque chose ?

Évidemment qu’il voulait me dire quelque chose, soupira-t-il.

— Euh… reprit Jim d’une voix bouffie d’hésitation. Ben… je voulais te dire… enfin, te demander…

Alex se remémora sa discussion avec Dimitri et inspira un bon coup. Peut-être qu’il tenait le début du bon fil. Peut-être que Jim avait trouvé le courage de le contacter pour lui expliquer sa dispute avec Ryusuke.

— Dis, je dois rentrer de la gare en fin d’après-midi, mais mon père est pas dispo pour me récupérer. Ça te dérangerait de venir à sa place ?

Comme il l’avait fait quelques minutes plus tôt, Alex resta planté sur place de stupéfaction. Il ne s’était pas réellement attendu à une telle demande.

— Euh… en fin d’après-midi, tu dis ?

— Oui, vers dix-sept heures.

Alex ferma brièvement les paupières pour se remémorer son emploi du temps de la journée puis soupira :

— J’avais une réunion, mais…

— Laisse-tomber, déclara Jim d’un ton abattu. Je vais demander à quelqu’un d’autre.

— … mais c’est pas une réunion très importante, termina Alexander, agacé d’avoir été coupé. Je peux venir te chercher, Jeremy.

Il y eut un silence de quelques secondes. Puis Jim reprit, d’une voix bien plus enthousiaste cette fois :

— C’est vrai ? Super ! Merci beaucoup, Alex, tu me sauves. (Avant que l’intéressé ne puisse répondre – ce n’était pas la peine de se mettre dans un état pareil – Jim conclut :) Désolé, je dois y aller, le bus arrive !

Alexander fronça les sourcils. Pourquoi sa Recrue n’était-elle pas en cours ? Il s’apprêta à le rappeler pour lui remonter les bretelles puis se ravisa à temps. Jeremy s’était cassé deux doigts et avait été dispensé d’EPSA pour deux semaines minimum. Comme les vacances arrivaient juste derrière, il aurait en réalité un peu plus de temps pour se reposer.

L’agent soupira en rangeant son téléphone. Jim n’avait pas mentionné son embrouille avec son ami. Alex profiterait peut-être de se retrouver seul avec l’adolescent pour aborder le sujet.


Alexander parcourait la petite place que desservait la gare de Modros en fronçant les sourcils. Voilà dix minutes qu’il cherchait sa Recrue des yeux sans avoir de nouvelles. Il était déjà dix-sept heures vingt et Jim ne répondait ni à ses messages ni à ses appels.

Foutu gamin de mes deux, s’exaspéra Alex en se plantant face à un plan de la ville où la gare était marquée d’une croix rouge surmontée d’un « Vous êtes ici » en grosses lettres.

Il braqua le regard vers la station, où un train venait de s’arrêter et ouvrait ses portes pour recracher un flot de passagers. De plus en plus tendu, l’agent observa les badauds dans l’espoir de reconnaître sa Recrue. Quand il l’avait eue au téléphone quelques heures plus tôt, il n’avait même pas eu l’idée de l’interroger sur la raison de sa présence à la gare. Jim avait-il fait un aller-retour en train dans la journée ? Et pourquoi ?

— Excusez-moi ?

Alex se tourna vivement vers la femme qui venait se planter devant lui. Il aurait aimé que ce soit Jeremy, pour qu’il puisse le sermonner et le ramener chez lui. L’agent avait dû annuler une réunion – certes, guère importante – pour rendre service à l’adolescent et il comptait bien ne pas se faire poser un lapin.

Persuadé que la femme secondée d’une fillette cherchait à observer le plan de la ville, Alex se décala en grommelant.

— Excusez-moi ? insista la femme en se rapprochant pour capter son regard.

Cette fois, Alexander dut baisser les yeux vers elle. Proche de la quarantaine, vêtue d’un coupe-vent beige qui enserrait sa silhouette mince, elle affichait une mine aussi inquiète que déroutée.

— Vous travaillez pour la A.A ?

La phrase était bien une question, mais Alexander y décela une pointe de méfiance. Surpris, il hocha mécaniquement la tête. Comment l’inconnue avait-elle deviné ? Il se rappela vaguement qu’il portait son costume de travail – avec le symbole de la A.A imprimé sur son nœud de cravate – mais ne s’y attarda pas quand la femme baissa la tête.

— Dieu merci, soupira-t-elle d’une voix à peine audible.

Lorsqu’elle redressa le cou, ses yeux vifs frappèrent Alex. Ce n’était pas tant leur teinte verte que leur éclat ardent qui accrocha l’attention de l’agent. Il avait le sentiment d’avoir déjà croisé pareil regard.

— Vous pouvez me rendre un service ? reprit-elle d’une voix tendue, comme si elle s’attendait à essuyer un refus.

Réfléchissant à cette histoire de regard familier, Alex hocha de nouveau la tête. En fait, ce n’étaient pas simplement les yeux. C’était aussi la voix. Non, l’intonation. Les fins de mots britanniques, les influences d’une langue latine.

— Je peux vous emprunter votre portable ? s’enquit l’inconnue en tendant la main. Je dois appeler un ami qui travaille à la A.A. S’il vous plaît, c’est urgent.

La fillette restait scotchée à l’ombre de sa mère, tête baissée, comme si elle craignait d’affronter le ciel. Une nouvelle boule se logea dans la gorge d’Alex lorsqu’il tendit son téléphone à la femme.

— Je peux consulter vos contacts ? En toute logique, vous devriez avoir son numéro si vous faites répertoire commun.

— Comment vous le savez ? murmura enfin Alexander, de plus en plus perturbé.

L’inconnue continua ses recherches en l’ignorant délibérément. Loin d’être vexé, Alex jeta un nouveau coup d’œil vers la fillette. Pendant une seconde, leurs regards se croisèrent. La petite ne put s’empêcher d’esquisser un timide sourire spontané. Puis elle baissa hâtivement le cou.

Mais Alexander venait de la reconnaître. Il l’avait brièvement aperçue sur une photo de famille presque deux mois plus tôt, dans un appartement anonyme de Seludage.

— Vous…

Alexander n’eut pas le temps de terminer sa phrase, car la femme avait porté le téléphone à son oreille et entamé la discussion :

— Allô, Michael ? (Une pause de deux secondes à peine, durant laquelle Alex sut qu’il avait raison.) Non, ce n’est pas « Alexou ». C’est Maria. Mike, je suis à Modros, à la gare. Thalia est avec moi, il faut que tu viennes nous chercher.

Hébété, Alex n’écouta pas la suite. Son champ de vision se brouilla, les sons s’étouffèrent, même son équilibre devint incertain. Seule la poigne ferme de Maria Wayne lui permit de rester debout lorsqu’il manqua s’effondrer sous le coup de l’ébahissement.

— Vous allez bien ?

Toujours médusé, Alexander leva le nez vers la femme qui le dominait de quelques centimètres à présent qu’il était avachi. Si son regard ne perdait pas de son ardeur, ses lèvres étaient plissées d’angoisse et ses traits creusés d’épuisement.

— Jeremy, murmura alors Alex en se redressant, sonné. Où est Jeremy ?

Maria Wayne recula d’un pas sous le coup d’un poing invisible.

— Vous connaissez mon fils ?

Un sentiment d’effroi inexplicable grimpait les vertèbres d’Alexander. Tout ceci faisait trop de coïncidences. Maria et Thalia Wayne perdues à la gare de Modros alors que Jim venait de s’y évaporer ?

Ça va pas recommencer, songea le jeune homme avec crainte en jetant des coups d’œil nerveux autour de lui. Jeremy, tu peux pas disparaître alors que ta famille est de retour.

Pourtant, il ne vit sa Recrue nulle part. Pire, il aperçut Maria Wayne s’affaisser brusquement sur le banc le plus proche, aussi blanche que le sac en plastique qu’elle tenait à la main. Sa fille s’approcha d’elle et lui saisit timidement la main.

— Maman ?

Le corps comprimé d’angoisse, Alex dévisagea la femme qui semblait se fondre dans le banc.

— Je comprends, souffla-t-elle d’une voix à peine audible. Je comprends maintenant.

Alex, lui, ne comprenait rien du tout. Il se rapprocha de la mère et de la fille pour se planter face à elles, nerveux.

— Mme Wayne, vous savez où est votre fils ?

Il fallut plusieurs secondes à Maria pour trouver le courage de lever le cou vers l’agent. Ses yeux verts suintaient de larmes écœurées et désespérées.

— Il est parti, s’étrangla-t-elle en lâchant son sac, qui s’affaissa aux pieds de Thalia dans un bruit étouffé. Il est parti, il a pris notre place.

Thalia desserra à son tour la main de sa mère et ne bougea plus, transformée en statue de pierre vivante. Perturbé, Alexander dut se pencher pour accaparer encore un peu d’attention à la femme.

— Comment ça, il a pris votre place ? Il est parti où ?

— Il a rejoint la Ghost Society, geignit-elle d’une voix abattue, incapable de réprimer les gouttes qui ruisselaient sur ses joues creusées. C’est lui qu’Edward voulait.

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