La Forteresse de Collioure
Un vent du sud, chargé d’embruns, me balayait par de violentes rafales et glaçait mon visage déjà trempé de sueur par l’émotion et la rage ; les yeux pleuraient et le nez gouttait abondamment, mais je n’y pouvais rien car, les deux bras largement ouverts, « je tenais l’horizontale » pour garder l’équilibre ; « ne pas regarder, souffler pour récupérer puis faire un pas », c’était cette comptine qui se répétait à l’envi dans mon cerveau comme un mantra quand mon corps faisait tout autre chose : les jambes flageolaient et les muscles des bras et des épaules hurlaient de douleur ; et pourtant, à seulement quelques dizaines de centimètres, m’attendait une plateforme de réception, juste dans le prolongement du rail métallique, lumineux, lisse et si étroit sur lequel je tenais « encore debout » ; j’avais l’air insignifiant dans ce magnifique décor rocheux car quatre-vingt mètres plus bas, la mer agitée et changeante, offrant des flaques de soleil et des reflets vert émeraude m’attendait et chaque vague gémissait au pied de la falaise, libérant une écume rageuse et comme une menace, semblait me souffler : « encore un pas et tu seras à moi ! »
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