Chapitre 17

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Le soleil baigne la pièce d’une chaleur agréable. J’ouvre les yeux et jette un regard à Namki. Il est calme, les paupières closes. Je m’approche de lui, me demandant s’il est toujours en vie. Je constate avec soulagement que sa poitrine monte et redescend doucement. J’en profite pour l’observer avec plus d’attention. Il a des cils courts et des sourcils broussailleux. Je fixe son tatouage, un crâne traversé d’un poignard, un serpent s’enroulant autour de la lame.

Je me tourne et mes yeux se posent sur Hyujin endormi. Je le secoue délicatement pour le réveiller.

- Namki va bien ? demande-t’il en dégageant les draps de ses jambes.

- Il est toujours vivant.

Hyujin s’avance vers lui.

- Il dort ou il a perdu connaissance ?

- Je ne peux pas savoir, répond-il.

Je hoche la tête.

- Bon, que faisons-nous maintenant ?

- On attend que Namki se réveille et après, on continue de chercher les criminels du gang.

J’acquiesce.

- Je vais aller parler à mon père, lancé-je.

- Tu es sûre que c’est une bonne idée ?

- Il faudra bien que je lui dise la vérité un jour.

- D’accord.

Je sors de mes appartements et marche assez rapidement jusqu’au pavillon central. Je suis certaine que mon père se trouve là.

Et j’ai raison. Il est assis en tailleur, les yeux fermés.

- Père… commencé-je.

Il lève la tête.

- Aria ! Où étais-tu ?

- Et bien, je…

- Je croyais que tu étais morte, ou encore que tu t’étais faite enlevée !

- Mais laissez-moi parler ! hurlé-je.

Il me fixe quelques instants avant de soupirer :

- Bien. Je t’écoute.

- Je suis partie avec Hyujin pour chercher l’assassin de Mère. (Il fronce les sourcils). Oui, je sais que tu m’as interdit de le faire, mais je ne voulais pas rester à attendre. On a découvert que c’était un groupe de criminels qui était responsable. Hyujin, toi et moi sommes leurs prochaines cibles. Nous nous sommes faits aidés aussi d’un vendeur, Namki. Au moment où je vous parle, il est mourant.

- Comment as-tu pu collaborer avec Hyujin ? Aria, c’est le fils de Seok et Hana !

- Je sais. Mais… il n’est pas méchant. Il est différent de Seok, je vous l’assure.

- Et comment je pourrais te croire alors que tu me mens depuis le début ?

- Je vous en supplie, même si c’est compliqué, ayez confiance en moi.

Il marmonne quelque chose d’incompréhensible.

- Tu sais très bien que c’est dangereux. La preuve, ton ami est mourant.

Je ne le considère pas vraiment comme un ami, mais vaut mieux ne pas dire ça à mon père.

- Si vous voulez tout savoir, j’ai déjà failli mourir aussi. Je me suis faite enlevée.

Son visage affiche une mine horrifiée.

- Et qui m’a sauvée ? Hyujin. Il a tué mon ravisseur, il m’a portée jusqu’ici et il m’a soignée.

- Je ne peux pas croire ça.

- Si, vous pouvez. C’est la vérité, Père ! Et ce n’était pas la première fois qu’il me sauvait. Il l’avait déjà fait trois fois auparavant. Je n’en étais pas convaincue au début, mais on peut avoir confiance en lui. Je vous dis que je ne mens pas !

- Bien, bien, calme-toi. Je veux bien te croire.

- Merci.

Je me jette dans ses bras.

- Et où sont-ils, là ?

- Oh… ça.

Je conduis mon père jusqu’à ma chambre. Quand il aperçoit Hyujin, il se renfrogne mais ne dit rien. Il se tourne ensuite vers Namki.

- C’est lui qui est blessé, affirme mon parent en s’approchant.

Hyujin suit mon père du regard, ses yeux redevenant froids. Je m’avance vers lui.

- Ça s’est bien passé ? chuchote-t’il.

- Oui. Il me croit, enfin, j’espère.

Hyujin hoche la tête et jette un coup d’oeil à Namki. Quand les yeux de ce dernier s’ouvre, je pousse un soupir de soulagement.

- Tu vas bien ? lancé-je, inquiète.

Namki grimace.

- J’ai très mal.

Je regarde les bandages tâchés d’un rouge sombre. Avant, la vue du sang m’aurait mis mal à l’aise. Mais depuis quelques semaines, voir de l’hémoglobine est presque devenu une habitude.

- Il faudrait contacter un médecin, mais le temps que la lettre lui parvienne…

- Namki sera déjà mort, complète Hyujin.

Mon père se retourne et fixe le jeune homme d’un œil mauvais. De toute évidence, il n’a pas la même vision de Hyujin que moi.

- Il faut tout de même essayer, rétorque mon paternel avant de quitter la pièce.

Un silence plane quelques minutes, jusqu’à ce que Namki, les yeux emplis de frayeur, dise :

- Vous pensez que je vais mourir ?

Hésitante, je tourne la tête vers Hyujin.

- Et bien…

- Non, laissez tomber. J’ai eu une longue vie, de toute façon. Si je mourrai maintenant, ça ne serait pas grave.

- Mais bien sûr que si ! rétorqué-je. Tu n’es pas si vieux que ça, et puis, tu as sûrement une famille, des amis…

Namki secoue la tête.

- Laisse-le accepter sa mort ! me crie Hyujin, ce qui a pour effet de me faire sursauter. S’il a envie de partir, laisse-le faire.

Déconcertée, je regarde Hyujin. Est-ce qu’il réagit comme ça parce qu’il est triste ? Ou alors, il est vraiment énervé contre moi ?

Je ne réponds pas et me concentre sur les fleurs de cerisiers qui tombent, retenant mes larmes. C’est stupide de pleurer pour ça, mais je n’ai jamais supporté que l’on me crie dessus.

- Je vais faire un tour, finis-je par dire.

Je sors en trombe de ma chambre et marche jusqu’à l’arbre centenaire. Maintenant que je me trouve en-dessous, je réalise que c’est la fondatrice de cet endroit, Yume, qui l’a planté. Je suis étonnée de sentir une larme dévaler ma joue, moi qui pensais m’être calmée, me voilà en train de pleurer pour de bon.

Je n’aurais jamais pensé verser de larmes à cause d’une remarque de Hyujin.

Je m’assois contre le tronc de l’arbre et passe ma main sous mes yeux. Je reste un moment seule ici, puis Hyujin apparaît. Il prend place à mes côtés.

- Tu ne devrais pas être avec Namki ?

- Ton père y est.

- Ah.

J’espère que Hyujin ne remarque pas que j’ai pleuré. Je touche ma peau, essayant de savoir si mes joues sont encore humides ou pas.

- Je sais que tu as pleuré. Ça se voit, ajoute-t’il, comme s’il lisait dans mes pensées.

Je rougis.

- Si c’est à cause de moi… désolé. Et si ce n’est pas ça, oublie ce que je viens de dire.

Je tourne la tête vers lui, cherchant à savoir si ses excuses sont sincères. C’est impossible de savoir, mais une part de moi à envie de croire que oui.

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