Chapitre 42

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Je sors du bain et enfile ma tenue, une robe blanche dont la jupe ample et fluide tombe au sol. Les manches larges recouvrent mes bras jusqu’à la moitié de mes mains. Les bordures des manches et de la jupe sont ornés d’un fil argenté. La robe est cintrée au niveau de la taille par un bandeau de tissu d’un bleu ciel accordé au serre-tête planté dans mes cheveux noirs, orné d’une branche de cerisier en fleurs blanches.

Chaerin m’attache un fin collier en or autour de mon cou et des boucles d’oreilles accordées. Elle tamponne mes joues d’une légère poudre rose et passe une encre d’un rouge pastel sur mes lèvres. Elle coince mes cheveux derrière mes oreilles, sauf deux mèches qui viennent encadrer mon visage.

Quand je me lève, elle lisse ma jupe et réajuste les manches de la robe avant de vérifier mon maquillage et ma coiffure.

Chaerin attrape mes mains.

- Vous êtes magnifique, Demoiselle Aria.

Je rosis de plaisir et souris.

- Merci beaucoup, Chaerin. Tu as fait un travail formidable.

Je m’observe quelques instants dans le miroir, impressionnée. Je ne suis pas du genre à me vanter, mais j’avoue que je me trouve belle aussi.

Je passe les doigts sur ma peau rendue douce par le savon au litchi et esquisse un nouveau sourire à cette sensation.

- J’espère que vous serez heureuse avec le Seigneur Hyujin, continue ma servante en rangeant les différents accessoires posés sur ma coiffeuse. Vous pouvez rejoindre votre père, vous êtes prête.

- Merci encore.

Je quitte lentement ma chambre pour me rendre dans le pavillon sud, où m’attend mon parent. À mon arrivée, il me sourit.

Quand je lui ai dit que Hyujin m’avait demandé de l’épouser, il n’était pas d’accord. Il disait que ça poserait trop de problèmes pour l’organisation des cités et des temples. J’ai décidé de lui parler de mon idée d’unir la cité du Lotus et la cité des Cerisiers pour restituer la cité des Fleurs, et il a fini par accepter.

Mon père me détaille du regard.

- Aria… tu es sublime, dit-il en me serrant dans ses bras.

- Merci, réponds-je, un énorme sourire aux lèvres.

- Tu es prête à y aller ?

- Oui !

Le mariage se déroule dans un temple de la cité des Cerisiers. Lorsque j’entre, je suis impressionnée par la décoration. Je n’y étais jamais allée, étant donné que c’est un temple réservé aux mariages.

Les murs sont ornés de fresques représentant des cerisiers en fleurs. Les colonnes en bois sombres, finement sculptées, soutiennent un plafond voûté où des lanternes en papier pendent. Dans le fond de la salle, un autel majestueux surélevé sur une estrade est drapé d’un tissu léger. Des bouquets de fleurs trônent dessus. Les rangées de chaises en bois, juste en face, sont alignées, prêtes à accueillir les invités – soit la plupart des habitants des deux cités.

J’observe les gens arriver, s’installer et discuter. Les citoyens de la cité du Lotus et ceux de la cité des Cerisiers se jettent des regards noirs ou ne font pas attention les uns aux autres.

Lorsque tout le monde est installé et que plus personne ne parle, j’avance du fond de la salle jusqu’à l’autel avec mon père, où m’attend Hyujin, vêtu de ses habituels vêtements noirs. Son regard froid s’adoucit lorsque ses yeux croisent les miens.

Une fois arrivée devant l’autel, mon parent s’éloigne de moi pour regagner sa place. Un homme prend place derrière le meuble et se met à parler, racontant l’histoire de Kaï et Yume, de la naissance de la cité du Lotus et de la cité des Cerisiers, du conflit perpétuel jusqu’à ce que Hyujin et moi tombions amoureux. Il narre alors le dénouement du meurtre de ma mère et l’emprisonnement de Hana et Seok, puis du passage au pouvoir de Hyujin, il y a un mois.

Je peux voir mon père retenir ses larmes et me sourire.

- Les mariés doivent maintenant s’échanger leurs vœux, comme le veut la tradition.

Je me tourne vers Hyujin, tremblante. J’ai la gorge nouée par l’émotion.

- Je… je promets de te soutenir dans les bons, comme dans les mauvais moments et de veiller sur notre union.

Il me regarde avec intensité avant de répondre :

- Je m’engage à te protéger et à œuvrer pour le bien de nos cités.

Le maître de cérémonie hoche la tête.

- Avez-vous quelque chose à ajouter ? Des projets pour l’avenir ?

- Nous avons prévu d’unir les deux cités pour reformer la cité des Fleurs, déclaré-je. Hyujin voulait faire construire des fermes et des habitations le long des routes de campagne et pour lier les deux cités en une seule.

- D’accord. Autre chose ?

- Non, répond Hyujin.

- Alors je vous déclare mari et femme.

Mon coeur s’accélère dans ma poitrine et je sens les larmes me monter aux yeux. Je suis seulement en train de réaliser ce qu’il se passe. Je suis mariée. Je suis l’épouse de Hyujin.

Main dans la main, nous quittons l’estrade pour nous rendre dans la pièce adjacente, réservée aux mariés pour qu’ils discutent un peu tranquillement.

- Ça va ? questionne Hyujin, regardant les larmes dévaler mes joues.

- Oui… Ce sont des larmes de joie, lancé-je en retenant mon rire.

Un léger sourire illumine son visage. Il s’approche lentement de moi et se penche pour poser délicatement ses lèvres sur les miennes. Il entoure ma taille de ses bras et m’attire contre lui. Je sens mon rythme cardiaque s’affoler et je laisse Hyujin me serrer dans ses bras.

- Aria… Je t’aime, murmure-t’il.

Je ne peux pas retenir les nouvelles larmes qui embuent mes yeux et les laisse glisser sur mes joues.

- Je t’aime aussi, soufflé-je.

* * *

Nous regagnons la salle principale, et dès que j’arrive, mon père me serre dans ses bras. Quelques habitants viennent me féliciter ou m’offrent des sourires chaleureux. Chaerin s’avance vers moi.

- Vous étiez magnifique, Dame Aria. Je suis honorée d’avoir pu assister à votre mariage.

Je souris à la jeune femme. Dame Aria. Je vais mettre du temps à m’y habituer.

- Merci. Chaerin… j’aimerais te demander une dernière chose. Est-ce que tu accepterais de continuer de me servir ?

Ses yeux pétillent.

- Oui, j’en serai ravie ! Merci beaucoup, Dame Aria.

- Parfait. Merci à toi.

Elle opine du chef avant de retourner vers sa famille.

- Ma fille… commence mon père.

Je lève les yeux vers lui. Ses yeux sont voilés d’inquiétude et de douleur.

- Est-ce que tu es heureuse ? Tu es sûre que c’était ce que tu voulais ?

Je balaye l’assemblée du regard. Au loin, Hyujin, habituellement sérieux, froid et distant, me gratifie d’un léger sourire. Des centaines d’habitants discutent gaiement, rient, jouent, chantent, dansent sur les musiques de l’orchestre. Ma servante parle avec entrain à sa famille. Je porte une robe magnifique, j’épouse l’homme que j’aime, mon père est en bonne santé, mon peuple est joyeux… Comment pourrais-je ne pas être heureuse ? J’ai eu tout ce que je désirais. C’est vrai que ça a été compliqué, mais j’ai réussi. Bien sûr, il y aura toujours des gens non-contents, mais je n’y peux rien. Je ne peux pas satisfaire tout le monde. Je trouverai toujours quelqu’un qui critiquera ce que je fais. Mais ce n’est pas important. Je suis heureuse, et en ce moment, c’est tout ce qui compte.

Je rends son sourire à Hyujin avant de répondre à mon père :

- Oui, Père, je suis heureuse. Très heureuse, même.

- C’est le plus important.

J’acquiesce. Maintenant, tout ira bien. J’en suis certaine.

FIN

À SUIVRE...

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