Et il quitte cette réalité.

Il se réveille. La lumière joue avec les reflets dans les cheveux de Sol. Elle déploie ses bras, parallèles à la prairie noire, et marche sur la pointe des pieds. La lumière est blanche, anormale, duveteuse.

Il sait où il est.

Et il est bien, ici.

Malo prend conscience de ce qui l’entoure : une herbe ébène, ravissante, gorgée d’eau, sur laquelle il est couché. Un soleil blanc, qui mange tout le ciel.

Irréel.

Malo sourit ; il sait où il se trouve. Il est maître de ce monde. Son angoisse s’y dilue en silence, comme toujours. Le soleil blanc la broie, l’avale, la dissout dans son intense lumière. Et lui, il peut se relever.

Alors il le fait.

Il est le héros sentimental, il est l’amoureux éperdu, et il voltige sur l’herbe pour rejoindre sa femme. Tous deux habillés de lin, les pieds nus. Soudain, Sol arrête de marcher, se retourne.

Elle est l’aventurière, elle est la protectrice, et elle se tient très droite sur l’herbe pour le regarder.

Mais son visage se brouille, le soleil tremble, l’herbe vrombit. Cette réalité s’effondre ; elle s’étiole dans un grondement placide. La lumière blanche s’emmêle dans l’herbe noire, grisaillant tout autour. Il se dit, la dose n’était pas énorme.

Et il s’endort.