Chapitre Huit : Zonard écrit par Catmim

Alors qu’est-ce qu’il veut le zonard ?

C’est la même phrase à chaque fois.

Le zonard, quand mon ex a décidé de me virer de chez moi et qu’elle me décrivait au juge comme un moins que rien.

Le zonard, quand l’autre Bernard et ses sbires me sont tombés dessus….

Le zonard SDF…

Purée, je les collectionne ! j’ai pensé brièvement.

Elles me pèsent un peu toutes ces putain d'étiquettes …. juste une envie puissante qu’on me foute la paix, est en train de germer....

L’espace d’une seconde, je me suis même dit, mais qu’est-ce que je fous ici ?

Je ne sais plus si je dois foncer dans le (grand) lard, ou si diplomatiquement je dois tenter de trouver la sortie.

Et là, ….le costaud se rapproche et je sens Tina se cramponner à ma veste.

Jojo se met à gronder, il a l’œil celui-là pour évaluer les situations tendues, ou bien c’est plutôt que les plates-bandes de ce pavillon sont trop parfaites… à l'image de ces occupants, qui ont l’air tout droit sortis du service comptabilité d’une grande banque.

Lui, énorme baraque en costume un peu défait, un beau gosse aux épaules de nageur. Et elle, en tenue mal remise, on se doute qu’ils étaient occupés juste avant, mais pas à faire les comptes, plutôt à régler quelques belles joutes sur oreiller, elle a encore des plumes sur la frange. Elle sourit un peu confuse, et rajuste sa robe discrètement, (enfin qu'elle croit), sur ses hanches.

Le costaud, dérangé dans sa sieste crapuleuse, éructe :

- Mais qu’est-ce qu’elle nous ramène encore celle-là, mais non mais Tina, tu n’en n’as pas marre de revenir avec tous les paumés de la terre ? Hein ? Non mais c’est dingue, j’en peux plus de cette gamine. Tina, c’est qui ce type ? il dit, en me montrant du menton...

Jason (ca doit être le petit frère, je pense fièrement, je suis un peu l'affaire alors tout de même ) sort de la maison, moineau ficelle, un casque de Virtual Reality sur les yeux/oreilles, surpris de se retrouver a l'air frais, encore scotché à son MineCraft adoré. Il se tient au pantalon du costaud et lui demande en souriant:

‘Dis papa, c’est quoi un zonard ? »

Silence.

La débraillée (qui présente mieux depuis) est sortie sur le perron, tient la main du costaud, et gronde doucement Tina.

- Mais enfin ma chérie, tu ne peux pas nous amener tous les jours tous les gens qui passent sur ton chemin ! Monsieur, bonjour, euh, voulez-vous nous dire ce qu’elle a pu vous raconter encore cette fois ci ?

Tina serre son sac de plus en plus fort. Je n’arrive pas à déchiffrer ce qu’elle pense. Mais qu'est ce que je fiche dans ce bazar?

J’ai l’impression un peu étrange d’être dans le mauvais film. Moi j'ai payé pour une séance de ciné, pour voir un bon film d’action, « pif paf pouf ! » les méchants sont tombés, le héros gagne, tout le monde l’aime et le célèbre. Alors que la, hein, l’intrigue me dépasse sérieux. Ça sent le film intello à 10 kilomètres....

Je me ferais bien un bon petit générique de film d’action, là maintenant, je pense tout bas...

- Allez ma chérie, dit la mère, dis au monsieur ce que tu promènes dans ce sac hein ?

Et le sac, toujours dans les bras de Tina, se mit à bouger. Faiblement….