Chapitre Treize : Le cœur d’un père écrit par Melisse Alanvert ( Essilem )

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Chapitre Treize : Le cœur d’un père écrit par Melisse Alanvert ( Essilem )

Myriam. Ma Myriam se tient juste devant moi.

Ses bonnes petites joues roses prennent toute la place sur son doux visage rebondi, ses petits yeux verts cernés de noir semblent démontrés qu’elle manque de sommeil. Dort-elle assez ? Pourquoi semble-elle si fatiguée ? Elle a drôlement grandie, ses cheveux couleur d’or atteignent presque ses omoplates désormais, mais son sourire, lui, n’a pas changé. Un sourire capable d’illuminer même le cœur du plus sombre des Hommes. Ce sourire dénué d’une petite dent qu’elle a du perdre assez récemment, je me surprends à me demander si elle croit plutôt à la souris ou à la fée des dents, croit-elle encore au père noël ?

Je lâche un grognement intérieur face à cette multitude de questions qui vient chahuter au fond de mes pensées. Je me laisse imaginer pendant une fraction de secondes, ma vie à ses côtés, je me laisse aller au plus profond de mon imagination. Je me vois la préparer pour aller à l’école pendant un matin pluvieux, elle rechigne pour sortir de son lit et je lui accorde encore cinq bonnes minutes. Je me vois jouer avec elle dans le jardin, l’admirant rire aux éclats. Je me suis laissé songer à l'impossible, ses petites mains agrippant ma cape noire me sortirent de mes plus sourdes mais éloquentes pensées.

« Monsieur, vous allez faire de la magie ? J’adore la magie ! »

Elle ne me reconnaît pas. Je suis soulagé dans un premier temps, mais cette émotion abjecte qui suivit me laisse un goût amer en bouche. M’a-t-elle réellement oublié ou suis-je méconnaissable ? J’essaie tant bien que mal de cacher mon émotion face à ses petits yeux perdus. Après tout, cela fait bien quatre années qu’elle ne m’a pas vu, et puis, ce n’était qu’un bambin quand sa mère m’a laissé. Ma grosse barbe négligée doit jouer contre moi, du moins, j’espère sincèrement que ce soit le cas. J’espère qu’il suffirait de me raser, d’aller chez le coiffeur et d’enfiler mes costumes d’antan pour que cette petite bouille d’ange puisse me reconnaître, puisse reconnaître son père.

Elle incarne bien la seule personne capable de faire ressortir le bon dans Joseph, toute cette partie enfouie, cachée qu’il essaie d’oublier. Ce gentil Joseph, ce Joseph serviable, le papa Joseph.

« Comment tu t’appelles, ma jolie ?

-Myriam, Monsieur !

- Cela te dirait un ballon ?

- Oh oui, alors ! »

Je me retourne alors, prenant un ballon avant de venir le transformer en un joli cœur bleu et le lui tends. Je me rappelle à quel point elle aimait le bleu autrefois, j’ignore si c’est toujours le cas mais j’espère intérieurement que cela n’a pas changé. Je prie que ce soit toujours réel, que je connaisse ne serait-ce que cette petite information insignifiante sur elle. Je veux lui poser des questions, tant de questions. Je veux tout savoir d'elle, sur ce que j’ai raté dans sa vie. Mais je sais pertinemment que je risque d’être intrusif, que je risque de l’effrayer. C’est bien là, tout ce que je ne veux pas.

« Myriam, qu’est-ce que tu fais ?! Je t’ai cherché partout !

- Regarde maman, le gentil monsieur m’a offert un ballon en forme de cœur ! »

Elle se tient là, à quelques mètres de moi. Cette femme qui a fait basculer ma vie. Cette femme que j’ai tant aimé et tout autant détesté. En quatre ans, elle n’a pas beaucoup changé. Elle se distingue toujours par son élégance, perchée sur ses hauts talons, elle semble me jauger. Non, me juger. Elle est toujours aussi belle, sa longue chevelure blonde lui encadre parfaitement le visage. Quand je la regarde, là, juste en face de moi, je comprends pourquoi elle m'a laissé. Je ne suis qu'un zonard face à une telle femme. Honte, elle devait avoir honte de moi. Un sentiment mêlant rancœur et rage prends le dessus sur ma joie d'avoir vu Myriam. Ce que les gens qui n'ont jamais vécu à la rue ignorent, c'est bien ce sentiment de ne valoir rien, de n'être personne. Et cette femme a le don de faire ressortir cette impression juste en passant près de moi. Son expression de surprise me prends au dépourvu, elle, elle m’a reconnu.

« Joseph ? »

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