Chapitre Dix-Sept écrit par 2Xdoo
Chapitre Dix-Sept écrit par 2Xdoo
Ben voilà, je me sens mieux. On peut y aller maintenant. D’ailleurs j’aperçois le métro là-bas. Allez viens Jojo, on va s’y réchauffer.
En marchant, le corps endolori par le choc de cette rencontre et les montagnes russes de mes émotions, je sens une multitude de pensées qui m'assaillent que j'en ai mal au crâne. Ma vision est d'ailleurs obscurcie par des points noirs et mes larmes emplies de crasse acide me piquent les yeux. Je suis à jeun mais je titube comme dans ces films de zombies ... Serais-je un zombie ? Serais-je déjà mort ? ... Un mort encore vivant !... Vivant ! Oui, je le suis encore, ... mon corps me le rappelle !
Je ne pouvais me résoudre à m'éteindre, à mettre fin à ma vie de quelques manières que ce soit. Je n'ai jamais vraiment adhéré à une quelconque religion mais je pense que toute vie mérite d'être vécue et la mienne s'était mise à l'arrêt, au point mort ! Devrais-je croire au karma ? Quelles sont les raisons de cet acharnement sur mon sort ? Qu'ai-je fait ? Je ne pense pas mériter tout ça !
Je suis sorti de mes pensées par une flaque d'eau qui me douche qu'un chauffard s'est amusé à m'envoyer. Je peste et regarde Jojo s'ébrouer pendant que des passants, la mine triste et dégoutée, s'écartent. Je leur fais peur ! S'ils savaient qu'il ne faut pas grand chose pour qu'ils soient à ma place. J'ai envie de crier, leur faire peur comme un animal blessé, mais aucun son ne sort mais mon regard devient perçant. J'aurai bien insulté cet homme dans cette voiture, à l'inverse je pourrai le remercier car cette douche fortuite m'a comme réveillé et je sens au fond de moi une puissance venir et monter.
Arrivé à l'entrée de la bouche du métro, je m'arrête et regarde les allers et venues de ces gens, la tête baissée, marchant comme des fourmis, toujours pressé, déconnecté du monde mais tous connecté à leur smartphone ... Et si c'était eux les zombies ? Quels sont leurs buts ? Travailler ? ... C'est ça le but de la vie ? Travailler ?
Je suis là, posé telle une statue devant cette bouche de l'Enfer où les gens sont des effluves nauséabondes dégageant une énergie négative. Je sens une vague chaude me parcourir malgré mes habits détrempés et mon regard devient à la fois ferme et chargé de compassion face à ce spectacle. Mon esprit transforme tous ces gens en Myriam avec son ballon bleu, ma Myriam, mon étincelle, ma raison de vivre. Ils deviennent tous candeur et légèreté, rire et joie de vivre, douceur et sérénité. J'ai le sentiment de reprendre possession de mon corps, de ne plus être un spectateur de ma propre déchéance, je me sens vivant !
C'est à ce moment là qu'un homme, un appareil photo chromatique en bandoulière, s'arrête face à moi et me regarde droit dans les yeux. Il ne dit rien mais je le sens envahie par la même émotion. Serait-il empathe ? Une vibration puissante et chaleureuse qui me réchauffe et dont les flammes semblent toucher cet individu planté là devant moi.
Il me saisit la main et m'invite à le suivre sans dire un mot, et curieusement, je le suis sans même m'interroger. Nous marchons, Jojo nous suit en me regardant. Je ne pense à rien, pas même aux mots assassins de celle que j'ai aimé, ... ni même au ressentiment face à la trahison de mon frère. Je suis toujours dans ce nuage sucré tel une barbapapa que j'aurais aimé offrir à ma Myriam. Un son de clefs me sort de cet état de transe et je vois mon guide les insérer dans une serrure d'un lieu devant lequel j'étais souvent passé sans m'arrêter. Je lève la tête et aperçois la devanture d'un coiffeur-barbier branché. Je commence à m'interroger mais ne dis toujours rien et lui non plus.
Nous rentrons, il me mets une cape et m'installe pour me faire un shampoing. A ce moment, j'entends les premiers accords de la chanson "Stairway to Heaven" de Led Zeppelin émaner de l'enceinte blutooth. Je me sens embarqué, me laisse faire et apprécie ce moment ! Jojo s'allonge à mes pieds, apaisé.
L'homme m'invite ensuite à m'asseoir dans le fauteuil du barbier. Je me vois dans ce miroir et ne me reconnais pas, je sens des larmes monter et m'installe. C'est à ce moment là, avant de tourner le siège qu'il me regarde droit dans les yeux et me parle.
Excusez-moi par avance de mon comportement étrange mais votre regard m'a bouleversé, je ne sais de quoi il était chargé mais j'ai eu envie de le photographier, le capter et le mettre en valeur. Je m'appelle Hank et vous propose de vous faire une coupe et tailler votre barbe pour ensuite faire quelques clichés de vous. Vous devez absolument garder cette barbe, elle met vos yeux en valeur et fait partie de vous désormais, de votre histoire... que j'aimerai d'ailleurs que vous me contiez. Me laisserez-vous faire ?
Je suis tellement abasourdi que je ne prononce toujours rien. Jojo aboie comme pour donner mon approbation. La chanson "Hold the line" de Toto résonne au moment où finalement il prend mon silence pour un oui et tourne le fauteuil vers le miroir.
Que se passe t'il ? Est-ce un message divin ? Serait-ce un ange-gardien ? Je n'ai plus de mots et ferme les yeux ...
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