Exil
Rivedaux fournissait déjà des fonds aux forces de la ligue des parfaits, mais à partir de 1631, le royaume envoya également des troupes. L'armée du Rivedaux s'était perfectionné depuis l'offensive coup de poing, et le fait que leur pays n'ait pas été déchiré par la guerre leur avait permis de prendre de l'avance sur le plan technique, d'autant que la disparition d'une part conséquente de la noblesse avait entraîné une vague de réformes assurant l'absolutisme du roi, et la modernisation du pays.
Les mercenaires qui avaient été employés pendant une bonne partie de la guerre avaient été sources de nombreux problèmes, pillages et autres exactions figurant au compte des défauts de ces groupes sans foi ni loi. L'armée de Rivedaux était désormais une armée de soldats de profession au service de leur pays. Les mousquets remplaçaient totalement les lances, et notamment leurs fusils étaient équipés de baïonnettes, ce qui était une première dans l'histoire.
Ces troupes fraîches se lancèrent à l'assaut du Kaiserreich, et acquirent très vite la réputation d'être des gens nettement plus courtois que les mercenaires. Toutefois, certains généraux de Rivedaux, dont le plus connu fut sire Richard Rostand, se laissèrent séduire par la cause des indépendantistes en laquelle ils voyaient un excellent moyen d'affaiblir l'empire, adversaire historique de leur pays, et ils se joignirent avec allégresse aux massacres des familles d'origine Gottes volk. Un lieutenant du nom de Fernand de Boulville écrit même une chanson violemment raciste reprenant le refrain «smert' ugnetatelyam», en déformant son sens.
Sire Richard Rostand se lia d'amitié avec Krasny de Voronoy. Les deux hommes partageaient leur vin et leurs jeux. Il leur arriva de combattre épaule contre épaule, et on dit même qu'à une occasion Krasny lui sauva la vie sur le champs de bataille.
En 1639, les deux hommes parvinrent devant la ville de San Lettzi, dans le royaume vassal de Varègues. La ville était sous contrôle des orthodoxes, mais étant traversée par une source sacrée, c'était un lieu saint aussi bien pour les parfaits que pour les orthodoxes, et on leur recommanda donc de ne pas souiller le sanctuaire.
Finalement, après un siège long mais assez calme, la ville accepta de se rendre, mais Krasny ordonna à ses corbeaux de sang de massacrer toute la population et de détruire les infrastructures religieuses. Celles ci étaient d'après lui la marque des Gotts et devaient être détruites. Lorsqu'un prêcheur Parfait vint inspecter la ville et fut témoins de la destruction qu'il avait occasionné, il accusa Krasny d'hérésie. Celui ci saisit alors le prêtre et le noya dans la source sacrée. D'après certaines versions il l'aurait également violé puis éviscéré.
Ce n'est qu'à ce moment là qu'aussi bien parfaits qu'orthodoxes se décidèrent à faire le décompte des crimes et des trahisons perpétré par le nordique. Notamment, l'organisation du massacre des Gotts lui fut accordé, ce qui mît les puissants du Kaiserreich dans une fureur sans nom. En 1645, les deux camps déclarèrent que Krasny était « mis au ban de l'empire». C'est à dire qu'il était déchu de tous ses droits et que n'importe qui avait le droit et le devoir de le tuer. Les hommes de Rivedaux furent les seuls à ne pas approuver cette mesure, et ils permirent à Krasny de s'exiler dans leur capitale de Sardon. Le légendaire « M'sieur de Voronoy » dût finalement abandonner son armée pour échapper à une foule d'assassins lancés à ses trousses. Il se réfugia à Sardon dans une propriété appartenant à son ami Richard Rostand. Il resta caché là pendant plusieurs années, menant une vie confortable, mais devant régulièrement déjouer des tentatives d'assassinat à son encontre. L'ironie du sort était que personne ne se souvenait que quarante ans plus tôt il était venu avec son armée jusqu'ici au cours de l'offensive «coup de poing» et avait tourné les talons juste avant d'attaquer la ville qui lui servait maintenant de refuge.
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