La valse de la feuille morte
Lever de rideau sur ma journée. De timides rayons lumineux transpercent les sombres nuages, tandis que le vent frappe la fenêtre de la chambre. Aujourd'hui, le temps sera couvert, incertain. Comme hier, en somme. Je ne sais pas quoi me mettre, avec tout ça. Deux jours qu'il vente et qu'il pleut par intermittence, et voilà que le soleil y met du sien dès ce matin !
L'automne est vraiment une saison étrange. Comme une amie qu'on n'aime pas à sa juste valeur, parce qu'elle n'arrive pas à se hisser à hauteur de celles qu'on lui préfère. Elle ne fait que le lien entre l'été et l'hiver, par vagues de froids et éclaircies. Avec elle, on se souvient des beaux jours et on anticipe les coups durs, mais on ne vit pas tant l’instant présent.
Dehors, les pruniers ont perdu de leur superbe. Avec leurs ramures à nu, on dirait des vieillards en fin de vie qu'on viendrait de déshabiller. Leurs habits ocres recouvrent la pelouse humide.
Une feuille s'envole lentement par-dessus le grillage du jardin. Elle plane, virevolte en tous sens, comme si la Nature lui avait subitement fait don de la vie. Je la regarde, intrigué par sa course frénétique. Une danseuse en plein gala ! J'admire le spectacle de ses mouvements gracieux. Elle s'élance très haut, s’immobilise dans l’air, tourbillonne un long moment, puis retombe sereinement vers le sol. Elle se pose, s’écrase un peu plus loin, et j’ai l’impression qu’elle meurt une seconde fois, avec élégance.
J'ouvre la penderie, choisis un gilet. Aujourd'hui, ce sera peut-être une belle journée.
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