Trés émue, je fixais le document qui venait de m'être remis. Mon diplôme d'infirmière. J'en avais désormais terminé avec les études supérieures, j'allais pouvoir travailler. Les professeurs m'avaient adressé leurs félicitations et même le directeur de l'école n'avait pas été en reste pour souligner la persévérance et le courage dont j'avais fait preuve après l'interruption imprévue de mon cursus. Mais cela était désormais loin derrière moi et tout ce qui comptait, c'était ce papier. Et les portes qu'il allait m'ouvrir.

- Ca y'est, baby.

Je relevai les yeux. Lynn était à mes côtés et souriait. Je pouvais lire tant de fierté dans son regard que j'en fus plus émue encore. Je lui sautai au cou, nouant mes bras sur sa nuque et lui soufflai à l'oreille :

- C'est grâce à toi. Sans toi, je n'aurais pas réussi...

- J'ai rien fait... protesta-t-il. J'étais même pas capable de te faire réciter par coeur tes molécules et tous les trucs bizarres, là...

Je ris contre son épaule.

- Peut-être, mais tu as quand même fait une chose essentielle : tu as signé deux chèques. Et sans cela, ce métier, c'était à oublier pour moi... J'aurais fait autre chose, mais...

- C'était normal, baby. Allez, viens, on va retrouver les autres et fêter ça ! J'en connais une qui doit tellement trépigner qu'elle va rendre Stair complètement fou !

- Ca ne va pas changer grand-chose, répondis-je. Il est déjà fou d'elle...

- C'est pas faux, fit-il avec un sourire pétillant.

Nous étions venus tous les deux en moto, pour cette remise du diplôme, et je suivis Lynn à travers les rues. J'étais contente de refaire quelques sorties avec lui, car depuis le début de l'année, depuis que l'achat du futur studio et futur appartement avait été entériné, il passait son temps entre Glasgow et Manchester, pour suivre le chantier. En général, il partait là-bas en début de semaine et revenait pour passer le week-end avec moi. Stair et Snoog l'accompagnaient quasiment à chaque fois et ils y retrouvaient Treddy. Cette implication des garçons dans leur futur lieu de travail était encore un bon signe : on les sentait très motivés à poursuivre l'aventure du groupe. Snoog semblait de plus en plus heureux de s'installer lui aussi en Ecosse. D'une certaine façon, tout comme moi, il avait été marqué par les premiers concerts, les premiers voyages effectués là-bas. Il avait découvert un pays qu'il ne connaissait pas du tout, et se sentait au fil du temps de plus en plus d'affinités avec ses habitants. Sans doute aussi que le succès rencontré là-bas par la chanson Morte Ghlinne Comhann n'y était pas étranger, mais même sans cette chanson, il aurait eu plaisir à s'y installer.

Nous nous arrêtâmes près du Blue Limon et rejoignîmes nos amis qui nous attendaient à l'intérieur. Snoog dégaina le premier en lançant :

- Vous en avez mis, du temps ! Vous avez fêté ça sans nous ?

Lynn répondit par un mince sourire alors qu'Ally quittait sa chaise et me prenait dans ses bras :

- Félicitations ! Super, Jenna ! Je suis contente que tu me rejoignes au club des diplômées ! On ne peut pas en dire autant de ces gars-là... fit-elle avec humour en les désignant du pouce.

- Je pense qu'ils n'ont pas besoin de diplômes pour assurer là où ils sont excellents, répondis-je.

- T'as raison, Jenna, fit Snoog. Si tu veux, j'te fais une démo !

J'éclatai de rire. Le Snoog dragueur avec ses gros sabots était de retour ! Mais malgré sa tirade, son regard pétillait d'intelligence. Il reprit :

- Bon, la première tournée, c'est pour moi. Mais après, fillette, c'est pour toi.

- Ah ? fis-je étonnée et je me tournai vers Lynn.

Ce dernier avait l'air aussi surpris que moi, ce qui n'était pas le cas de Stair et Ally.

- Yep, expliqua Snoog, j'ai aussi quelque chose à fêter.

- Tu as décroché quelque chose, toi ? lança Lynn.

- Ouais. J'ai trouvé un appart' cette semaine. Rive sud. Pas trop loin du studio. J'pourrai y aller à pied, c'est impeccable. J'avais pas du tout envie de m'emmerder avec une caisse.

- C'est une super nouvelle, fis-je. Tu as raison pour les deux tournées. Et on mangera un peu aussi. Lynn et moi, on conduit...