Le rêve de Chérie

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   — Chéri, j'ai fait un drôle de rêve cette nuit.

   — Ah ! Et il t'arrivait quoi dans ce rêve ?

Chéri faisait semblant de s'intéresser à ce que Chérie voulait lui raconter. Au fond de lui, il trouvait enfantin ces histoires à dormir debout qu'elle lui assénait dès le réveil. Mais Chéri aimait Chérie, alors que n'aurait-il pas fait pour lui faire plaisir !

   — Figure toi que des extraterrestres m'enlevaient dans leur soucoupe volante...

   — Et menaient sur toi des expériences particulières.

   — Comment le sais-tu ?

Chérie était stupéfaite. Il soupira.

   — Enfin mon amour, c'est un grand classique. De nombreuses personnes prétendent avoir été enlevées comme toi, et avoir subi des...expériences sexuelles.

Il avait hésité à prononcer le mot connaissant la pudeur de sa femme. Elle rougit avant de soupirer.

   — Tu vois bien que c'est sérieux. Si je ne suis pas la seule, alors... Tu veux dire que mon rêve était réel !

L'idée lui était venue brusquement et la frappait de stupeur, presque de terreur.

   — Mais non, ma chérie, cela veut seulement dire que tu n'es pas la seule à penser à ça en dormant. Je suppose que c'est un peu de ma faute, Hier soir, j'étais vraiment épuisé par ma journée de travail. Je n'ai pas eu le courage de te satisfaire comme il convenait. Tu étais donc frustrée, et ton rêve en est la preuve.

Chérie hocha de la tête sans être totalement convaincue.

   — C'est vrai que tu me négliges un peu ces temps-ci.

   — N'exagère pas ! Ce week-end, nous l'avons fait trois fois...

   — Je trouve que tu considères ça plus d'un point de vue comptable qu'amoureux.

Contrarié par l'accusation qui n'était peut-être pas dénuée de fondement il abandonna la discussion et se dirigea vers la salle de bain.


Un peu plus tard, ils étaient en voiture sur la route du travail, lorsque Chérie remit la question sur le tapis.

   — Tu sais, je me demande... si des extraterrestres venaient réellement sur la Terre... enfin, ils pourraient peut-être agir comme cela. Ils voudraient nous connaître, faire des expériences... Pour eux, nous ne serions que des animaux de laboratoire.

Chéri secoua la tête, navré, mais il savait aussi qu'il était vain de vouloir la convaincre que tout cela tenait du fantasme pur. Il décida d'entrer dans son jeu.

   — Tout d'abord, raconte-moi. Ils étaient comment ces extraterrestres ? Verts ? Gris ? Grands ? Petits ?

   — Tu te moques de moi, encore une fois !

   — Mais non je t'assure. S'ils arrivent bientôt, il vaut mieux que je sache à quoi m'attendre.

Elle lui jeta un regard en coin, peu convaincue de sa sincérité. Mais, elle avait trop envie de raconter son rêve, alors elle se lança.

   — Pour la couleur, je ne sais pas. Ni vert ni gris, un peu des deux... Ah si ! Je crois qu'ils étaient gris avec des vêtements verts.

   — Des vêtements ?

   — Ben oui quoi ! Ils viennent de loin, ils sont bien plus évolués que nous, alors ils ne se baladeraient pas à poil dans l'espace. Déjà que toi, tu n'aimes pas que j'entre dans la salle de bain quand tu prends ta douche...

   — Bon bon, d'accord. Ils étaient gris et habillés en vert. Ensuite...

   — Attends que je réfléchisse... Les premiers que j'ai vus, avaient des habits gris, comme des uniformes. Ils ne devaient pas mesurer plus d'un mètre cinquante. C'était ceux du laboratoire qui étaient habillés en vert, des sortes de blouses en plastique.

   — Et ils avaient quel aspect ? Ils avaient des bras, des jambes..

   — Heu, je me rappelle surtout de ceux du laboratoire. Ils étaient grands et gros, plus de deux mètres, et peut-être deux cent kilos, avec des tentacules.. Beurk ! Ils étaient vraiment repoussants.

   — Et ils t'ont fait quoi, dans leur laboratoire...

   — Hé, grand dégoutant, tu ne crois pas que je vais te raconter tout ça en détail !

Chérie était rouge de confusion, et un peu en colère. Visiblement, Chéri ne s'intéressait à son récit que parce qu'il espérait des détails croustillants. Ils roulèrent un moment en silence. Mais, avec Chérie, cela ne durait jamais longtemps.

   — D'après toi, s'ils arrivaient, que se passerait-il pour nous les humains ?

Chéri se gratta la tête, essayant de trouver quelque chose qui élèverait un peu le débat.

   — Eh bien, s'ils étaient capable de traverser l'espace, c'est que leur civilisation serait très en avance sur la nôtre. Alors, ils auraient le choix, soit de nous aider à évoluer, en partageant leur savoir avec nous, ou alors, ils annexeraient la Terre, pour piller ses richesses et nous deviendrions leurs esclaves.

Chérie ne répondit pas, perdue dans sa réflexion. Et s'ils nous considéraient seulement comme des animaux de laboratoire comme elle l'avait rêvé cette nuit. Ça semblait si réel. Elle en avait des frissons. Chéri la regarda à la dérobée. Elle semblait vraiment perturbée et il eut peur de l'avoir effrayée.

   — Mon amour, tu ne dis rien ? Tu n'es pas d'accord avec moi ?

Elle hésita, de peur de sembler ridicule à ses yeux, mais finalement se décida.

   — Je crois que mon rêve est un message, qu'ils envoient à certains humains, pour nous préparer à leur arrivée.

Chéri eut envie de se prendre la tête dans les mains de désespoir devant tant de naïveté, mais comme il conduisait, il s’abstint de prendre ce risque. Il décida de se servir de l'humour pour dissiper le climat morose en train de s’installer.

   — Tu n'es pas enceinte au moins ?

  — Pourquoi tu me demandes ça ? Nous faisons tout ce qu'il faut pour nous protéger...

   — Les femmes qui prétendent avoir été enlevées par des alien,s racontent qu'elles s'étaient retrouvées enceintes mystérieusement, puis que les « visiteurs » étaient revenus, pour leur voler leur fœtus .

   — C'est dégoutant ! Tu...

Elle se tut brusquement lorsque le moteur de la voiture s’arrêta. Chéri débraya et la laissa rouler sur son élan, jusqu'à trouver un emplacement pour se garer. Il sollicita le démarreur, en vain.

   — Nous sommes en panne, mon amour. Je suis désolé, mais il semblerait que la batterie vient de nous lâcher. Zut, mon smartphone s'est éteint lui aussi. Il faut continuer à pied, ou en stop. Qu'en dis-tu ?

Surpris de ne pas avoir de réponse, il se tourna vers sa femme, mais elle n'était plus là. Son siège était vide. Affolé, il regarda à gauche et à droite de la voiture, devant, derrière, rien. Chérie avait disparu. Il bondit hors du véhicule, et là, son attention fut attirée par une grosse masse sombre dans le ciel. C'était rond, avec des lumières rouges qui clignotaient. L'objet semblait tourner lentement sur lui-même, puis, brusquement, il accéléra et disparut en quelques secondes dans le ciel.

Décontenancé, il revint vers sa voiture, et se réinstalla derrière le volant. Le moteur démarra à la première sollicitation. Songeur il passa la première vitesse, et lâcha progressivement la pédale d'embrayage. Une idée lui avait traversé l'esprit et le tracassait.

« J'espère qu'ils ne vont pas me la rendre enceinte ! »

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