Enfariné.
Les oiseaux chantaient joyeusement sur le rebord de la fenêtre, partageant leur contentement face au beau temps qui s'installait depuis quelques jours. Mais ce n'était pas au goût de tout le monde.
Michel se réveilla en bougonnant du bruit que les piafs faisaient alors qu'il voulait dormir. Une fois les yeux entrouverts et après sa petite colère passée, le brun se demanda où il se trouvait.
Il ne connaissait pas ce décor et n'avait pas d'oiseaux sur ses fenêtres de chambre habituellement. Il ouvrit un peu plus les yeux, chose difficile puisque que le soleil venait lui taper le visage. Il aperçut des couleurs sobres mais élégantes, des meubles simples mais mignons, tout le contraire de son lieu de vie.
Il tourna légèrement la tête vers sa gauche et y vit un joli dos dénudé, étendu et illuminé gracieusement par le rayonnement solaire. Une longue chevelure reposait sur l'oreiller. Le fin drap dévoilait la courbure d'un fessier appétissant et Michel eut envie de laisser ses mains se balader sur ce joli corps. Qui est cette personne ? Pourquoi semble-t-elle être nue, comme moi ?
Prenant un peu de courage, il posa ses doigts sur l'épaule de l'inconnue afin de la réveiller. De cette dernière s'échappèrent quelques grognements qu'il trouva adorables. Il se permit de caresser la peau de la femme, ce qui lui donna immédiatement chaud. Diable, que sa peau est douce ! Michel continua puis descendit un peu plus vers le dos.
— Tu ne veux pas décuver avant qu'on retente quelque chose ?
La voix de son inconnue le faisait déjà voyager, tant elle était mélodieuse.
Bizarrement, Michel se sentait guilleret sans en connaître la raison, peut-être parce qu'il était encore endormi et que ses esprits n'étaient pas encore repris. On pouvait dire qu'il avait la tête enfarinée en ce lendemain de soirée, dont il n'avait aucun souvenir.
Une douleur vive en haut de ses cuisses lui rappela qu'il n'était pas encore tout à fait éveillé, mais qu'il pouvait à tous moments faire des folies.
La femme se retourna de vers lui, les yeux légèrement ouverts et la poitrine visible. Michel osa poser un long regard sur cette merveilleuse inconnue, dont il ne reconnaissait pas le visage.
— Bonjour, toi. Tu n'as pas mal au crâne avec la sacrée soirée qu'on a eue ?
Michel avait beau réfléchir, il ne se rappelait de rien et ça le frustrait.
— Euh.. Je ne suis même plus sûr de comment je m'appelle.. donc cette soirée semble ne pas exister dans ma tête ! Et d'ailleurs, si, j'ai un peu mal au crâne.
L'inconnue rit devant les réactions de son compagnon de lit.
— Je vois.. Bon dans ce cas, je te rappelle que ton prénom est Michel, le mien est Alison. On s'est rencontré dans une salle de trampolines. Après s'être rentrés dedans assez violemment, tu étais plus sonné que moi pendant une bonne heure. Puisque j'habitais juste en face, mes amis t'ont ramené ici, pour s'assurer que tu allais bien, puis ils sont partis, en nous laissant les deux.
Fixant le plafond pour retrouver ses souvenirs, l'homme semblait petit à petit imaginer la scène sans pour autant savoir s'il la voyait grâce à son imagination, ou parce que Alison venait de lui expliquer et que les souvenirs revenaient.
— Et ensuite ?
— Ensuite, on a passé la soirée à parler, tu semblais aller bien, tu avais juste une bosse sur le front mais tout était normal.
Michel se toucha le front et grimaça. Voilà d'où vient cette sensation de barre sur le front. Ou était-ce aussi à cause de la boisson ?
— On a bu de l'alcool ?
— Pas une seule goutte !
Alison se releva afin d'être assise sur le lit, elle mit sa tête en arrière pour profiter de la chaleur du soleil sur le haut de son corps nu.
— Au bout de quelques heures ensemble, on sentait une certaine attirance. On s'est embrassés, puis on a commencé à flirter jusqu'au lit. Mais ça ne s'est pas passé comme on le voulait. Ton choc à la tête avait dû mettre ton corps en pause, parce que tu n'as jamais réussi à avoir une érection.
Elle baissa son regard sur la partie de drap dressée à côté d'elle.
— Mais à ce que je vois, ça va mieux pour toi !
Michel se sentit rougir. Savoir qu'il avait été impuissant la veille et qu'il n'avait donc pas su faire ce qu'il était censé faire le dérangeait, son ego étant atteint.
— Ne t'inquiète pas, ça arrive à tout le monde et puis là c'était à cause de notre altercation.
— On a fait quoi du coup ?
— On s'est endormis, tout simplement.
Le brun hocha la tête, sans savoir quoi dire. Mais il sentait le regard insistant de Alison, posé sur lui. Il tourna la tête pour la regarder et vit une expression coquine sur son joli visage.
— Et si... On retentait là maintenant ?
Alison se mordit la lèvre inférieure, visiblement excitée. Elle prit une des deux mains de Michel et la mit sur sa poitrine, dans un appel assez explicite, auquel il ne mit que quelques secondes avant de répondre à la provocation.
Il caressa les seins de Alison qui semblait ravie de la situation, puis elle s'avança plus près de lui pour l'embrasser, bien loin de se préoccuper de leurs haleines.
Très vite la tension sexuelle augmenta, leurs corps se réchauffèrent, le soleil n'étant plus la source première de chaleur et de plaisir. Chaque contact les brûlait comme s'ils étaient en feu.
Les deux amants se découvrirent enfin avec impatience, mais avec une tendresse infinie qui semblait profondément les marquer.
Peu à peu, les oiseaux s'envolèrent, agacés d'être dérangés par des humains qui faisaient trop de bruit à leur goût. Comme une petite vengeance, les volatiles laissèrent des traces de leur passage sur la fenêtre.
Mais Alison et Michel étaient bien loin de s'occuper des oiseaux. Ils avaient enfin une connexion intense qui les faisait vibrer de l'intérieur.
Aucun d'eux n'aurait cru qu'une sortie pour faire du trampoline déboucherait sur des étreintes enflammées.
La tendresse du début devint plus torride et brusque sans aller dans la violence, juste suffisamment de poigne pour passer dans une dimension plus excitante encore.
La chevelure agrippée un peu trop fortement, des morsures de plaisirs laissant des marques, un corps à corps passionné, qui se termina sur le sol lorsque le lit cassa.
Les deux adultes éclatèrent de rire, surpris par la situation.
— Oups, je crois qu'on est allé trop fort pour ton lit !
Alison rit de nouveau avant de se mordre la lèvre inférieure, toujours affreusement en demande de charnel. Son lit cassé ne l'empêcha pas de monter à califourchon sur Michel et de se laisser aller, sans retenue, jusqu'à l'apothéose commune.
Une énième étreinte, mais cette fois-ci dans un long câlin post-orgasmique rempli de douceur.
— Je peux remercier le destin qui nous a fait nous rentrer dedans au parc des trampolines !
Michel sourit mais ne répondit rien. La reverrait-il après cette journée et ou était-ce juste une histoire de quelques heures ? Il ne savait pas, et ses doutes se renforçaient avec les souvenirs qui refusaient toujours de lui revenir en tête.
Après tout, ce choc à la tête ne lui avait-il pas laissé des traumatismes dans le crâne ? Avait-il rêvé toute cette scène ou avait-elle été réelle ? Peut-être aura-t-il des réponses plus tard.
Il sombra dans un profond sommeil, une drôle de sensation le remplissant.
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