Idylle mortelle.
Gontran et Esmée étaient excités de partir loin des problèmes, rien que tous les deux, et pouvoir vivre leur amour aux yeux de tous sans avoir peur des représailles.
Leur situation était plutôt délicate à gérer. Gontran était un homme âgé d'une cinquantaine d'années, et avait un passé plutôt agité criminellement parlant, tandis que Esmée était dans ses plus belles années. Vingt cinq ans, belle et ambitieuse, elle avait remué ciel et terre pour pouvoir vivre son histoire d'amour avec l'ancien bandit, quitte à se mettre à dos toute sa famille et son entourage. Mais peu lui importait, puisqu'elle avait à ses côtés le seul homme qui avait réussi à crever sa carapace et lui avait fait découvrir la magie d'être amoureuse.
Vivre cachés les avait amusés quelque temps, mais ils avaient très vite voulu pouvoir se sentir libres, ce qui leur avait posé beaucoup de problèmes. C'était pour cette raison que le couple avait décidé de faire leurs valises et de partir pour une durée indéterminée dans un endroit paradisiaque.
Leur entrée en Amérique avait été compliquée par un contrôle de douane particulièrement attentif quant au passé de chaque individu mais, par magie, le couple avait pu accéder au territoire et voyager jusqu'aux Bahamas.
— On a eu chaud !
— On aurait fait quoi si le territoire nous avait refusés ?
— Ce n'est pas le cas, alors ne t'inquiètes pas, chérie.
Le couple passa du bon temps pendant des semaines, à se prélasser au soleil, dans les jacuzzis et saunas, dans les restaurants coûteux et casinos, vivant leur plus belle vie, sans même imaginer ce qui se tramait derrière eux.
L'unique raison pour laquelle le territoire les avait acceptés était qu'une enquête de police ainsi qu'un détective menaient une enquête sur eux et le passé de Gontran. Les laisser passer pouvait les aider à clôturer les histoires de gangs et de drogues vendues aux quatre coins du monde, peut-être même trouver des complices insoupçonnés.
Ils allaient vite se rendre compte que leur escapade en amoureux allait virer au cauchemar.
Alors que le couple se promenait le long de la plage sur laquelle leur pavillon de vacances donnait, une attaque inattendue fit basculer leur belle soirée.
Un sac apparut sauvagement sur leur tête, des coups de poings puissants dans le ventre puis les côtes et les jambes pour affaiblir les victimes, Ils se firent traîner sur le sable avant d'être violemment jetés dans une camionnette.
De nombreux autres coups douloureux furent lancés au hasard sur les corps pendant le trajet jusqu'au lieu prévu.
Gontran qui ne cessait d'appeler Esmée, ne reçut aucune réponse de la dernière, à la place il encaissa des insultes et de la brutalité par ses assaillants, pour le faire taire.
La camionnette arrêtée, les deux amoureux se firent pousser au sol, puis relevés aussi sèchement avant de tourner en rond, histoire qu'aucun d'eux ne puisse marcher correctement.
Très vite, ils se firent ligoter sur des chaises et le sac sur leur tête disparut, les laissant voir une salle sombre et poussièreuse remplie de chaînes et d'outils de torture.
— Esmée ! Esmée, tu m'entends, ma chérie !
Gontran appelait sa moitié, mais en vain, Esmée s'était évanouie par tant de violence et de stress.
— Ferme ta gueule, Gontran !
Le concerné releva la tête vers la voix masculine, qu'il connaissait bien.
— Relâche-nous Maximus !
— Et puis quoi encore ? Tu veux que je te donne mon fric et mes nanas aussi ? Tu rêves ! Tu ne m'as pas écouté, tu vas devoir en assumer les conséquences, comme un grand garçon.
Maximus éclata de rire, il avait hâte de voir son frère souffrir.
— J'ai arrêté tout trafic et je me suis rangé, alors je ne sais pas de quoi tu parles !
Esmée se prit une énorme gifle qui fit bouger la chaise et hurler Gontran.
— Ne la touche pas, grosse merde !
— Ah, t'as beau être mon grand frère, t'es le plus con de nous deux. Je t'avais pourtant bien dit de ne plus approcher cette belle créature et tu ne m'as pas écouté. Je t'ai laissé plusieurs chances, mais tu as préféré promettre du fric à n'importe qui pour être protégé. Sans même savoir que j'avais repris le flambeau en force ! Tu as fait des dettes à MES hommes.
Gontran sentit tout son sang quitter son corps, il s'était mis dans la mouise en voulant protéger Esmée. Il avait peu d'espoir de s'en sortir, vu la détermination de son petit frère, il espérait juste pouvoir faire épargner Esmée.
— Laisse-la partir, ne la mêle pas à nos histoires !
— Mais enfin Gontran, elle fait partie de nos histoires ! Elle en est même la cause !
Maximus frappa au visage la jeune femme jusqu'à ce qu'elle se réveille.
— La belle est enfin de retour parmi nous ! Bienvenue, beauté. Tu vas pouvoir participer à la mort de ton chéri !
Esmée tentait de se débattre pour se libérer, mais il ne lui restait guère d'énergie.
— Tu te rappelles de ce que tu as fait, pétasse ?
La jeune femme ne répondit pas, ce qui énerva Maximus. Ce dernier s'approcha alors de Gontran et lui mit plusieurs coups de poings puis sortit un couteau qu'il promena sur le corps du cinquantenaire.
— Dis à ton cher amoureux ce que tu as fait ! Dis-le ou je le tue !
— Je.. Je me suis servie de Maximus.
Gontran regarda sa compagne sans comprendre.
— Explique-lui tout et dépêche-toi !
Maximus enfonça son couteau dans une cuisse de Gontran.
— Arrête ! Je me suis servie de lui, pour pouvoir te charmer et récupérer la médaille de mon ex, elle coûte une fortune !
Gontran crut voir tout son monde s'écrouler. Il avait tout arrêté pour elle, il était devenu un individu modèle pour la rendre heureuse, et elle s'était juste servie de son frère, puis de lui.
— Je te promets que tout ce qu'on a vécu n'était pas du cinéma ! Je suis tombée sous ton charme avant même que tu ne fasses réellement attention à moi ! Et la preuve, je ne t'ai jamais rien demandé à propos de cette médaille !
— Je n'arrive pas à le croire, t'es qu'une salope !
Maximus aimait voir cette relation se dégrader sous ses yeux. Esmée devait mourir, elle avait fait en sorte qu'il tombe amoureux d'elle pour charmer son frère, et tout ça dans un but égoïste de fric. Elle souffrirait d'avoir été une manipulatrice et crèverait sur cette chaise pour avoir pensé s'en sortir sans aucun problème.
La jeune femme se fit torturer une bonne dizaine de minutes, sous les cris de douleur de Gontran qui détestait voir Esmée souffrir.
Maximus aurait adoré les torturer longtemps mais une alarme toute proche le prévint que la police arrivait dans la cour et qu'il fallait fuir au plus vite. Il égorgea rapidement Esmée puis tordit le cou de son frère avant de sortir par le toit.
Mais tout le bâtiment était cerclé, même le toit qui était d'ailleurs renforcé.
— C'est fini pour toi ! Mets-toi à genoux et débarrasse-toi de tes armes !
Le piégé ne se laissa pas impressionner. Il vit au loin un hélicoptère de la police, corde tendue, arriver rapidement. Il savait qu'il lui suffisait de quelques secondes pour s'en tirer, mais ces quelques secondes pouvaient aussi le tuer.
Les hommes présents ne bougèrent pas en voyant l'hélicoptère, pensant que c'était une équipe de renfort.
Maximus fit un signe discret et le bâtiment explosa, il eut à peine le temps d'agripper la corde que le feu atteignit une partie de son pied.
— Vite ! Vite ! Remontez !
L'hélicoptère se redressa et prit de la hauteur. Deux hommes remontèrent la corde et aidèrent Maximus à entrer dans le véhicule.
— Vous avez été au point ! Une seconde plus tard et j'étais mort !
Le criminel rescapé se coucha sur l'espace vide de l'hélicoptère pour reprendre son souffle.
— J'ai tué Esmée et mon frère. Et j'ai pu récupérer la médaille, elle était dans une poche de Gontran !
Le groupe d'hommes se réjouit de la fortune qu'il allait avoir avec cette médaille, une vente à trois millions, deux millions de bénéfice. L'avenir criminel leur souriait encore plus à cet instant.
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