Une fois à la maison nous montons discrètement dans ma chambre.

Il doit être minuit.

Nous trouvons sur mon lit deux assiettes encore fumantes de dinde. Alfred et son impression qu'on meurt toujours de faim... Nous dévorons malgré tout la viande et les légumes assis devant ma télé.

Mais mon regard se perd un instant pour regarder l'heure : 1h34. Je sais pas pourquoi je regarde.
Alfred avait laissé un mot avec le repas :

« Mangez bien. Jeune maître, votre père ne rentrera pas ce soir. Ne l'attendez pas. ».

Je continue à regarder l'émission en silence, la tête pleine.

Je ne sais pas ce que je ferais si Jon ne m'accordai plus toute cette attention en fait.

J'ai des amis...enfin...j'en ai un. Il y a mes frère aussi. Mais aucun d'entre eux ne pourrait m'apporter l'attention dont j'ai besoin. Et surtout pas mon père. Et Alfred est payé pour ça. Bref on finit par se sentir bien seul dans une si grande chambre.

Après le film nous prenons nos douches et nous nous couchons.
Jon dort sur son matelas ce soir. Ça me fait presque de la peine de le laisser par terre en fait...
Lui donner mon lit ce serait trop ?

Sept mois sont passés. Le père de Jon n'est toujours pas rentré. J'ai finalement laissé mon lit à Jon qui ne veut toujours pas dormir seul...

Mon père paye des cours à domicile pour Jon, vu qu'il ne peut pas retourner à son école pour l'instant. J'en ai aussi, mais pas au même niveau. Je suis beaucoup plus en avancé que lui là dessus.

Je suis donc ce que me dit M.Bertovski depuis trop longtemps... Quelle heure est-il ? J'en sais rien. Pas d'horloge et le téléphone est interdit.

Jon est dans la pièce d'à côté.

Je me demande si il a beaucoup d'amis à son l'école ? En fait ça fait quoi d'aller à l'école ?

Quand j'étais avec ma mère, elle ne m'envoyai presque jamais à l'école. J'y allé quand je le voulais. Mais comme je m'ennuyais en cours, j'y allé rarement. De toute façon j'apprends mieux seul.

M.Bertovski me parle de la Chine et de la vitesse à laquelle elle conquit le monde grâce un son "président" Xi Jinping.
M'en fou complètement.

Mon regard se perd dans la grande pièce et tombe sur une photo de famille.

Un visage aigris attire mon attention.
Jason...ça fait plus d'un an qu'il n'est pas revenu nous voir. Une fois on est resté plus de quatre ans sans nouvelles.

A 26 ans, c'est devenu un des meilleurs soldat de son régiment. Lui c'est un guerrier, un vrai, comme mon père. On l'envoie sur les terrains et les affaires les plus délicates. Mais ses mains sont pleine de sang... Je le sais. Mon père n'aime pas en parler, mais moi je l'ai très bien compris. Jason a le sang chaud et quand il est en colère, rien ne peut l'arrêter.

Et puis Jason a vécu de sérieux traumatismes pendant son enfance. Son père biologique était extrêmement violent avec lui et sa mère. Et être militaire par la suite, ne l'a pas aidé. Une fois Dick m'a avoué que si Jason avait mis tant de temps à revenir c'est parce qu'il avait été capturé par le camp d'en face. Enfermé et torturé pendant des mois...il y a vraiment que lui qui pouvait s'en sortir. A son retour, il n'a rien laissé paraître. On a passé le noël le plus normal du monde.

A part que c'était la première fois que je voyais Jason aussi heureux d'être avec nous.

Mais la main de M.Bertovski devant mes yeux fait s'effacer mes pensées. Qu'est ce qu'il veut lui ?? Il dit de sa voix grave :

-Heu monsieur, votre cours est terminé, il est midi.

Ah ! Voilà une bonne nouvelle ! J'avais trop hâte de vérifier les dires de Tim.

Je le remercie et cours au jardin.

Alors ? Est ce qu'il avait raison ?? Oui ! Jason est là, il travaille sur sa moto! Il est revenu ! Tim l'avait dit, mais je pensais qu'il se foutait encore de moi.

Je m'avance et le salue :

-Hey, ça va ?