Dick vient poser son front sur ma tempe. Il murmure en continuant de me caresser le dos :

-L'amour n'a pas d'âge, pas de couleur et pas de genre. Tu peux aimer qui tu veux Damian, surtout si c'est quelqu'un comme lui...

Comme envoûté par ses paroles, je continue sa phrase :

-Oui...il est tellement gentil. Malgré toutes les choses horrible que j'ai pu lui dire, ou lui faire, il ne m'a jamais lâché.

Dick lâche un petit rire de satisfaction et me serre un instant contre lui.
Je me laisse faire, heureux de sentir encore la chaleur d'un être chère contre moi.
Mon frère se recule finalement. Il me regarde tendrement en caressant ma joue du bout du doigt. Il chuchote :

-J'aime bien ce qu'il a fait de toi...

Sans ressentir la moindre honte, je répond :

-C'est aussi grâce toi. C'est toi qui m'a pratiquement élevé... T'es un peu comme un deuxième père en fait.

Mon frère prend soudain un air étonné. En même temps je ne lui avais jamais dit un truc pareil... Mais quand même. Je pensais pas le toucher autant avec si peu de mots.
Je change de sujet, un peu troublé par sa réaction :

-Heum...du coup, tu penses que je devrais le rejoindre ?

Dick se détend un peu et répond :

-Fais comme tu le sens, mais soit gentil avec lui, Damian. Il t'aime vraiment et il est encore jeune, ne lui fait pas de mal.

Il rajoute plus bas :

-Fais attention à lui ou tu le regrettera amèrement.

Je déglutit difficilement. J'ai l'impression d'avoir sa vie entre mes mains quand il dit ça... Mes yeux tombent d'ailleurs sur elles. Alors Dick me rassure en me caressant la nuque :

-Ça va aller tu verra. Si tu accepte d'ouvrir ton cœur, tout ira bien.

-Mais...comment je dois faire ça ?

-Ça viendra naturellement. Crois moi. Sois naturel et laisse faire les choses comme elles viennent.

-Je vais essayer...

Je soupire et regarde Dick sortir de ma chambre. Il me lance un dernier sourire, de soutient je suppose, et ferme la porte. De nouveau seul, je tente de reprendre mes esprits.

Bon... Je dois aller voir Jon ? Je flippe un peu en fait... C'est que je lui ai plutôt parlé sèchement toute à l'heure. Si ça se trouve je l'ai vexé. Et si depuis toute à l'heure, il pleurait. Tout seul. Alors que moi je me pose trop de questions au lieu d'aller le réconforter...

Je suis vraiment stupide parfois.

Je dois me rattraper.

Décidé, je me lève et m'en vais en laissant mon téléphone derrière moi.
Je traverse le couloir et me dirige vers la chambre du fond.

Mais à quelques mètres je ralentit. Et m'arrêtes finalement. Mes jambes sont si lourdes.

Je regarde la porte close. La lumière est éteinte.

Comme c'est silencieux...

Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans ma chambre. Si ça se trouve il dort déjà. Ne le dérangeons pas.
Je fais un pas en arrière, mais les paroles de Dick viennent me rappeler à l'ordre : « Fais attention à lui ou tu le regrettera. ».

Il a raison. Je me connais, si j'y vais pas maintenant que je suis remonté à bloc, j'irais jamais. Et je refuse d'abandonner mon ami.

Je souffle un bon coup et tape extrêmement doucement sur la porte. J'attends une seconde. Il n'a pas dû m'entendre en fait. Je lâche un deuxième soupire et recommence un peu plus fort. Rien. Il doit dormir...
Bon, allez courage. Je baisse doucement la poignée et pousse la porte.

Tout est sombre. Mais la faible lumière de la lune éclaire un peu la chambre. J'entre et me déplace silencieusement jusqu'à son lit. Jon dort sur le flan, à peine couvert.