Chapitre 37
Quand je n'entends plus l'eau remuer, je lui demande toujours de dos :
-C'est bon ?
-O-oui.
Je pose de nouveau mon regarde sur Jon. Il a ramené ses jambes contre sa poitrine et baisse timidement la tête. L'eau pâle lui arrive au menton. Je demande, toujours d'une voix calme:
-Elle est assez chaude ?
-Oui, merci.
-Je...je peux m'approcher ?
Je vois bien son hésitation dans son regard. Mais à la place il me dit :
-Tu peux vérifier que la porte soit bien fermée s'il te plaît?
Je répond à sa demande et reste debout devant la porte. Un peu inquiet de la distance entre nous, il rajoute enfin :
-Tu peux venir t'asseoir là.
-D'accord.
Le cœur battant, je m'assoie en tailleur à côté de la baignoire. Mais mon ami se penche sur le rebord et me dit en tendant la main vers moi :
-Approche toi un peu plus s'il te plaît...
Je m'exécute encore. En glissant vers lui, sa main caresse ma joue, mon cou et tombe dans mon dos. Son menton se pose sur le bord et moi je plonge mon regard dans ses yeux bleus.
Bordel je suis tellement stressé que j'ai les mains qui tremblent ! Je tente de réguler ma respiration. Mais un geste de la part de Jon m'interpelle : on dirait qu'il a eu un spasme de douleur. Ceux qu'on a quand la douleur semble nous mordre. Alors je demande :
-Tu as mal quelque part ?
Il rougis un peu et répond :
-Oui...en bas...
Je murmure la mâchoire serrée : « En bas... ».
Mais ma colère retombe quand je vois Jon approcher son visage. Comme j'ai trop peur de faire une connerie, je ne bronche pas. Son front rencontre finalement le mien. Je sens sa main se contracter dans mon dos. Son bras tire sur ma nuque pour m'enlacer plus fort. Il me serre un moment, puis il se met à sangloter :
-Damian ! J'ai eu te-ellement peur !
Hors de moi, je me met à genoux devant la baignoire et plonge mes bras dans l'eau pour lui attraper la taille. Jon gémis :
-Tu vas tremper ton sweat Damian !
Mais je reste immobile. Je m'en contre fou de ce sweat. Je suis tellement en colère ! Je veux courir après cette enfoiré et lui faire regretter le moindre de ses gestes. Sans mentir, je le ferais. Profiter comme ça d'un être qui m'est si chère...c'est impardonnable.
Jon chuchote :
-Est ce que...tu pourrais sortir un moment s'il te plaît ?
-Oui, bien sûr. Tout ce que tu veux.
-J'ai...j'ai besoin de faire quelque chose.
Je relâche un peu mon étreinte et lui demande, inquiet :
-Jon...tu fais rien de stupide ok ?
-Stupide ?
-Oui. Je ne veux pas te perdre.
-Tu pensais que...j'allais me tuer... ?
-Je ne sais pas. J'ai...
-...peur ?
Je ne finirais pas cette phrase non plus. Tu le sais Jon...
Je ne peux pas rester plus longtemps, je vais encore chialer sinon.
Je me met debout et dit en passant ma main dans sa nuque :
-Je t'attends à côté ok ?
-Ok...
-Prends ton temps.
Je laisse mon ami et retourne dans sa chambre.
Je laisse tomber mon dos sur son lit et soupire en frottant mon visage.
Putain... Est ce qu'il pourra seulement s'en remettre ? Il y a des gens qui préfère mettre fin à leur jours après un viol. Entre la honte et la douleur ça doit être tellement dur de vivre avec ensuite...
Non. Jon ferait pas ça. Je contracte mes poings et chuchote :
-Faites qu'il ne le fasse jamais.
De longues minutes passent avant que je n'entende sa porte s'ouvrir.
Je me redresse tout de suite et me met en tailleur. Jon, porte toujours son peignoirs. Il s'est mis un serviette sur la tête, et cette dernière est baissée. Pas que sa tête en fait... On dirait que tout son corps est voûté. Il a mal...
J'allais me lever pour le rejoindre, mais il s'avance déjà. Je reste donc assis et attend sagement.
J'ai trop peur de faire une connerie en fait...
Mon ami pleure encore. Il s'essuie les yeux et me demande timidement :
-Damian ? On peut s'allonger un peu tous les deux ?
Je hoche la tête et le regarde se glisser sous la couverture, sur le flanc. Une fois installé, il me tend la main, ses yeux pâles ancrés dans les miens. Incapable de lui refuser quoi que ce soit, je la prend et le rejoint. Son visage se retrouve rapidement presque collé au mien. Puis c'est sa main qui cherche la mienne. Mais je préfère m'avancer directement. Alors il vient se blottir contre moi.
J'enlace mon ami et lui caresse les cheveux. Ils sont encore humide...
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