Chapitre 47
Mon frère me regarde sans rien dire.
Ses yeux semblent emplis de déception. Mais il prend enfin la parole, toujours froid :
-Ton patron nous a dit que tu fumais aux pauses.
Je peste en me frottant le front :
-Putain mais il pouvait pas se taire..
Mon père intervient de nouveau :
-C'est moi qui ai demandé si tout se passé bien.
Je crache :
-Quoi ? Tu m'espionnes maintenant ??
-J'essaie de m'assurer que tu ne partes pas en vrille, Damian !
Je me sens trop oppressé. Je suis seul contre eux, et si je gueule pas, je ne gagnerai pas. Alors, mon corps se lève et je m'énerve tout seul :
-Je ne pars pas en vrille ! Je vais bien ! J'essaie juste d'oublier ok ?! Alors arrêtez de me gaver avec vos bonnes intentions de merde là !
J'allais partir mais mon frère me retient par le poignet. Je me dégage et lui demande froidement :
-Qu'est ce que tu m'veux encore ??
Ses yeux fatigués s'ancrent dans les miens, et il demande à voix basse :
-Qu'est ce que tu faisais au boulevard Clinton South ?
Il me demande ce que je faisais dans la rue des prostitués masculins ?
Je n'ai même pas de réponse à te donner Dick...
Je rougis et m'en vais sans rien dire. Mais il me court derrière et me stop de nouveau. J'allais lui balancer une insulte, quand il me pose une question qui me clou sur place :
-Et Jon tu ne l'attends pas ?
Ma gorge se bloque d'un coup et je suis pris d'une violente émotion. Ne me parle pas de Jon !
Je l'ignore et repars. Plutôt mourir que de te répondre que je pourrais l'attendre éternellement...
Mon père me cri de loin :
-Damian ! C'est toi qui paiera cette amende !
Oui si tu veux. Je m'en fout. Je veux juste oublier cette journée.
Après un bain et avoir jouer quelques heures, je me couche sans manger.
Je me sens vide... Lassé... J'ai plus envie de faire d'effort. J'irais pas travailler demain. Plus jamais en fait. J'ai plus la force.
Je veux juste l'attendre...
Une année passe. Puis deux.
Les anneaux uniques sont enfin arrivés chez moi. J'ai pris la boîte, je l'ai ouverte et l'ai posée en évidence sur mon bureau. Comme pour symboliser mon espoir. Le jour où je saurais qu'il ne reviendra pas, je la fermerais. Tout simplement.
Une après-midi de novembre, Alfred décide d'aller voir par lui même la famille Kent. Mais le soir, à son retour, j'entends sa conversation avec Dick : ils ne sont plus là. Ils sont partit. Sans laisser un mot, un numéro, rien.
Leurs maison était vide et depuis un moment.
Et moi je sens mon cœur s'enfoncer plus loin dans la dépression.
Ça fait maintenant trois ans que je suis gardien au musée. Oui j'ai pas réussi à y échapper. Mais ça je m'en fiche. Mon problème c'est que je n'ai toujours aucune nouvelle de Jon.
Mon père a pourtant essayé d'appeler M.Kent. Je l'ai vu le faire plusieurs fois. Il n'a jamais osé me dire qu'il n'arrivait qu'à entendre le pib incessant de leur silence. Ils ont aussi changé de numéro.
Ou ils nous ignorent.
Jon, tu m'ignorerais? Après tout ce qu'on a vécu?
Ce soir je m'endors encore les yeux glonflés par les pleurs, et le ventre désespéremment vide...
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