Vīian est finalement descendu de son perchoir. Maintenant assis au pied du grand arbre, il m’explique comment fonctionne le test.

D’abord, il m’apprendra rapidement à entrer en transe, puis demain matin nous irons à Azūr, la capitale, pour passer le test. Vīian avait tout prévu et réservé ma place en début de semaine.

Le test est simple. Je serais assis au milieu d’un cercle de deux mètres de diamètre, composé de pierres d’astre polies. Chacune de ces pierres a été chargée de l’Aptitude pure d’un expert dans le domaine.

J’entrerais en transe, en tailleur, et au bout de quelques minutes les pierres caractérisant mon Aptitude se mettront à rouler vers moi. Il y a plus de trente pierres connues à ce jour, soit près d’un milliard de combinaisons d’Aptitude possible. J’ai hâte de voir comment fonctionne le test.

S'ensuivit d’une heure de méditation, où j’appris à ressentir le monde extérieur pour mieux atteindre mon monde intérieur. Allongé sur ma colline préférée, j’ai été étonnamment bon dans cette nouvelle pratique. Connaissant par cœur le bruit du vent dans les feuilles et la sensation de l’herbe sous mon corps, je n’ai eu aucun mal à atteindre cet état de rêve qu’on appelle méditation.

La séance terminée, et, exténué, je m’adosse à l’arbre.

« Allez-vous finalement me dire pourquoi vous m’avez pris en tant qu’élève ? Et pourquoi avoir attendu deux semaines, sans me contacter, avant d’apparaître ? » questionné-je le bonhomme qui me fixait, de retour sur sa branche.

« Eh bien, cette semaine, je suis allé mettre en place administrativement mon contrat de monitoring, que je te ferais, d’ailleurs, signer plus tard. Puis j’ai adapté mon emploi du temps, je suis allé convaincre ton bougre de grand-père et je t’ai inscrire au centre de test d’Azūr. » explique Vīian.

« Je voulais venir te proposer mon aide en semaine 20, mais j’ai été bien trop occupé. Notre rencontre chez Dun était la coïncidence qu’il me fallait ! Je connaissais très bien tes parents, particulièrement ton père qui fut mon meilleur ami pendant de nombreuses années. Puis ta charmante mère est arrivée dans sa vie et nous nous voyions moins souvent. Néanmoins, j’ai assisté à ta naissance petit gueulard, que tu étais » rajoute-t-il, avec un clin d’œil.

Faisant mine de bouder, mais tout même amusé, j’attends la suite.

Son expression s’assombrit. « Ensuite vint leur disparition, semaine 45, 3285 »

Vīian, laissa quelques dizaines de secondes passer, pendant lesquelles aucun de nous ne dit mot. Lui, par tristesse et moi, car au fond je ne ressentais pas la disparition de ces parents, que je n’avais que trop peu connus, comme une tragédie. J’étais avant tout triste de ne pas l’être assez, alors que tout enfant devrait naturellement pleurer sa famille décédée. Pourtant, je ne suis pas malheureux, ces adultes sont des inconnus pour moi et je n’ai jamais ressenti, avant aujourd’hui, le besoin d’en savoir plus sur eux. Je n’ai aucun souvenir d’il y a plus de quatre ans, soit avant leur décès, et depuis j’ai vécu une vie tout à fait heureuse avec Papi. Alors, je préfère m’estimer fortuné d’avoir eu de bonnes personnes comme parents, mais je reste simplement attristé de ne pas les avoir connus.

Ignorant du tumulte dans mon esprit, Vīian poussa un long soupire, puis repris le sourire aux lèvres.

« Tes parents étaient deux personnes exceptionnelles, mon petit. Et, par respect pour notre amitié et leur volonté, je souhaite te former. »

J’acquiesce en silence. Je m’attendais à plus d’information, mais j’ai bien compris que j’aurais les deux prochaines années pour épuiser de questions mon nouveau mentor. À cette idée, ma commissure droite se relève de manière imperceptible. Je vais apprendre de nouvelles choses, je suis ravi.