‘Sans talent’ ? Vraiment ? Les larmes me montent aux yeux. Je vais m’asseoir sur un banc non loin de là. J’ai besoin de me reprendre.

Les minutes passent, mon esprit se calme. Papi m’avait déjà parlé des gens des villes et je n’aurais même pas dû être choqué. Je me relève, reprends contenance, puis repart dans la foule, direction la place du marché. Pendant le trajet, mes pensées fusent.

Aie. Je lève les yeux. Je me trouve face à un panneau publicitaire mobile, posé devant un magasin d’accessoires immense. Une affiche, qui prend presque toute la place, m’attire l’œil. « Camps d’entraînement - 1 an et demi, intensif - Découvrez votre potentiel - Soyez le meilleur au concours d’entrée au grandes écoles d’Aptitude de 3292 ».

Si seulement je pouvais y participer !

Je suis sûr qu’ils trouveraient une utilité à mon pouvoir. Allons voir.

Je passe la grande porte. Dans le magasin, il n’y a qu’un seul client qui me dévisage, la surprise se lit sur son visage. Gêné d’être examiné ainsi, je décide de l’ignorer et observe autour de moi. Les étagères sont remplies de gadgets et accessoires destinés au quotidien des Aptes. Au fond, près du comptoir, j’aperçois le rideau de l’arrière-boutique et une autre pièce. Curieux, je m’approche.

« Cette pièce est réservée aux Aptes combattants. Tu y trouveras toute sorte de matériel adapté aux Aptitudes. Tu ne me sembles pas faire partie de cette catégorie, comment puis-je t’aider ? » demande une voix dans mon dos.

Devant mon air perplexe, il ajoute. « Je suis Dun Vigūr, mais appelle moi Dun. Le gérant de ce magasin.

— Oh, excusez-moi. Je suis Sūta Sintav, effectivement j’étais juste curieux de voir ce que contient cette pièce. » Dun me sourit d’un air compréhensif « Je souhaiterais vous poser quelques questions par rapport à l’affiche collée sur votre portant dehors. Au sujet du camp d’entraînement. » confié-je.

« Ah cette affiche ! Tu es la deuxième personne à me poser la question aujourd’hui bonhomme. Ce n’est pas très étonnant, ce camp d’entraînement est très célèbre. D’abord, dis-moi petit, fais-tu partie des Élites ?

— Non, je viens de la campagne. »

Je réfléchis quelques secondes.

« Je suppose que je ne peux pas y participer du coup ?

— Eh bien... malheureusement... non. Cependant, tu peux te présenter dans 2 ans au concours d’entrée des écoles d’Aptitudes. C’est un concours mixte, tu as toutes tes chances. » affirme le gérant, sourire aux lèvres.

« Les écoles accueillent aussi des non-Élites ? » questionné-je.

« Toi, tu n’es pas d’ici ! Sache que les non-Élites, comme tu dis, s’appellent les Normos. Les Aptes qui ne sont pas de la haute société. Pour en revenir à ta question, oui, les Normo peuvent aussi être choisis. Cette mesure date de moins de dix ans. Néanmoins d’après les quelques retours que j’ai eus, assez peu d’écoles cotées donnent réellement des places aux Normo. Je sais qu’Alesīa, la deuxième école du pays, applique réellement cette mesure. Mais seuls des génies y entrent, Élite comme Normo. » me raconte Dun.

« Ce n’est pas avec mon Aptitude que je pourrais aller où que ce soit » je marmonne.

« Aucune Aptitude n’est banal jeune homme » tonne la voix du seul client du magasin.

L’homme doit avoir la trentaine et il est immense. Je n’ai jamais vu personne d’aussi grand. Son visage est fermé, comme figé dans une expression neutre. Je le fixe, gêné, et avant que je ne puisse ajouter quelque chose, il enchaîne.

« Je suis Vīian Hetim, et je t’affirme que ton pouvoir est bien plus grand que tu ne le crois. Je comptais passer te voir à Sisthe la semaine dernière, mais j’ai eu un empêchement. Cette rencontre fortuite me fait de gagner du temps. Si tu l’acceptes, je te ferai vivre les deux prochaines années les plus éprouvantes de ta vie, afin de te préparer au concours. »

Il parle vite. Il a le mérite d’être franc. Perplexe, je bafouille :« Pourquoi feriez-vous ça ?

— Disons que j’en dois une à tes parents. » répond-il avec un sourire triste.

« Vous connaissiez mes parents ?! » clamé-je, perturbé.

« Oui, mais nous en discuterons plus tard. Acceptes-tu ? Je suis pressé. »

Je réfléchis. L’idée est farfelue, mais je n’ai rien à y perdre. Mon but est d’explorer le monde et d’y trouver des réponses. Développer mon Aptitude me sera forcément utile. Si je pouvais entrer dans une de ces écoles, j’aurais accès à tant de connaissances.

Et puis l’homme m’inspire quelque chose de puissant. Une confiance déjà établie.

Je l’ai déjà rencontré peut-être.

C’est un sentiment fou et Papi me tuera, mais mon instinct me chuchote que c’est la voie que je dois suivre.

Ni une ni deux, j’accepte.

L’homme me donne rapidement son lien EPM et me dit qu’il me trouvera. Puis il sort en vitesse de la boutique en lançant au gérant de faire comme d’habitude. La porte claque. Il est parti.

Dun, aussi surpris que moi, me regarde et me dit finalement : « Je connais bien ce personnage et je peux t’assurer que tu t’es trouvé un excellent mentor mon garçon. Reviens me voir dans deux ans quand tu seras à l’école. Je t’équiperai. »