Lettre à ceux qui sont venus
Si vous lisez cette lettre, c’est que je suis morte. Je n’arrive pas à croire que je suis en train d’écrire ces mots. Que je suis en train d’écrire cette lettre tout court, d’ailleurs. Que je suis en train de considérer que je vais sans doute mourir un jour. Mais après tout, c’est l’histoire de la vie, non ? La vie inclut aussi la mort, d’une certaine manière. Donc ça devait arriver. Je n’avais pas prévu de partir comme ça. (En réalité, à l’heure où j’écris cette lettre, je ne sais pas comment je suis morte, donc…) J’aurais voulu encore être parmi vous, et continuer à vivre sur cette planète, mais apparemment, je suis partie et bien partie.
Ça me fait un peu mal, d’écrire cette lettre, parce que je ne suis pas très vieille, et donc je ne sais pas ce qui me pousse à le faire. Un sixième sens ? Parce que je sais que je ne vais pas vivre longtemps ? Pardon, je ne voulais pas rendre la lettre déprimante. Je voulais dire que je l’écris en pensant qu’elle ne servira pas avant longtemps, c’est du moins ce que j’espère.
Je disais donc que j’aurais aimé être là, avec vous. Surgir de nulle part, effrayer tout le monde, car ne suis-je pas censée être morte ? C’est un peu mon genre d’humour, de penser à ça alors qu’on parle d’un sujet aussi triste que celui de ma mort. Ceux qui me connaissent vraiment, vous le savez. Les autres, vous pouvez juste hocher poliment la tête, je ne vous en demande pas plus. (de la première catégorie, il ne doit pas y avoir tant que ça, alors je vous félicite. Je n’ai jamais vraiment été si proche que ça des gens, de mon vivant.)
Je n'ai jamais aimé les enterrements. Alors merci d'être venus. Je sais que ce n'est pas facile. C'est bizarre, hein, de continuer sa vie alors que quelqu'un l'a terminée ? Enfin, pas "terminée", mais plutôt est parti ailleurs, a fini sa vie sur Terre.
Je ne sais pas trop quoi ajouter, à part que je vous souhaite de vivre une longue et belle vie (pas comme moi, apparemment), et de toujours réussir ce que vous entreprendrez. Et surtout, ayez confiance. Ceux qui pensent que je vais les regarder depuis là haut, ils auront tort. Je ne compte pas voir ce qu’il se passe en bas. Du moins je ne pense pas. Je crois que mon moi du futur sera d’accord avec moi sur ce point.
Voilà. Nous y sommes. Le point de non retour. Adieux, mes amis. Je ne reviendrai pas.
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