Corentin et Monsieur Powell
La nuit était tombée depuis longtemps et la maison semblait pour l'instant aussi calme et endormie que toutes les autres alentours. Une lueur rougeâtre commençait cependant à apparaître par l'arrière, formant comme une auréole au-dessus du toit, et donnant l'étrange impression qu'elle s'illuminait progressivement sous les feux de projecteurs de plus en plus puissants.
A une heure moins avancée, les habitants présents dans la rue auraient pu sentir petit à petit une odeur de bois brûlé et voir une fumée noire se dégager lentement par les fenêtres du premier étage.
Mais en cette heure tardive, la rue était aussi silencieuse que déserte. Ainsi, personne ne vit la mystérieuse silhouette surgir furtivement de l'arrière de la maison et se dissimuler entre les haies bien taillées qui bordaient le jardin.
L'homme qui se cachait était grand et élancé, mais se tenait courbé, le dos à la maison, protégeant de son corps un petit enfant endormi qu'il portait dans ses bras.
Alors que le toit se mettait à craquer fortement sur le côté gauche de la maison, l'homme tira délicatement sur le pyjama de l'enfant afin de pouvoir observer l'avant de son épaule gauche où une curieuse marque ressemblant à une cicatrice très ancienne apparaissait progressivement.
L'homme tordit ses lèvres en un sourire mi-tendre, mi-diabolique difficile à déchiffrer et murmura à l'enfant :
- Toi, tu feras un jour de grandes choses mon petit, de très grandes choses. Je te le promets. En attendant, je t'emmène à la maison.
Et, alors que le bruit, la lumière et les odeurs engendrées par l'incendie finissaient par réveiller doucement les plus proches voisins, l'homme partit en courant dans le noir avant que les premières lumières ne commencent à s'allumer dans le quartier.
Le lendemain, l'homme trouva sur internet l'article de faits divers de la presse locale qu'il recherchait et que le journaliste avait titré :
"Incendie accidentel : un homme, une femme et leur fils de deux ans meurent pendant leur sommeil".
Il imprima l'article, prit la clé qu'il portait en pendentif et ouvrit le tiroir de son bureau afin d'y déposer le document.
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