Le message
Un matin.
Le voilage blanc contre la fenêtre, feu follet du vent. L'arbre chuchoteur, l'oiseau voyeur. Et toi sur le lit. La peau trop blanche sur le drap bleu, dos si maigre en pleine lumière d'un nouveau jour. Ma joue sur ta fesse, toute fraîche, l'instant en suspens. Mes lèvres, ton soupir, mon visage dans ta chair. Alors ton rire. Ton rire encore, égreneur de bonheur.
Ah ah ah chatouillis,
assez,
rire,
assez,
ah !
non encore ! grain d'amour, encore ! Un dernier rire puis soupirs, à l'unisson.
Un autre matin. Sans soleil, sans plus rien. Sans ton rire et nos soupirs. Le silence plus fort que le vent inlassablement follet dans le voilage.
Seule sur la plage et ses galets, l'océan, réservoir de mes larmes, l'attente lisse, et triste, d'un message.
Bouteille à la mer, coton arabesque des nuages ?
Non. Un galet rosé aux rubans de jaspe, pierre millénaire. Et son pétroglyphe :
« Mon amour,
La mort ? Même pas peur !
D'autres rires et d'autres grains de bonheur pour toi.
Pour toi sur la Terre entière. »
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