La loi est dure, mais c’est la loi !
"Ta peine ne sera jamais commuable, c'est la loi ! Tu en as pris pour perpète, c'est trop tard !"
Ca, s'était bien une vanne d'avocate… La première fois, j'avais souri pour lui faire plaisir (on venait juste de se marier, j'étais très tolérant).
Mais à force, ce n'était franchement plus drôle du tout.
Et puis, elle reproduisait toujours la même scène, dans l'intimité : moi, dans le box des accusés, attaché à la barre, à sa merci, et elle, jouant avec sa robe d'avocate.
Je ne peux pas dire que c'était si déplaisant que ça… au début.
"J'ai fait aposter un policier à l'entrée, comme ça tu ne peux pas t'échapper !"
Son professionnalisme était même touchant.
Avant, j'étais tellement assidu que j'exécutais tous ces ordres, même lorsqu'elle me disait "Allez, pour te faire pardonner, tu entonnes la Marseillaise, et tout de suite !".
Aujourd'hui, c'en était trop, je ne pouvais plus supporter toute cette mascarade.
D'ailleurs, ça faisait un moment que l'impétuosité de la jeunesse s'était fait la malle. Pour dire les choses autrement, je n'étais pas encore vraiment sénescent, mais bon, disons que j'avais certaines difficultés…
Bref, j'avais décidé de prendre ma revanche. Ce soir, l'architecte allait faire sa loi.
Pour que l'ambiance soit réussie, j'avais tout préparé en amont : le fond sonore avec les bruits d'engins, les blocs de parpaings en mousse, les casques de chantier…
La surprise serait totale : j'allais d'abord lui ceindre un bandeau sur les yeux.
La première mise en bouche serait de la transformer en statue de la liberté : j'avais toujours rêvé d'être un sculpteur comme Bartholdi.
Ensuite, elle pourrait devenir un pont, la tour de pise, un temple… tout était possible !
Cette fois, elle allait voir que son architecte chéri n'était pas si mou que ça, et qu'il pouvait aussi être assez strict, voire rigide si les conditions l'exigeaient.
Et ma chère avocate allait devoir redevenir stagiaire : elle allait apprendre de nouvelles lois.
Dura lex, sed lex !
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