écriture et poésie - 3
Il y a quelques années, des interrogations lancinantes commençaient de me ronger :
Devenir dans le présent ? Comment cela est-il possible ? Pourquoi, et auprès de qui vouloir manifester un aspect de son être dans un état où l'être se confond avec le tout et le rien ? Est-il bien raisonnable de n'écouter que son cœur ?
Ce n'est plus une question de cœur, ni d'intellect, juste une présence à soi et au monde. Après beaucoup d'exercices, d'efforts, de concentration, après beaucoup de labeurs dans une vie, de blessures et de partage, adviennent des évidences...
« Les gens revendiquent quelque chose, au lieu d’être là, comme le soleil ou un arbre en fleur ; comme un paysage qui laisse les gens grandir, sans leur demander : Qu’avez-vous à me donner en échange ? Peut-être n’avez-vous jamais rencontré quelqu’un qui a su trouver de la richesse dans la seule béatitude d’être là, y découvrant ce qui manquait à son accomplissement, parce qu’il était la promesse et l’accomplissement de sa propre existence » nous exprimait si justement Magda von Hattingberg. Le reste ne serait-il qu’orgueil et préjugés ?
N’est-il pas encore plus orgueilleux de vouloir s’échapper de nos contingences quotidiennes, de délaisser ces choses matérielles, de se détacher des rapports humains et s’abandonner à la contrition ?
Mais alors, qu’est-ce qu’être orgueilleux ? Certainement n’avoir aucune distance avec soi-même ? - Avec distance… Il conviendrait de tout faire avec distance, pour avoir une vue d’ensemble. Aimer avec distance, pour laisser l’autre s’épanouir. Se fâcher avec distance, pour ne jamais être prisonnier de sa propre colère. Offrir de la miséricorde en donnant de sa personne. Aider. Être généreux, c’est prendre de la distance avec ce que l’on possède.
Et je n’ai plus aucune mesure à donner à cette distance !
Dès lors, chaque soir de peine, j’écris de la poésie - maintenant, je ne le dis à personne. Je crois aux lutins, et que leur langue est une promesse de l’invisible, je n’ai renoncé à rien, et ma foi est ma force. Si nous ôtons nos œillères et écoutons notre cœur, nous en apercevons la lueur, la beauté.
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