Solitude
Parfois, on se dit qu’on aime bien la solitude. Quand on est jeune et rebelle, tout ça…
Pour autant, nous ne sommes pas faits pour rester seuls. Personne. Nous nous construisons en échangeant avec un entourage, nous créons des liens sociaux à gauche et à droite sans même forcément le vouloir, par instinct. C’est naturel. Et toi, là, lecteur, qui t’indigne en t’affirmant véritablement solitaire et indépendant des autres, remets-toi deux secondes en question, veux-tu ? Tu es encore trop « jeune et rebelle », on dirait.
Bien sûr, on apprécie un moment de solitude, de temps à autre. Pour se reposer, pour prendre du recul, pour réfléchir, autant de choses saines en soi. Mais en abondance, la solitude devient néfaste. Les personnes trop solitaires perdent leurs repères sociaux, elles perdent les « principes » de la vie en société. Petit à petit, leurs réactions deviennent peu conventionnelles, parfois extrêmes, mais en tous cas décalées, et instillent la méfiance chez les autres. Soit parce que le solitaire veut à tout prix recréer des liens en exprimant plus d’émotions que la bienséance ne l’impose, soit en sombrant dans une certaine mélancolie, s’enfermant de plus en plus sur lui-même. L’un comme l’autre font véritablement peur à l’entourage, qui devient spontanément distant, et enferment progressivement la personne solitaire encore plus loin dans la solitude.
En conséquence, plus vous restez seul, plus il devient difficile de ne plus l’être. Alors si aujourd’hui, vous avez l’impression de vous suffire à vous-même, n’oubliez pas que ça ne sera peut-être plus le cas demain, et qu’il faudra bien que vous sachiez encore parler le jour où la solitude ne sera plus supportable.
Annotations