– Et bien mon p'tit Lu, tu as l'air bien joyeux ce soir. Tu as eu des bonnes notes à l'école, ou est-ce que ça à un rapport avec Julie ?

– Maman ! Je t'ai déjà demandé, cent fois, de ne plus m'appeler comme ça ! Et oui, ça a un rapport avec Julie. On a séché les cours cette après-midi pour pouvoir coucher ensemble, c'était génial ! On l'a même fait plusieurs fois.

Je monte directement dans ma chambre, sans écouter la suite. Elle l'a bien cherché, elle m'énerve avec ses questions indiscrètes. J'espère quand même qu'elle aura bien compris que c'était du second degré, et qu'elle ne regardera pas Julie bizarrement la prochaine fois qu'elle viendra à la maison. Si elle fait la moindre petite allusion, je crois que cette fois, Julie va me tuer. On ne dirait pas en la regardant, mais elle a beau être toute menue, elle est dangereuse cette fille. En plus, je suis déjà parti du lycée sans lui donner d'explication sur le fait qu'on sorte soi-disant ensemble. Faut dire que tout à l'heure, j'avais d'autres préoccupations en tête, car une ou deux minutes avant que la sonnerie annonçant la fin des deux heures de chimie ne retentisse, les choses avaient pris une tournure imprévue.

Arthur s'était emparé de ma feuille de classeur, pour y écrire une toute petite question :

Je te ramène en moto ?

C'est vrai que les deux heures de cours s'étaient bien passées, on avait bossé ensemble sur le TP, et rien que ça c'était déjà génial. D'ailleurs, il est super fort en chimie, je ne comprends pas pourquoi il n'a pas de meilleures notes. Enfin, je ne m'étais pas préparé à une telle demande, mon cœur s'était emballé, et j'avais dû rester un petit moment tétanisé, avant de réagir et d'accepter d'un petit oui de la tête.

On n'avait pratiquement pas parlé, jusqu’à ce qu'il me dépose devant la maison où, pour lui, je suis sensé habiter. C'est au moment où je lui ai rendu son casque, qu'il a levé les yeux vers moi, un peu hésitant :

– Elle est sympa ta maison. C'est une piscine qu'on aperçoit derrière ? Il faudra que tu m'invites cet été.

– Euh... pour te dire la vérité, c'est pas vraiment ma maison.

– Vous êtes en location ? Ça change pas qu'on peut se baigner quand-même !

– Non, c'est pas ça non plus. En fait, j'habite pas là. Je ne voulais pas que ma mère te voit arriver en moto. Je sais, c'est un peu bête, mais j'avais peur qu'elle flippe et ne veuille pas que je monte derrière toi.

– Ok, c'est pas grave. Tu me diras quand même où t'habites ? me dit-il, avec un sourire auquel on ne peut de toute façon rien refuser.

– Oui, bien sûr. C'est pas loin d'ici.

– Bon, ben moi je vais y aller, il faut que j'aille faire des courses, et on a pas mal de devoir pour demain. Je voulais juste te dire, que je suis d'accord.

Et après un temps d'hésitation, il avait ajouté :

– Je veux bien être ton petit copain.

Il avait remis son casque et démarré, avant que j'aie le temps de réagir. Il m'a fallu, au moins cinq minutes, pour que je puisse repartir en direction de chez moi. Je n'arrivais pas à réaliser, et mon cœur battait à deux cents à l'heure. Bon, ce n'était encore pas aujourd'hui que j'aurais droit à mon deuxième bisou mais je m'en foutais, cette déclaration en promettait plein d'autres.

Et voilà pourquoi je suis rentré chez moi avec un grand sourire sur le visage, et que maintenant, deux heures plus tard, je suis assis à mon bureau, sans avoir pu faire aucun de mes exercices de maths. Je n'arrête pas de me faire des films sur notre future relation. J'avoue qu'il y a des choses, qui pour le moment, me font un peu peur, que ce soit de se montrer en public, ou bien des trucs plus... Rien que d'y penser, je sens déjà que je deviens tout rouge, et ce ne sont pas les images qui défilent dans ma tête, qui vont améliorer la situation...

– Lucaaaaaas ! Ton père est arrivé, on mange.

La voix stridente de ma mère, on peut dire que c'est efficace pour redescendre sur terre. J'enlève, avec regret, la main qui s'était glissée dans mon caleçon, et je passe à la salle de bain me rafraîchir pour me calmer un peu. Il est hors de question d'avoir, encore, une remarque de ma mère.