Chapitre 15 (samedi 25 mars 2017)
D'ici cinq minutes, Arthur sera là. J'ai attendu ce moment pendant toute la semaine, car, si depuis lundi on peut officiellement dire qu'on sort ensemble, et bien, on n'a pas eu un seul moment, rien que tous les deux. Et puis, pour l'instant on n'est pas vraiment d'accord sur grand-chose. Il veut qu'on en parle à personne, et moi, je veux absolument qu'on le dise à nos parents. Je me dis, au moins que lorsqu'on sera chez l'un ou chez l'autre, on sera tranquille. En tous cas j'espère, car j'ai quand-même un peu d'appréhension quant à leur réaction. Evidemment, sur le principe il n'y a pas de problème, mes parents ne sont pas homophobes, mais je suis fils unique, et je crois que ça risque quand même de leur faire un choc.
J'ai été obligé de le dire à Julie, car je lui devais une explication. Du coup, elle est venue à la maison, mercredi après-midi, parce que je ne voulais pas lui en parler au lycée. Pas de chance, ma mère ne travaillait pas ce jour-là, et à peine Julie avait-elle franchi la porte de la maison, que l'on a eue droit à un commentaire.
– Ils sont trop mignons tous les deux.
Le truc qui craint un max, dit à voix basse, mais juste assez fort pour être certaine qu'on l'ait bien entendu. Julie ne s'est pas dégonflée, elle n'a même pas pris le temps de dire bonjour, elle m'a attrapé par mon pull, elle m'a collé à elle, et m'a roulée une pelle phénoménale. Enfin, quand je dis phénoménale, c'est façon de parler, car pour moi, c'était la première fois que j'embrassais une fille, et je n'ai pas trouvé ça génial. En tout cas, rien à voir avec le bisou d'Arthur à la piscine. Elle a fait durer le moment le plus longtemps possible. Elle ne s'est arrêtée, que lorsqu'elle s'est aperçue que je ne pouvais plus respirer, et elle s'est retournée lentement vers ma mère.
– Bonjour Claire. Lucas embrasse vraiment bien, vous pouvez être fière de lui.
Pour le coup, j'ai trouvé qu'elle en faisait un peu trop, mais je suis vite monté dans ma chambre, pour ne pas exploser de rire, devant la tête d'ahurie de ma mère. Une fois tous les deux dans ma chambre, à l'abri des oreilles indiscrètes, Julie m'avait immédiatement plaqué contre le mur, pour recommencer à m'embrasser. Cette fois, ça n'avait pas duré très longtemps, elle m'avait libéré presque immédiatement.
– Toi, tu n'aimes pas les filles mon petit Lulu.
– Comment ça ?!
C'est marrant ce réflexe d'auto-défense, alors que le but de sa venue était justement, que je lui dise la vérité. Ça doit être une sorte d'instinct de survie, prévu dans le package Je-suis-un-garçon-et-j-aime-les zizis.
– Je comprends mieux pourquoi tu as dit à ta mère que j'étais ta copine. Tu veux que je te serve de couverture.
– Non, c'est pas ça ! C'est juste que l'autre jour, Arthur devait venir me chercher et...
– Arthur ! Non j'y crois pas. Autant toi ça ne surprendra pas grand-monde, mais Arthur !
– Non mais ! T'exagère. D'abord, ça n'a rien à voir avec Arthur. C'est ma mère qui s'est imaginé des choses, et comme je n'avais pas envie de devoir me justifier, je lui ai dit que j'avais une copine, toi en l'occurrence.
– Bon, admettons, mais alors pourquoi tu rougis quand je parle d'Arthur ? Et tu peux m'expliquer, pourquoi il s'est mis à coté de toi en chimie lundi ?
– Ok, j'avoue. Mais je suis censé n'en parler à personne, donc tu la boucles, on est bien d'accord.
Evidemment, après ça Julie avait exigé que je lui raconte tout, dans les moindres détails, ce que j'ai fait, mais en commençant l'histoire au rendez-vous pour aller voir le match. L'épisode de la cabine de piscine, il n'appartient, qu'à Arthur et à moi.
Du coup, il va falloir surement que je dise à Arthur que Julie est au courant, et puis, il faut qu'on s'accorde sur l'attitude qu'on va avoir au lycée. On a beaucoup échangé par texto cette semaine, mais on ne peut pas dire qu'on ait beaucoup avancé, et si je suis bien d'accord, pour qu'on ne s'affiche pas comme couple au lycée, j'aimerais bien quand même qu'on se voie un peu plus.
C'est le bruit de la moto de mon... petit copain (?), qui me sort de mes pensées. Il vient d'arriver et de se garer près de l'entrée du parc, à une vingtaine de mètres, du banc ou je l'attends. Il enlève son casque, et prend le temps de rajuster ses cheveux, avant d'avancer vers moi. Il est magnifique. Son regard et son sourire ne me laissent aucun doute, il a l'air tout aussi content que moi. Au fur et à mesure qu'il approche, je le vois jeter des coups d'œil, à droite et à gauche, jusqu'au moment où ses lèvres rejoignent les miennes, et où son regard ne quitte plus le mien. Ça ne dure pas longtemps, mais mon cœur est monté à, au moins cent soixante battements par minutes, et d'ailleurs, je réalise que ce n'est pas la seule chose à être montée.
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