Chapitre 17 (samedi 25 mars 2017, suite)
– Salut, mon P'tit lu.
– Salut, Arthur.
C'est marrant, autant j'ai horreur que ma mère m'appelle comme ça, autant dans la bouche de mon petit copain, ça me donne l'impression qu'il a envie de me dévorer, et ça me fait frissonner.
– Tu en fais une drôle de tête, tu n'aimes pas que je t'appelle comme ça ?
– En fait, c'est un surnom qu'utilise ma mère.
– Désolé, je trouverai autre chose.
– Non, surtout pas ! dans ta bouche je trouve ça...euh...sexy ?
Je ne sais pas si c'est le mot sexy qui lui donne des idées mais il se rapproche de moi et recommence à m'embrasser. J'hésite un moment, et tout doucement je caresse ses lèvres avec ma langue, ce qui provoque aussitôt l'ouverture de sa bouche, et waouh, les choses prennent une nouvelle dimension. Moi qui avais un peu froid avant qu'il arrive, là, j'ai l'impression que même si je me mettais tout nu, j'aurais encore trop chaud. Enfin, façon de parler parce que je ne crois pas que je sois prêt à me mettre à nouveau tout nu devant lui, surtout lorsqu'il me met dans un état comme ça. Je crois que pour le moment, je serais trop embarrassé. Ses lèvres se détachent lentement des miennes, et il me regarde avec un air sérieux.
– Tu avais déjà embrassé un autre garçon avant ?
– Non, ni garçon ni fille. Mon premier baiser, c'était celui de la piscine. Et toi ?
Il me regarde, un peu gêné.
– Ben oui, pas mal quand-même. Des filles, souvent... et puis un autre garçon, une fois, à une soirée. Ce jour-là, je n'ai pas vraiment compris ce que je faisais, et puis j'avais pas mal bu... donc on peut dire que t'es le premier mec.
Il me dit ça en dégainant son sourire irrésistible, et là j'ai qu'une envie, c'est de l'embrasser à nouveau. Il a dû le sentir car il me fait non de la tête et me montre un groupe de jeune qui arrive. C'est nul, et ça me fait chier, mais je comprends moi non plus je n'ai pas trop envie de prendre le risque de tomber sur des cons d'homophobes. Du coup, je le relance sur mon idée première, le dire à nos parents pour pouvoir avoir au moins un lieu où on n'ait pas besoin de se cacher.
– Tu peux le dire à tes parents si tu veux, moi ça me dérange pas, mais est-ce que t'es sûr à cent pour cent de la réaction qu'ils auront ?
Il en a de bonnes lui évidemment que non, mais en même temps, ces quelques jours m'ont permis de mieux comprendre ce que moi je voulais, j'aime les garçons, et je ne vais pas le cacher à mes parents toute ma vie.
– Non, je ne sais pas, mais je suis certain qu'ils n'ont rien contre les gays. Et toi, les tiens ?
– Je te l'ai déjà dit, moi, c'est hors de question de leur en parler. Mon père c'est un gros con, et ma mère se range toujours à son avis...
Je sens qu'il est embarrassé, qu'il y a autre chose, et qu'il hésite à me le dire. Je ne sais pas trop si je dois l'encourager à parler, du coup je me tais, et un silence gênant s'installe. Il se décide finalement à parler d'une voix un peu hésitante.
– On est plus ou moins... fâchés avec mes parents. Enfin, eux surtout... non, moi aussi d'ailleurs !
Il attend un moment encore avant finalement de reprendre la parole, et moi je commence à me faire un peu de soucis.
– J'ai fait pas mal de conneries dans mon ancien lycée, et il a fallu que mon père utilise ses "relations", comme il dit pour que le proviseur accepte que je termine l'année scolaire. Ça n'a servi à rien car je ne me suis pas présenté aux épreuves du bac.
Là, j'avoue que je ne m'attendais pas à ça.
– Mais pourquoi ?
– Et pourquoi j'y serais allé ? De toute façon, je n'avais rien foutu de l'année... et puis, c'était aussi pour l'emmerder. Mon père était fou lorsqu'il l'a su et il a décidé que comme j'étais majeur, et que je n'en avais rien à faire d'eux, j'allais devoir me débrouiller tout seul. Du coup, mes parents m'ont trouvé un appart, et ils paient le loyer et les charges. J'ai un compte en banque sur lequel ils versent un peu d'argent tous les mois, pour l'essence et la bouffe, et pour le reste, je dois me débrouiller tout seul. C'est pour ça que je bosse dans un resto, certains soirs de la semaine, et de temps en temps les week-ends. Par contre, j'ai pas le droit de louper mon bac une deuxième fois, sinon, mon père a dit qu'il me coupait les vivres.
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