Chapitre 46 (lundi 9 mai 2022)

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– Salut Paulo ! J'ai croisé tes parents dans le hall en bas. Ta mère est toujours aussi adorable et je n'avais jamais vu ton père comme ça. Il m'a dit au moins quatre fois qu'il était fier de toi !

– Salut ! Et ben ça se voit qu'il ne m'a pas vu chialer comme une tapette toute la matinée... euh excuse-moi, c'est pas ce que je voulais dire.

– T'inquiète. C'est ce que je leur ai expliqué, qu'il y aurait surement des hauts et des bas. Sinon, tu en sais plus pour la suite ?

– Oui, normalement d'ici une dizaine de jours je devrais commencer à travailler avec le kiné avec, dans un premier temps, une prothèse temporaire. Il y a aussi un gars de l'armée qui est passé pour finaliser le dossier de prise en charge. Et pour la rééducation, il y a plusieurs solutions mais je leur ai dit que je voulais rester sur Brest. Le plus compliqué et ce qui me fait le plus peur, ça va être la reconversion professionnelle, mais le psy m'a dit de procéder étape par étape, alors pour le moment j'essaie de me concentrer sur la prothèse et les prochaines séances de kinésithérapie.

– C'est cool, je vois que ça avance.

– J'ai aussi parlé du nageur au psy. Il m'a dit que si je le voulais, je pouvais rencontrer des militaires ou d'anciens militaires qui avaient subi ce type de blessure, mais que c'était aussi une excellente idée.

Le visage d'Arthur s'était immédiatement fermé à l'évocation de son ancien petit copain, mais il essaya de rapidement se reprendre. Il ne s'agissait pas de lui, mais du bien-être de son ami, donc si rencontrer Lucas pouvait lui être bénéfique, il n'avait aucun droit de l'en empècher.

– Comme je t'ai expliqué l'autre jour, je n'ai plus aucun contact avec Lucas depuis des années mais c'est, enfin en tout cas c'était quelqu'un de bien, donc je pense qu'il acceptera de discuter avec toi. Par contre, je ne sais pas s'il serait spécialement content de me revoir, mais au final il n'y a pas vraiment de raison que l'on se croise.

Paul regarda son camarade et vit dans son regard toute la tristesse qu'il essayait de lui dissimuler. Arthur, n'avait rien dit de plus le jour où ils avaient regardé ensemble le reportage, mais ils en avaient rediscuté le lendemain. Son ami ne lui avait pas donné beaucoup de détails sur son histoire avec Lucas, et n'avait pas voulu expliquer comment elle s'était terminée. Il était tombé amoureux, comme on peut l'être à dix-huit ans, instantanément, pleinement, de manière instinctive, irréfléchie, sans limite et la séparation avait été insupportable. C'était en grande partie à cause de la douleur causée par l'absence de son petit ami, qu'il s'était engagé. Il avait été en manque et il avait eu besoin d'être pris en charge, assisté, guidé et c'était ce que l'armée lui avait apporté. Et maintenant qu'Arthur allait mieux, qu'il était sur le point de reprendre le cours de sa vie, Paul se demandait s'il avait le droit de l'obliger à replonger dans son passé ? Il hésitait à poursuivre la conversation et c'est finalement son ami qui brisa le silence pesant qui régnait dans la chambre.

– Vas-y, crache le morceau. Quel est le problème ?

– C'est impossible de le joindre. J'ai appelé France télévision et son club de natation. J'ai même téléphoné au siège de la fédération en me faisant passer pour un journaliste. Visiblement, il a donné des consignes : on ne divulgue pas ses coordonnées. J'ai fait des recherches sur internet, j'ai essayé le numéro de toutes les personnes qui habitent la région lyonnaise et qui portent le même nom...

– Et tu t'es dit que comme je le connaissais et que justement je partais sur Lyon demain, peut-être que...

– Je comprendrais très bien que tu ne veuilles pas et je trouverais peut-être une autre solution.

– Honnêtement Paulo, je ne sais pas, mais je te promets que je vais y réfléchir.

Les deux amis continuèrent de discuter pendant une bonne partie de l'après-midi avant qu'Arthur ne rentre pour préparer ses valises. Il devait également remettre un peu d'ordre dans l'appartement de Paulo et son train partait très tôt le lendemain matin. Mais surtout, il avait besoin de se poser un moment pour réfléchir à la situation. Est-ce qu'il pouvait prendre le risque de revoir Lucas, maintenant qu'il allait mieux, et le cas échéant, est-ce que celui-ci accepterait ne serait-ce que de discuter avec lui ?

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