Félicitations aux courageux parvenus jusque-là.

Ce projet, inventer une histoire policière et adopter une écriture plus contemporaine, je l’ai mené avec sérieux, mais sans me prendre au sérieux. J’assume le côté pastiche, série B, cousu de fil blanc, j’avoue avoir ignoré codes du genre. J’entends : « On ne peut se permettre de jouer avec les codes que quand on les maîtrise. » et je réponds : « Oh, du calme, on est sur scribay, on ne vise pas le prix du quai des Orfèvres, on peut s’amuser un peu, non ? »

J’espère que vous vous êtes amusés un peu. Finalement, je m’aperçois que cette histoire a encore été le prétexte à sortir de mon chapeau une nouvelle galerie de personnages qui ont pris le pas sur l’intrigue, comme d’habitude. Que voulez-vous, je m’attache à ce Mehdi aux instincts de justicier, mais aux réflexes de fuyard, à cette Cygne aspirateur à paumés, mais elle-même dure et désabusée, à ce Lestaque au costume trop grand pour lui, qui brusque les gens pour leur cacher son empathie… et aux autres.

J’ai relu tous vos commentaires avec délectation. Je mesure ma chance de bénéficier de votre humour et votre exigence. Je résiste à citer des noms, j’espère que la liste des « suiveurs » n’est pas close. Pour la réécriture, je note :

— Un début déstabilisant : difficile à suivre, décousu, lassant à force de nouveaux personnages à mémoriser. Le parti-pris était de faire découvrir la victime par petites touches, par la voix des futurs héros de l’histoire. Dans ces chapitres, j’ai voulu semer des éléments qui seraient repris ensuite dans l’enquête. Trop long pour certains qui attendaient le meurtre, trop elliptique pour d’autres qui auraient aimé faire le tour de chaque perso dans un chapitre fermé.

J’adorerais avoir vos réflexions là-dessus, avec le recul !

— L’intérêt de l’intrigue : frustration d’avoir trop de suspects vite abandonnés, manque de punch et de réalisme des interrogatoires du commissaire, pas de scène d’action. Là je n’ai rien à répondre, je ne sais pas faire. Même le road trip s’est transformé en une promenade de santé introspective dans mon stylo (au point qu’on m’a suggéré d’envoyer Mehdi dans un platane). Peut-être qu’à la réécriture je pourrais tenter d’insérer un épisode plus haletant, mais où ?

Je considère ce texte comme un squelette d’enquête. Si réécriture sérieuse il y a, il est prévu d’ajouter des chapitres avec les voix de Mehdi et de Cygne, intercalés dans l’investigation de Lestaque. Je reverrai aussi le micmac avec les noms. Je garde vos propositions, de scénarios alternatifs, bien fantaisistes pour la plupart. (Léa casse la tête sa grand-mère, Mehdi a des troubles de la personnalité, il lance un pavé qui s’éclate sur la tête de Maud)

D’autres idées pour le rendre plus pêchu ?

— La fin… ?

J’ai en mémo vos remarques sur les invraisemblances des persos et les incohérences techniques : la porte coupe-feu, les stups dans le tiroir, la téléphonie mobile, les mégots. Je pense que grâce à vos remarques, j’ai résolu au fur et mesure les changements de narrateur et les plus gros problèmes de formulation.

Merci pour tout !

Caro, 9 mars 2020