Un stage en psychiatrie

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Alors que j’ouvris à nouveau les yeux, je vis mes parents à côté de moi, me souriant tout en me serrant les mains.

Ils semblaient soulagés … moi aussi, j’étais soulagé … j’en avais réchappé … enfin, je crois.

De fait, en fermant les yeux, ma mésaventure défila derrière mes paupières et je sentis mon corps entier se crisper.

Au début, tout était normal ; étudiant en soins infirmiers, je venais pour effectuer mon stage de psychiatrie à la clinique de la forêt de Soignes, près de Bruxelles ; un hôpital psychiatrique perdu au milieu de la forêt.

Tout content, j’avais hâte de  commencer ce stage qui m’attirait vraiment depuis le cours qu’on avait reçu l’année précédente. Beaucoup de mes collègues avaient peur de ce stage, moi pas, cela m’attirait. Les mystères de la psyché humaine et la maladie mentale me fascinaient.


Après avoir remonté le long chemin qui m’amenait devant les portes de l’hôpital, c’est un peu fatigué que je sonnai à la porte de l’entrée principale pour me présenter.

Normalement, une navette aurait dû venir me chercher à la gare, mais la standardiste de l’hôpital m’avait confirmé l’absence du chauffeur et ne m’avait pas proposé d’autre alternative que de venir à pied. Après 45 minutes de marche intensive, je n’avais qu’une envie, m’asseoir et souffler un peu.

La porte s’ouvrit et une femme souriante m’accueillit.

-          Ah, jeune homme, vous êtes enfin arrivé !

-          Heu … oui …

-          Vous êtes bien le stagiaire infirmier qui vient pour trois semaines ?

-          Oui, c’est bien ça

-          Et vous logez sur place, non ?

-          C’est exact, j’ai réservé l’une de vos chambres d’étudiant.

-          Oui, vous êtes quatre étudiants alors !  Venez, suivez-moi, vous allez déposer vos affaires puis je vous conduirai dans l’unité de votre stage.

Je l’avais suivi, tout me paraissait serein, calme … trop calme, maintenant je m’en rendais bien compte.

 

Une fois dans l’unité où je devais effectuer mon stage, je fus accueilli par le médecin psychiatre ; un homme grand, chaleureux, qui me mit directement à l’aise. 

Normalement, j’aurais dû être accueilli par Mme Blobe, Infirmière en chef … c’est ce qu’on m’avait précisé à l’école. Visiblement, elle n’était pas présente.

Tout se passait bien, mais je tiquais un peu ; le psychiatre nous gardait tous, les trois autres étudiants et moi, à ses côtés. Nous étions toujours encadrés et escortés par deux grands malabars qui se disaient « soignants ». Personnellement, ils me flanquaient la frousse !

Après trois jours de stage, je n’avais toujours pas vraiment côtoyé de patient … c’était bien pour cela que j’étais là, non ?

Le lendemain, je m’en ouvris au psychiatre qui m’expliqua ;

-          Oh, jeune homme, ne soyez pas si impatient ! Il faut d’abord vous habituer à l’ambiance.

Ok, d’accord … mais bon, cela devenait long … mes collègues étudiants se languissaient aussi ; Marie était là depuis une semaine complète et n’avait toujours pas vu plus que Martin Noémie qui étaient arrivés deux jours avant moi.

Un matin, Marie avait disparu.

L’un des malabars nous indiqua, avec un demi-sourire, « qu’elle avait fini son stage ».

Nous nous sommes regardés, sceptiques, mais nous étions résolu à apprendre quelque chose de ce stage … quoi qu’il nous en coûte ; cet hôpital était réputé et les places en stage très prisées !

Un soir, Martin, Noémie et moi décidâmes de visiter par nous-même cet hôpital. Nous nous étions organisés, Martin avait réussi à subtiliser les clés des unités à l’un des malabars … nous avions le sésame en notre possession !

Armés de lampes de poches, nous découvrîmes les couloirs sombres de l’hôpital. A hauteur d’une unité, Noémie glissa la clé dans la serrure, nous allions enfin nous confronter aux patients …

Il s’agissait encore de ces vieilles unités, avec deux rangées de six lits, un poêle au milieu pour réchauffer l’atmosphère par temps froid … en nous approchant, nous pouvions voir que la plupart des patientes de cette chambre commune étaient attachées à leur lit ; ces femmes étaient entravées ; poignets et chevilles reliées au lit.

Je m’approchais doucement et prit le temps de consulter le bracelet d’identification de la patiente la plus proche et mon sang se glaça lorsque je finis par décrypter l’écriture fébrile qui avait noté le nom de la patiente : « Rosalie Blobe », et juste en dessous, souligné deux fois « infirmière ».

Je fis discrètement signe à mes collègues qui me rejoignirent. A  leurs têtes horrifiées,  je compris qu’ils avaient fait le même constat que moi … Notre maitre de stage se retrouvait parmi les patientes entravées !

Noémie dégluti difficilement puis murmura,

-          Je crois qu’il y a encore pire les gars …

-          Quoi ? Demanda Martin.

-          Je … je crois que Marie est là aussi …

-          Quoi ?! M’écriai-je.

Je sentais mon cœur battre dans mes tempes. Tentant de me ressaisir, je leur proposais,

-          Allons vérifier … il faut être sûr ! Personnellement, je ne connais pas la tête de Mme Blobe, et vous ?

Les deux hochèrent négativement la tête, la crainte se lisait sur leurs visages livides.

De fait, à côté du lit qu’avait repéré Noémie, nous furent tous trois pris de nausées, Martin vomit même tellement la scène était insoutenable ; Marie gisait bien sur le lit ; de légères traces de sang étaient visibles aux coins de ses yeux … elle avait visiblement subi une lobotomie trans-orbitale.

C’était récent, des hématomes grossissaient encore et tuméfiaient son visage naguère souriant. Noémie lui serra la main, Marie … ou ce qui restait d’elle réagit en ouvrant les yeux. Elle regarda vers nous puis ouvrit la bouche, comme pour parler … ce que nous découvrîmes alors fut encore plus horrible ; sa langue avait été tranchée dans le sens de la longueur, comme celle d’un serpent.

Il lui était impossible d’articuler le moindre mot … le cri qu’elle lança alors nous déchira l’âme. 

Passé ce moment d’horreur, chacun de nous trois comprit qu’il fallait au plus vite sortir de cet endroit.  Après avoir promis à Marie de revenir avec des secours, nous nous  mîmes à courir dans les couloirs vers la sortie, vers la liberté, vers les secours qu’il fallait faire venir.

Soudain, je fus plaqué au sol, Martin fut rattrapé aussi ; l’un des malabars était sur lui. Celui qui m’avait attrapé me retenait les bras en arrière tout en me ligotant. Au loin, je voyais Noémie qui continuait à courir. Je priais pour qu’elle arrive à retrouver le chemin de la sortie, dans le noir, au milieu de la forêt. Puis tout s’éteignit, le malabar m’avait donné un coup  sur la tête.

 

Lorsque je me réveillai, un mal de crâne intense m’assaillit et me rappela l’impact du coup que j’avais reçu sur le crâne.

Doucement, je tentai de tourner la tête vers la gauche, où j’entendais un peu de bruit. Martin se trouvait, lui aussi, attaché au lit sur lequel il était étendu.

J’entendais aussi un bruit de pas à proximité. Je finis par tourner la tête vers l’endroit d’où venait le bruit et vis le psychiatre qui me détaillait avec un air fâché. Dès qu’il vit que je le regardais, il s’exclama,

-          Et bien jeune homme, je vous avais pourtant dit de rester là où je vous avais autorisé l’accès !

Il continua, comme pour lui-même,

-          Quel gâchis ! Un bon garde, il aurait été un bon garde … mais un garde, ce doit être docile et obéissant.

Il se retourna ver s moi et me dit,

-          Voilà à quoi vous me forcez !

Il brandit vers moi une longue aiguille …comme celles que j’avais vues dans les musées, celles dont on se servait d’antan pour effectuer les lobotomies trans-orbitales.  Mon sang se glaça et j’entendis Martin hurler « non ».

Le psychiatre … ou, celui qui se disait psychiatre … l’interpella,

-          Oh, vous aussi jeune homme, vous avez aussi désobéi … maintenant, il va falloir assumer votre vilain défaut de curiosité …

Il éclata d’un rire de dément qui s’arrêta brusquement lorsque l’un des malabars vint près de lui un peu penaud. Il s’approcha du psychiatre et lui murmura quelque chose à l’oreille en se frottant les mains comme un gamin prit en flagrant délit de chapardage de bonbons.

Le psychiatre hurla ;

-          Espèce d’imbécile, retiens-les, comme je t’ai appris, tue-les s’il le faut ! Ils ne doivent pas te prendre vivant, sinon ils te mettront en cage !

Il s’approcha de mon lit avec un scalpel qu’il avait pris sur le plateau placé juste à côté et me dit ;

-          Je ferai vite, vous n’aurez pas mal jeune homme.

Comme je lui demandais timidement pourquoi il faisait ça, tout en le suppliant de me laisser la vie sauve, il me dit, très sérieusement,

-          Je ne dois pas laisser de survivant, l’Ordre de l’Ombre Cosmique me l’a toujours bien expliqué !  Seules les personnes que j’ai opérées avec les divines aiguilles ont accès aux portes de l’Ombre Cosmique. Hélas, pour vous, je n’aurais pas le temps de vous préparer pour cette initiation …

Il soupira, triste. En chuchotant, alors qu’il tentait de palper la carotide dans mon cou, je lui demandais,

-          Et la langue  coupée, c’est pourquoi ?

Il sourit, suspendit son geste et me dit,

-          Mais … tu ne les vois pas ? Les membres de l’Ordre sont tous comme cela, c’est leur signe distinctif.

Il regarda devant lui, dans le vide et sourit à quelque chose qui  n’existait pas …

Je fermais les yeux, … j’allais mourir, au sein même de ce qui m’avait toujours fasciné … la maladie mentale.

Il plaça des compresses sur le visage … au loin, je l’entendais me dire,

-          Ils veulent que je sois doux avec toi, tu vas dormir pendant que je te tuerai …

Je perdis connaissance …

Horreurdéfi psychiatrie
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Un stage en psychiatrieChapitre18 messages | 8 ans

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