Samedi 13 mars 00h03
Alors, dites-moi. Assez parlé, c'est à mon tour d'écouter. Le bruit des voitures car j'habite sous la rue. L'ombre du bas des jambes qui foulent le trottoire et les paroles qui les accompagnent. Tantôt une dame au téléphone, tantôt de jeunes gens ivres s'égosillant à tue-tête, ou ncore de braves touristes entrainant un bagage sonore dans leurs pas. Sur ces maigres fenêtres opacifiées se déploient tout de même des silhouettes d'oiseaux noirs. C'est inutile, car il n'y a pas de volatiles dans cette rue, seulement des goélans qui ne descendent pas plus bas que la tête des lampadaires. Du reste, le frigo est calme, les voisins semblent être absents. Il reste les pieds froid, le cuire chevelu qui fabrique des pellicules et que mes ongles vont automatiquement les gratouiller. Une tisane tiède, des papiers éparpillés sur la table basse. Celui du dessus comporte une liste d'actions à réaliser. Le genre de note que je prends le temps de fabriquer mais pas de relire. Une nappe ne se plaind pas mais qu'il faudrait secouer, de la médecine en gélules, un chargeur débranché, une gourde d'eau froide, une pièce de monnaie qui ne vaut rien toute seule... Un klaxon a retenti à présent. Les plantes ont la mine rabougrie, c'est dommage. Mes peintures, quoi qu'elles attendent d'être vendues, ont fière allure dans cette pièce. Elles tapissent le mur telles des fenêtres ouvertes sur des mondes paisibles et colorés. Cela me fait remarquer que lorsque j'écris, j'aime exposer tout : ce qui est fantastique aussi bien que ce qui est vécu comme désagréable, malaisant. Au contraire, par le medium du pinceau et des couleurs, je ne souhaite représenter que l'hamonie, la nature, la beauté, l'espace. Pourquoi cette différence ? Je ne me verrais pas peindre ce qui est désagréable ou écrire uniquement sur ce qui est beau et bon. À l'heure qu'il est, ceci est un constat sans réponse.
Demain, j'ai besoin de mettre un réveil. Je ne m'endors pas de la meme facon lorsque je n'en met pas.
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