Un simple sourire (empathie)

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Lorsque je l’ai croisée, elle se déplaçait lentement avec son homme, à l’image de ces vieux couples se se soutenant l’un l’autre sur le bout de chemin qui leur reste à vivre. Ces tandems auxquels beaucoup d’entre nous voudraient ressembler un jour. Nous étions dans un village perdu en Occitanie, un lieu atteignant péniblement les trente habitants pendant la belle saison. Ils trabersaient l'une des rues du village et je revenais d'une promenade avec mon chien. Elle m’a saluée comme il est de coutume là-bas. Tout en elle exprimait la douceur. Sa voix calme et de faible intensité était parfaitement audible. Ses vêtements, intemporels, faisaient d’elle la parfaite représentation de la paysanne du pays Cathare. Elle semblait me reconnaitre et elle avait envie de parler. Pourtant, j'avais fui cet endroit depuis cinq ans. Je lui aurais donné vingt ans de plus que moi. J’avais probablement peu interagi avec elle par le passé. Elle avait peut-être une meilleure mémoire visuelle que moi, ou elle avait simplement retenu le visage d’une de leurs rares touristes. En me parlant, elle me fixait de ses yeux pâles et, au son de sa voix, je l’imaginais de santé fragile. Elle avait la chance d’avoir atteint cet âge où l’on ne se prend plus la tête pour des futilités. Elle devait se dire qu’elle avait la chance de pouvoir passer sa retraite dans son village natal avec son bien-aimé. Elle semblait heureuse, libre des tracas de la vie professionnelle.

Le jour suivant, j’ai rencontré celui qui prétendait être son beau-frère. Il la qualifia de “simplette” et sous l’emprise d’un arnaqueur. Il ne supportait plus cette belle-sœur téléphonant sans cesse à son épouse pour se plaindre des dépenses de son compagnon. J’ai appris qu’elle vivait en ville avant de mettre son habitation en location et de rentrer s’installer dans l’ancienne maison de ses parents. Elle serait sous emprise, incapable de se libérer de ce beau parleur. À moins qu’elle n’ait été simplement désireuse de ne plus vivre seule. Je n’aime pas être intrusive et je n’ai pas voulu m’attarder sur ces ragots de village, là où la principale attraction est de disséquer la vie de ses voisins. Je continue à croire qu’il a exagéré, que pour vivre toute l’année dans cet Éhpad à ciel ouvert, ce personnage devait sincèrement aimer sa compagne.

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