05 - Wiz-kid (Partie 01)

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 Washington, le 18 avril 2046


    La maison blanche avait été détruite par les forces de la résistance de l’amour lors de la guerre de l’eugénisme en 2034. Les états d’Amérique et d’Europe avaient fait place à la puissante fédération du Nord qui s’était comme ses prédécesseurs retranchée derrière le mur du Sud, l’étendant sur l’ancien continent de la France à la chine. L’habitat du président des États-Unis d’Amérique avait été réédifié pour devenir le siège de cette nouvelle fédération.

    Le maître mot qui avait conduit la reconstruction de ce bâtiment était « transparence ». L’objectif était de démontrer que dorénavant les décisions d’état devaient être prises au grand jour. L’architecture néoclassique du palais de cristal dessinée par Daimon Forster faisait la part belle aux surfaces vitrées permettant aux citoyens de la Fednord d’observer à l’œil nu le mouvement des rouages de l’état. Chaque amphithéâtre, salle de réunion ou bureaux, devait être visible au grand public garantissant ainsi que les élites ne comploteraient plus jamais contre leur propre population.

    Mais les habitants de la fédération du Nord ne savent pas qu’enterrés sous le palais de cristal se trouvent encore certains sous-sols de l’ancienne maison blanche datant de 1948 et 1961. C’est dans l’une des pièces de cet abri antiaérien qu’une réunion a lieu entre Victoria Grindberg Lane, la présidente de la Fédération du Nord et un mystérieux inconnu.

    Victoria est une quarantenaire, possédant les attraits physiques d'une jeunesse presque  indécente pour une femme de son age. Un visage harmonieux rehaussés de cheveux noir soyeux, des yeux couleur d'azur et une stature mince et sculpturale complètent le tableau que certaines mauvaises langues disent peint par la chirurgie esthétique. D'autre pensent tout bas que l'optimisation est passée par là. Mais accuser un Grindberg d'un tel crime est tout bonnement impensable.    

    — Ainsi donc, nous nous rencontrons enfin. Dis le chef d’État en observant attentivement son interlocuteur. C’est un homme à la stature athlétique aux cheveux bruns et au regard perçant.

    Je ne sais pas qui tu es, mais les services secrets ne vont pas tarder à le savoir. Ça devrait modifier le rapport de force entre nous, pense-t-elle.    

    — J’aurais préféré éviter ce moment, mais il semble que vous ayez aujourd’hui un problème que vous ne pouvez résoudre seule.

    — A priori, rien qui remette en cause le programme, je vous rassure. Mais les responsabilités qui m’incombent m’empêchent de négliger les implications générées par certains incidents.

    — Vous ne pouvez pas savoir à quel point je connais l’étendue des compromis nécessaires à conservation du pouvoir. Je suis au courant de ce que vous évoquez lorsque vous utilisez le mot « responsabilité ». Croyez-moi ou non, mais c’est un art que j’ai pratiqué il y a bien longtemps. Et puis j’ai endossé de véritables responsabilités. Je me suis rendu compte que celles-ci ne supportent, en fait, aucun compromis.

    — Vous ne devriez pas être aussi intransigeant. Comment allons-nous pouvoir négocier ?

    — Pourquoi avez-vous demandé à me rencontrer ?

    — Je vois que les politesses d’usage sont déjà finies. Moi qui pensais que nous allions passer quelques minutes ensemble pour mieux nous apprécier.

    — Vous n’avez nul besoin de me connaître. Le temps a pour moi une importance toute particulière. Je ne peux pas me permettre de le perdre pour de vains badinages.

    — Puis-je vous rappeler qu’en tant que présidente de la fédération du Nord, je suis responsable du destin des deux tiers de l’humanité. S’il est quelqu’un dont le temps est précieux dans cette pièce...

    — Je pensais qu’une femme de votre intelligence et de votre sensibilité éviterait de se compromettre dans un concours d’ego digne de jeunes garçons se comparant dans une cour d’école. Dois-je vraiment vous démontrer que la mienne est la plus longue ?

    — Non, excusez-moi. Je ne voulais pas vous froisser. Vous avez raison, entrons dans le vif du sujet...

    La présidente regarde son interlocuteur pendant quelques instants ne sachant pas visiblement comment poursuivre la conversation. Celui-ci penche doucement la tête sur le côté pour l’inviter à continuer.

    — Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, le programme n’est pas en danger, mais il semble que le premier de vos protégés ne puisse pas en bénéficier.

    — Comment cela ?

    — Lors de son extraction, un incident regrettable a causé la mort d’un policier du Xwat. Le jeune Amir a utilisé un brouilleur pour immobiliser l’armure exosquelette du caporal Paul Gendry. Lancé à haute vélocité à la poursuite de l’adolescent, il s’est écrasé contre un véhicule, y perdant la vie.

    — Un membre du Xwat ? Qui a eu l’idée stupide d’envoyer l’antiterrorisme discuter avec un garçon de quinze ans ?

    — Les zones d’urgence sont des endroits dangereux pour les forces de l’ordre. Réaliser une extraction à New Fontainebleau n’est pas une chose aisée. Vu l’importance stratégique de la cible, le département de police ne voulait rien laisser au hasard. Bien sûr, ils ne pouvaient pas savoir qu’Amir Mballa était lui-même un terroriste islamiste.

    — Voyons, vous n’allez pas me ressortir cette vieille rengaine du début du siècle. Les musulmans n’ont rien à voir dans l’histoire. Vous savez comme moi qu’à l’époque, le terrorisme civil était déjà dû à l'exclusion, la misère et le chômage, pas a une pseudo croyance dévoyée à des fins politiques. Il est évident que les policiers du Xwat sont payés pour voir des terroristes partout.

    — Certes, j’en conviens. Néanmoins, un policier est mort. Les forces de l’ordre réclament une sanction exemplaire. Si nous laissons ce crime impuni, les policiers ne seront plus en sécurité dans les rues.

    — Je comprends votre problème. Mais vous allez devoir vous arranger pour innocenter ce jeune homme de toutes les charges qui pèsent contre lui.

    — Mais comment vais-je réaliser ce miracle ?

    — Voyons, vous savez que vous disposez de ressources aptes à concrétiser ce type d’intervention magique au sein de votre service de renseignement. Il vous suffit d’invoquer une raison d’État aussi confidentielle qu’impérative.

    — Mais pour quelle motivation ferais-je entrer en jeu les services secrets pour sauver la tête d’un traîne-savates du ghetto ?

    — Il est indispensable pour le programme Wiz-kid. Je dirais même que ce programme a été créé spécialement pour lui. En 2034, notre monde est passé à deux doigts de l’extinction parce que l’homme a tenté d’être l’égal de dieu. Votre frère est intervenu pour nous sauver tous de cette catastrophe. C’est parce que vous portez son nom que vous avez été élue. Bien entendu, c’est aussi parce que la population ignore que Xavier Grindberg était optimisé. Ai-je besoin d’en dire plus pour vous convaincre ?

    — Si, vous m’exposez aux foudres du conseil de l’éthique, vous allez perdre avec moi votre meilleur appui politique. Je ne crois pas que…

    — La politique m’importe peu. Les objectifs que je poursuis ne s’embarrassent pas d’idéologies dépassées. Votre adversaire pourrait, tout aussi bien, me servir. Si je vous ai choisi, c’est par respect pour votre frère.

    — Mais les conservateurs ont voté contre votre projet…

    — Et l’adouberaient sans aucun doute si je mettais Victor Gardant à votre place. Victoria, je vous ai demandé bien peu de choses en échange de mes services. Vous pouvez diriger cette fédération comme vous l’entendez et n’avez aucun compte à me rendre concernant la façon dont vous gouvernez. Tout ce que je requiers c’est de mener le programme Wiz-kid selon les conditions que j’ai définies. Vous savez comme moi quel mal ronge l’humanité et Wiz-kid est exactement le médicament qui va la guérir...

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