Chapitre Quinze : Introspection écrit par Coline Deliège
Chapitre Quinze : Introspection écrit par Coline Deliège
Avant-propos: Je voulais remercier Florian Pierrel Officiel de m'avoir proposé ce défi pour le moins risqué pour une jeune auteur comme moi. Pour mieux comprendre le récit ci-dessous, je vous conseille de lire les quatorze premiers chapitres de Couleurs de l'Humanité.
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En rentrant chez elle, Stella se sentit mal. Elle avait vu les corps de ceux qui n'avaient pas supporté le vaccin et qui en avaient subi les conséquences en perdant la vie. Ce vaccin était-il si efficace ou n'était-ce pas en énième mensonge inventé par les autorités ? Ça lui faisait penser aux balivernes balancées par les dictateurs avant de détruire une partie de la population de leur propre pays, à l'instar d'Hitler et de Staline. On est très loin des visions idéalistes des amoureux des arbres d'Amazonie et du Roi des Caraïbes qu'elle avait rencontrés lors de ses premiers voyages en tant que journaliste.
Stella repensa aux Juifs exterminés pour leur religion durant la Seconde Guerre mondiale, aux opposants russes de Staline envoyés dans les goulags de Sibérie, aux migrants au Qatar qui se tuaient à construire les stades et les hôtels pour la Coupe du monde de football. Puis aux Brésiliens qui se mentaient à eux-mêmes, plongeant de plus en plus loin dans la haine pour éviter d’affronter les problèmes de pauvreté qui gangrenaient leur pays. Des mensonges, encore et toujours.
Son métier de journaliste n’était-il pas de montrer au monde la vérité ? Si. Pourtant, M. Xai l’avait censurée dès son premier article. Ironiquement, elle pensa à comment mieux contrôler les gens et à les pousser dans les extrêmes ? Simplement en leur montrant des choses simples et faciles, exigeant peu de réflexion et d’esprit critique. C’est ainsi que la plupart des dictateurs sont montés au pouvoir et que les extrémistes reviennent encore et encore dans les débats. Quand M. Xai l'avait muselée, elle s'était sentie trahie et impuissante. Et quand elle a vu la toute-puissance des plus riches qui exploitent la planète comme si ce n’était pas grave et que ça ne les toucherait jamais, elle s'est sentie perdue et encore plus désarmée, prise au piège dans une situation inextricable.
Elle avait besoin de prendre du recul. Et maintenant qu’elle a été vaccinée, elle pouvait à nouveau voyager. Mais où aller ? Où trouver un lieu qui lui permettrait de se retrouver sans pour autant retourner là où elle s’était déjà rendue.
Le continent américain était exclus, elle avait déjà visité la partie centrale et Sud et le Nord n’était pas très indiqué pour avoir le recul dont elle avait besoin. L’Afrique ? Non. Elle ne pourrait pas supporter encore plus de misère sans tomber dans le militantisme, elle était journaliste et non Sœur Theresa. Pas pour l’instant en tout cas, elle ne se sentait pas prête pour ça.
L’Extrême-Orient ? Pourquoi pas ? Pas en Chine ou en Corée du Nord, ces deux États sont parmi les plus manipulateurs et dictatoriaux du monde moderne, mais rien ne l’empêche d’aller au Japon. Après tout, c’est un haut lieu de spiritualité et le parfais mélange entre la modernité et leur passé. Sans attendre, elle fit sa valise et acheta un billet d’avion pour le Pays du Soleil levant. Elle contacta aussi son rédacteur qui lui donna la permission d’y aller et lui demanda en passant un article sur l’impact du nucléaire sur la vie des habitants de Hiroshima et de Fukushima.
Durant le très long trajet, Stella se mit à écrire pour passer le temps et mettre ses idées au clair. Elle avait besoin de transposer sur le papier ses sentiments et de revenir sur ce qu'elle avait vu et vécu au cours de ses pérégrinations.
Longs mois d’un hiver perpétuel
Nature détruite par l’Homme avare
Où et quand s’est-il perdu ?
Avenir, mensonges perpétuels
Ou passé resté trop avare ?
Homme détourné toujours perdu
Nature sacrifiée
Par l’Homme dévoyé
Perdus passé et avenir
Ou mensonges enfin dévoilés ?
Pandémie méritée ou héritée
Douce vengeance naturelle
Stella écrivit sans se rendre compte que l’avion s’était posé pour l’escale et avait redécollé vers le Japon, elle s’était perdue dans ses pensées et son introspection nécessaire après avoir vu les tourments de l’Amazonie, la pauvreté et l’égoïsme des Brésiliens et des skieuses en Suisse et la preuve des mensonges de la société occidentale cupide et trop refermée sur elle-même que pour aller à la rencontre l’Autre et lui venir en secours.
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