Chapitre 37

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Amy Stroup – « A New Life »

Les poussières volaient dans les rayons de lumière colorés. Les flammes des cierges dansaient harmonieusement sur leurs mèches. Le Christ dormait sur sa croix, non loin de la Vierge Marie. Les bancs étaient vides, attendant l’heure de la messe pour supporter les nombreux postérieurs qui les feront grincer.

Caressant le piano du bout des doigts, Avril formula ses adieux en silence, au fond de sa boîte crânienne. Elle toucha délicatement chaque touche de l’instrument en se remémorant le son qu’elle produisait avant de fermer doucement le clavier. Elle traversa l’allée, respirant profondément le parfum de l’église tandis que ses chaussures claquaient sur le sol. Elle se retourna une derrière fois avant de sortir dans la rue pour rejoindre ses amis dans le van noir.

Leurs bagages s’entassaient à l’arrière, offrant à Bidouille de nombreux coussins sur lesquels s’allonger. Avril avait récupéré quelques affaires dans sa maison avant de fermer une dernière fois la porte à clefs. Les murs du placard avaient été dénudés de leur décoration, désormais enfermées dans un sac. La maison aux lanternes avait été vidée, devenant de nouveau inhabitée.

Durant sa dernière nuit entre ces murs, Avril avait de nouveau fait ce rêve étrange. Le noir complet. Des bruits de pas. Une silhouette au loin. Elle s’était retrouvée face à son propre visage. Mais il n’y eu pas d’armes, pas d’urgence. Elle avait enlacé son double avant de se réveiller.

Au moment du départ, ils avaient déposé les petits trésors de Ronan sur le rebord de la véranda, comme s’il allait revenir le lendemain pour les observer et en laisser de nouveaux.

— Prête ? demanda Tim alors qu’Avril attachait sa ceinture.

— Oui. Tu peux rouler doucement ?

Tim démarra et avança lentement dans les rues, laissant le temps à Avril d’observer chaque bâtiment, chaque personne. Les décorations de Noël ornaient les commerces. Des Pères Noël étaient suspendus aux maisons, attendant le réveillon pour pénétrer dans les foyers et déposer les cadeaux au pied du sapin. Les habitants marchaient sur les trottoirs, indifférents au fourgon qui traversait pour la dernière fois la petite ville. Les pavés irréguliers du centre-ville furent remplacés par une route lisse, les maisons s’effacèrent, laissant la place aux arbres dépourvus de feuillage. Ils dépassèrent le panneau annonçant la sortie du village et la maison aux lanternes, masquée par les arbres.

Tandis qu’ils poursuivaient leur chemin, Avril songea à l’exemplaire du Petit Prince rangé au fond du van, avec Renard que le capitaine Renard lui avait discrètement rendu. Elle posa sa main sur le levier de vitesse, recouvrant celle de Tim. Alors que le paysage défilait sous ses yeux, que le village s’éloignait un peu plus, les mots qu’elle connaissait tant lui revinrent en mémoire.

« Et, s’il vous arrive de passer par là, je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l’étoile ! Si alors un enfant vient à vous, s’il rit, s’il a des cheveux d’or, s’il ne répond pas quand on l’interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils ! Ne me laissez pas tellement triste : écrivez-moi vite qu’il est revenu… »

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