L'homme au visage anguleux relève son doigt, relâchant ainsi la pression qui avait enfoncé le bouton du petit boîtier numérique, sur la table. A l'écran, juste devant lui, le point qui se déplaçait à vive allure s'est arrêté. Il vient de tomber par terre, inanimé.

   La femme en tailleur qui se tient très droite, rigide même, dans la pièce avec lui, a l'air préoccupée. Son employé, lui, est plutôt contrarié. Contrarié et déçu. Il est tout de même le chef de ce projet, et il a échoué : il sera tenu pour responsable. Il commence :

— Je ne comprends pas. J'ai été étonné quand il a défié mon autorité, mais je suis choqué qu'il ait osé aller jusque là. Il n'aurait pas dû. Il n'aurait pas dû perdre espoir.

— Vous vous êtes trop concentré sur HOPE2.0, qui n'était qu'un outil, jusqu'à oublier quel était le véritable sujet d'étude. Celui-ci, vous l'avez négligé, vous n'avez pas été assez attentif, c'est un fait. Cependant, tout n'est pas de votre faute. Le problème vient aussi de cet androïde, explique la supérieure.

— Bien sûr, madame. HOPE3.0 est défectueux. Ce prototype n'a pas atteint la perfection : il est trop humain.